(contenu abonné) La fintech Spayr veut aider les Français à reprendre la main sur leur budget. Pour ses trois cofondateurs, un tel objectif ne pouvait être rempli qu’en suivant les directives d’une entreprise à mission. Les contraintes d’un tel statut sont réelles, mais les associés ne regrettent pas leur choix.
En France, le cap des 1000 entreprises à mission a été franchi en 2022. Et la start-up Spayr est l’une d’entre elles. Lors de sa création il y a deux ans dans le Morbihan, il était évident pour ses trois cofondateurs (Louis Ajacques, Paul Riché et Pierre Olive) de contribuer à un impact sociétal positif. « Je n’aurais pas pu créer Spayr sans ce statut d’entreprise à mission. Nous sommes entrepreneurs pour développer des innovations, mais aussi pour changer les choses, partage Louis Ajacques. C’était essentiel d’avoir une raison de se lever le matin, ce qui, dans les moments compliqués, nous aide aussi à avancer… ».
Le business de Spayr ? Proposer une application qui permet le versement d’acompte de salaire. Et permettre ainsi à la raison d’être de la start-up de prendre forme, à savoir : développer la résilience financière des Français. « Nous sommes partis du constat que la situation financière d’une partie de la population est précaire avec à la fois des problématiques de fins de mois et des difficultés à gérer son budget de manière générale », souligne Louis Ajacques.
Aussi, l’objectif de Spayr est triple : faciliter l’accès à l’éducation financière (notamment via des parcours d’accompagnements bancaires), sensibiliser les entreprises au sujet du bien-être financier, renforcer leur politique sociale. « Créer une entreprise sous statut à mission, cela entraine forcément des contraintes supplémentaires. On nous a bien mis en garde sur les implications que cela pouvait engendrer, poursuit le cofondateur. Nous sommes audités sur nos objectifs (un audit que nous devons d’ailleurs financer), pour montrer que nos actions au quotidien restent en lien avec notre mission. »
Une « boussole » stratégique
Spayr compte 12 collaborateurs : les contraintes restent donc relativement souples. Comme l’entreprise est jeune, le premier audit est réalisé au bout de 18 mois, puis les suivants ont lieu tous les ans. A chaque audit, l’entreprise doit débourser entre 3 000 et 5 000 euros et les dirigeants doivent « bricoler » : sans accompagnement, à eux de réunir les informations et données attendues.
Pour autant, Louis Ajacques, qui est désigné « référent mission », ne regrette pas son choix : « Toutes nos décisions stratégiques sont en lien avec ces objectifs-là. Cela nous donne une direction, une boussole, au jour le jour. » Et cela séduit les nouvelles recrues ! 40 000 utilisateurs utilisent actuellement la solution Spayr.
La start-up espère dépasser le chiffre de 100 000 utilisateurs d’ici la fin de l’année. Une croissance qui suppose donc de recruter. « Beaucoup de jeunes candidats cherchent à avoir un impact. Etre entreprise à mission a des répercussions positives sur eux ! », soutient Louis Ajacques. Son conseil aux entrepreneurs qui veulent franchir le pas ? « Il ne faut pas avoir peur des contraintes d’un tel statut et ne pas hésiter à échanger avec d’autres sociétés à mission. » Selon lui, plus il y aura de sociétés à mission, plus la société en général ira dans le bon sens. Vivement le prochain cap des 2 000 entreprises à mission françaises !