26/10/2020

Temps de lecture : 3 min

Demain, la réparation sera-t-elle un droit ?

En Norvège l’association Restarters Norway se bat pour un droit à la réparation ou à la “réparabilité”, un sujet sur lequel la France fait plutôt figure de bon élève... Mais en quoi consiste ce concept clé de l’économie circulaire ?

En Norvège l’association Restarters Norway se bat pour un droit à la réparation ou à la “réparabilité”, un sujet sur lequel la France fait plutôt figure de bon élève… Mais en quoi consiste ce concept clé de l’économie circulaire ?

La Norvège est le pays du monde qui achète le plus de produits électroniques, avec 28 kg par personne et par an. Une consommation qui se traduit par un coût environnemental particulièrement élevé, que ce soit en amont (extraction des matières premières, fabrication, transport) qu’en aval (déchets). Mais avant même de parler du recyclage de tous ces appareils, l’association Restarters préfère œuvrer pour prolonger leur durée de vie en encourageant leur réparation. 

Malheureusement, avec la complexification des technologies et la miniaturisation des composants, la réparation des appareils électroniques devient de plus en plus difficile. “Les enceintes des années 70 pouvaient être facilement ouvertes et réparées, alors que les nouvelles sont quasiment impossibles à ouvrir”, donnait ainsi comme exemple la représentante de l’association, Anine Dedekam Moldskred, lors d’une table-ronde organisée dans le cadre de l’édition 2020 de l’Oslo Innovation Week.

Une partie du problème tient donc à la conception des objets du quotidien. “80% de l’impact environnemental d’un produit – ainsi que sa durée de vie – est décidé lors de la phase de design” explique la jeune femme. Consciente qu’imposer l’éco-conception aux fabricants d’électroniques sera un long combat, Restarters a choisi un premier cheval de bataille : l’association milite pour donner le pouvoir aux consommateurs, à travers un “droit à la réparation”. 

Nous voulons avoir la possibilité de choisir entre réparer soi-même son appareil ou le confier à un réparateur”, détaille Anine Dedekam Moldskred. Ce droit passerait notamment par une plus grande transparence de la part des fabricants, avec l’obligation de mettre à la disposition des consommateurs des manuels de réparation et d’entretien, ainsi que les pièces et outils nécessaires. 

Pour une consommation plus consciente

Sur ce sujet, elle cite l’exemple de la France, qui s’apprête à déployer un “indice de réparabilité” à compter de janvier 2021 : à compter de cette date, les lave-linge, smartphones, tondeuses à gazon, ordinateurs et téléviseurs mis en vente dans l’hexagone devront obligatoirement afficher leur note sur dix calculée à partir d’une série de critères de réparabilité. De quoi permettre aux consommateurs d’effectuer des décisions d’achat plus informées et responsables.

Pour autant, même si un produit est réparable sur le papier, le passage à l’acte se heurte encore à de nombreux obstacles, au premier rang desquels figure le prix de la réparation, souvent plus élevé que l’achat d’un produit neuf… “Réparer un objet doit devenir abordable. Par exemple, la TVA pourrait être supprimée pour rendre la réparation plus facile et moins coûteuse”, souligne Anine Dedekam Moldskred.

Une culture de la réparation 

Plus largement, Restarters Norway entend développer dans le pays une “culture de la réparation”, à travers l’organisation régulière d’ateliers et de sessions de sensibilisation assurés par des bricoleurs bénévoles. “On devrait a minima avoir la possibilité d’ouvrir [nos appareils], d’être curieux, afin de voir ce qu’il y a dedans. Il ne faut plus que ce soit des boîtes noires. […] Mais bien évidemment, on recommande de prendre des précautions”.

Récemment, la Norvège a affiché son ambition d’être un des pionniers de l’économie circulaire, en particulier à travers la définition d’une stratégie nationale sur le sujet. “Mais il y a encore beaucoup de travail : nous ne sommes actuellement ‘circulaires’ qu’à hauteur de 2,4%” souligne Anine Dedekam Moldskred, citant un rapport de l’ONG Circular Norway. 

Dans le cadre de la définition de cette stratégie nationale, l’association Restarters a adressé trois demandes au gouvernement norvégien : agir pour réduire les prix de réparation, comptabiliser les importations de produits dans le bilan carbone du pays et financer l’innovation et le développement de nouveaux modèles économiques dans la filière du recyclage et de la réparation. Plus de 40 000 emplois pourraient être ainsi créés rien qu’en Norvège… 

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