(contenu abonné) La PME s’évertue depuis 7 ans à proposer des cornichons made in France. Pour cela, elle s’est constituée un réseau d’agriculteurs partenaires qu’elle soutient financièrement, tout en recherchant les innovations qui l’aideront à mieux développer cette filière.
Il est petit, un peu fripé et il se prénomme Hugo. Ce dernier-né ravit ses créateurs de sa belle couleur verte. Car Hugo est un cornichon. Mais pas n’importe lequel : un cornichon made in France.
Que le cornichon soit un produit qui fleure bon le terroir français n’est qu’une légende : depuis les années 90, ce fruit est essentiellement produit en Inde ou en Chine. Pour le faire revenir dans l’Hexagone, il faut compter sur la démarche de la PME Reitzel France. Cette filiale de 140 collaborateurs du groupe Reitzel s’est lancée dans un projet d’envergure : recréer de toutes pièces la filière du cornichon tricolore… à travers notamment sa marque Hugo. « Notre idée a commencé à germer en 2010 mais elle n’a finalement vu le jour qu’en 2016, se souvient Sana Hammami, directrice générale de Reitzel France. Cela demandait de la préparation. Nous nous demandions : serions-nous capables de relancer cette filière ? Trouverions-nous des agriculteurs qui nous suivraient ? Si oui, comment faire pour les accompagner ? C’est pour cela que nous avons intégré dans notre structure deux ingénieurs agronomes, car la production du cornichon est très technique ! »
Une juste rémunération des agriculteurs
Le petit vert a en effet de quoi être capricieux : il ne grandit qu’entre 15 et 35 degrés. De plus, il peut faire des poussées de croissance extrêmes et voir sa taille doubler en une seule nuit. Aussi, pour que la production et la récolte se passent au mieux, Reitzel veille non seulement à accompagner ses agriculteurs, mais elle suit aussi de près chaque innovation. Par ailleurs, l’entreprise s’est engagée à soutenir ses agriculteurs partenaires en leur proposant une juste rémunération. « Dès le début de notre démarche, nous voulions sécuriser les agriculteurs, même si cela n’était pas rentable pour Reitzel, confirme Sana Hammami. C’est pour cela que nous avons mis en place une assurance agricole en cas de perte liée aux conditions météorologiques, que nous révisons les prix chaque année en fonction notamment de l’inflation et que nous nous engageons à prendre tous les calibres, soit l’intégralité de la récolte. Si le calibre ne correspond pas aux standards du marché, alors notre pôle R&D travaille le produit à travers de nouvelles recettes, de nouvelles découpes. En ce moment, il étudie même la faisabilité d’une sauce ou de chips… » 70 % de la production de Reitzel est en effet vendue en retail, 30 % en food service, soit en B to B.
Une entreprise labellisée
Et le pari est plutôt réussi ! La PME est passée de deux partenaires agriculteurs en 2016 à 26 aujourd’hui. Soit 48 hectares dédiés à la culture du cornichon français, principalement dans la Sarthe et le Loir-et-Cher. En 2022, 780 tonnes de cornichons sont sorties de terre (contre 54 en 2016) et Reitzel a conditionné près de 1,9 million de bocaux. Ces derniers témoignent aussi de la démarche RSE de l’entreprise, labellisée PME + par la Feef en avril 2023. Reitzel travaille en effet au retrait des puisettes plastique de ses bocaux et souhaite mieux informer les consommateurs quant à l’origine des matières premières. C’est pourquoi le caractère made in France est mis en avant sur les packagings. « Il faut davantage de transparence, insiste Sana Hammami. Lorsque nous nous sommes lancés, notre objectif était de couvrir 10 % du marché français. C’était très ambitieux mais nous continuons à y croire. Aujourd’hui, nous sommes à mi-chemin… » Reste désormais à faire savoir à la France entière (et pourquoi pas au monde) que le cornichon français est bel et bien né !