12/02/2024

Temps de lecture : 3 min

Comment Vedettes de Paris décarbone le tourisme fluvial

(contenu abonné) Transformer sa flotte de bateaux thermiques en électriques ? Vedettes de Paris a relevé le défi avec un premier navire, contribuant ainsi à décarbonner le tourisme fluvial...

(contenu abonné) Transformer sa flotte de bateaux thermiques en électriques ? Vedettes de Paris a relevé le défi avec un premier navire, contribuant ainsi à décarbonner le tourisme fluvial. De l’hydrodynamisme à l’autonomie des bateaux, le projet a pu se concrétiser grâce à l’association de nombreux partenaires.

Ecouter le doux clapotis de l’eau en plein cœur de Paris ? C’est désormais possible, grâce à Vedettes de Paris, l’une des principales compagnies de bateaux-mouches de la capitale. Celle qui se présente comme une « PME familiale » (100 collaborateurs, 16 millions d’euros de chiffre d’affaires) crée l’événement avec la mise en navigation du premier bateau-mouche électrique. Une innovation qu’elle garantit « sans bruit, ni odeur de gasoil ». Et la promesse est tenue : le bateau glisse sur l’eau dans un silence absolu. A trois mois des Jeux Olympiques de Paris, la décarbonation progressive des flottes est une bonne nouvelle. Pourtant, cela fait de nombreuses années que Vedettes de Paris y réfléchit. « Nous avions déjà eu de petits bateaux électriques sur les canaux de Paris qui nous ont permis de forger une première expérience, se souvient Vincent Delteil, directeur général adjoint en charge de l’innovation. Nous avions un foisonnement d’idées, mais pas de réalisations pratiques… » En tout cas, rien qui ne puisse s’adapter à la flotte actuelle de Vedettes de Paris composée de 5 navires, de 250 places en moyenne. « A la fin des années 2010, quand la technologie a vraiment évolué, nous nous sommes dit que nous pouvions faire quelque chose », glisse Vincent Delteil. C’est à cette même époque que l’entreprise réalise son premier bilan carbone et le constat est sans appel : 50 % des émissions de gaz à effet de serre sont liées à la propulsion de la flotte.

La question de l’autonomie

Pour décarbonner, il faut électrifier, et plus précisément « rétrofiter », soit transformer les bateaux existants, thermiques, en bateaux électriques. Oui, mais comment faire en sorte que ces bateaux continuent de flotter avec le poids des batteries ? Comment s’assurer aussi qu’ils avancent ? Et qu’ils aient un minimum d’autonomie ? Un plein de gasoil ou de GPL permettait aux navires de tenir 10 jours. Une recharge en électricité permet tout juste six heures de croisière, sachant que chaque bateau navigue, au plus fort de l’activité touristique, de 10 heures à 1 heure du matin. Pour répondre à toutes ces problématiques, Vedettes de Paris a réuni un consortium de partenaires, chacun dédié à une problématique. Le premier ? Le bureau d’études navales Ship ST pour réfléchir sur la propulsion du bateau. «Avec Ship ST, nous avons commencé par modéliser la Seine et les coques. Nous avons réalisé des mois d’études d’hydrodynamisme, pour aboutir à un bateau qui offre peu de résistance à l’avancement. Ceci dans le but de diminuer la puissance des moteurs et donc le nombre de batteries embarquées », précise Vincent Delteil. Actemium, filiale du groupe Vinci Énergie, a conçu et mis en œuvre l’ensemble de l’usine électrique nécessaire au fonctionnement du bateau zéro émission. De son côté, elle a fait appel à la société AEM dans la fourniture de batteries françaises au lithium fer phosphate. Sans oublier ni les Chantiers Navals du Nord Van Praet pour améliorer le profilage de la coque, ni Eiffage et Enedis pour faire venir l’électricité jusqu’au bord de l’eau…

Double système de charge

Au final, pontons d’embarquement et bateau sont équipés d’un double système de charge : lent la nuit en courant alternatif et rapide en journée, un « biberonnage » de 20 minutes entre deux croisières permettant d’assurer la prestation.

Côté finances, là aussi, le projet a bénéficié de l’intervention de plusieurs structures : entre soutiens publics, avec notamment le Pami (plan d’aide à la modernisation et à l’innovation de la flotte), géré par Voix Navigable de France, et subventions abondées par l’Ademe et Haropa Port. Le tout, précise Vedettes de Paris, « représente pour le Paris-Trocadéro 10 % de l’investissement ». Un investissement total qui ne sera pas dévoilé.

Pour l’heure seul un bateau, le Paris-Trocadéro donc, est électrifié. « Mais il fait économiser l’équivalent de 59,9 fois le tour de la Terre en voiture thermique par an !, assure, non sans fierté, Marie Bozzoni, directrice générale de la compagnie. Ainsi, en 2025, nous aurons réduit de 50 % notre empreinte carbone par rapport à 2019. » Deux bateaux supplémentaires seront électrifiés au printemps 2024. Le quatrième partira au chantier en novembre pour une mise en navigation au printemps 2025. Quant au cinquième ? « Nous réfléchissons encore à la technologie que nous retiendrons », avoue Vincent Delteil, qui attend de voir quels seront les progrès techniques à adopter dans quelques mois.

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