16/01/2023

Temps de lecture : 3 min

Comment Ville à Joie dynamise les communes de la Nièvre ?

(contenu abonné) Le département de la région Bourgogne-Franche-Comté a trouvé une solution pour dynamiser ses communes : l’entreprise d’agrément ESUS (Entreprise Solidaire d’Utilité Sociale) Ville à Joie.

(contenu abonné) Le département de la région Bourgogne-Franche-Comté a trouvé une solution pour dynamiser ses communes : l’entreprise d’agrément ESUS (Entreprise Solidaire d’Utilité Sociale) Ville à Joie.

Il est 16:00 sur la place de l’église d’Anthien, village de 168 habitants en plein centre du département de la Nièvre. Cinq jeunes sortent d’un camion pour installer des tables, des chaises et de la décoration. En quelques minutes, la place prend des airs de fête du village ou de guinguettes. Petit à petit, des commerçants, des associations, mais aussi des guichets administratifs ou de santé prennent place sur des stands. Les services qui faisaient tant défaut à cette agglomération font irruption de manière festive et conviviale.

À partir de 17:30, les habitants sont accueillis pour toute la soirée pour leur permettre d’accéder à des services de la vie quotidienne qui leur sont parfois difficilement accessibles. Un opticien offre gratuitement des tests de la vue, une association dépiste le diabète, La Poste vient installer son guichet, un foodtruck vient nourrir les habitants alors que l’école de musique offre un concert.

Ce moment est rendu possible par Ville à Joie, une initiative portée par Marius Drigny, 25 ans, un étudiant de SciencePo Paris qui se désolait de l’état des villages de son enfance.

« Tout a commencé à Vanvey, le village de ma grand-mère, explique-t-il à The Good. Cela fait 20 ans que le village perd à la chaîne son bar, son épicerie, sa boulangerie. Aujourd’hui, il n’y a plus rien dans le village. Pour la moindre course, ma grand-mère est obligée de faire au minimum vingt minutes de route pour trouver une pharmacie ou un commerce. Or quand les commerces du village ont fermé, c’est aussi le lien social qui disparaissait. Il y avait autrefois des fêtes aux villages, un club de foot, une association de pétanque. Aujourd’hui, tout a disparu ».

L’histoire de ce village de 231 habitants n’est pourtant pas une exception dans le paysage français. La fameuse « diagonale du vide » qui traverse le pays se caractérise par une faible densité de population, une difficulté d’accès aux services de santé, mais aussi un isolement de plus en plus grand de nos aînés. Un phénomène qui s’est encore amplifié pendant la pandémie de COVID. Raison de plus pour lancer Ville à Joie à l’été 2020, pour recréer du lien alors que le premier confinement venait de s’achever.

Dans les coulisses de Ville à Joie

Comment Ville à Joie réussit à recréer de la vie dans les villages ? Le projet débute toujours par un contact avec les collectivités locales, souvent au niveau de la communauté de communes ou même du département.

« L’idée c’est de trouver une « grappe » de communes volontaires pour nous accueillir », décrit Marius Drigny.

Première étape : une première tournée de test qui va comprendre une vingtaine de dates sur une période d’un mois et demi. Une fois la dizaine de communes identifiées, il faut aller chercher les financements. 32.000€ pour cette phase de test qui vont être supportés par une myriade d’acteurs, à la fois les collectivités locales, des acteurs comme la caisse de retraite, la CAF ou l’ADEME, ou des acteurs privés comme Malakoff Humanis.

Ville à Joie contacte ensuite les restaurateurs, associations, commerçants et services publics locaux pour leur proposer de venir à la rencontre de ces villages.

Une fois cette « tournée test » terminée, Ville à Joie va proposer de pérenniser l’initiative en venant l’inscrire dans le quotidien des habitants. Sous ce format, Ville à Joie revient à chaque saison sur la place du village pour amener les services dont les habitants ont tant besoin. Ils font d’ailleurs continuellement des questionnaires pour identifier les services qu’ils pourraient amener à leur passage suivant. Ces tournées vont comprendre entre 75 et 100 dates dans l’année et vont requérir un budget global compris entre 100 et 130.000€ que vont également se partager les différents acteurs financeurs.

Sur le terrain, tous les indicateurs semblent montrer la réussite de cette initiative qui a compris l’importance de le faire sous une forme festive et conviviale : « le but c’est aussi de faire du lien social, explique Marius Drigny. Et c’est au moins aussi important que d’amener les services dont les habitants ont besoin ».

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