(contenu abonné) Le groupe Nestlé s’est engagé à atteindre zéro émissions nettes de CO2 à horizon 2050, avec une étape intermédiaire en 2030 (-50% d’émissions à cette échéance, en prenant 2018 comme année de référence). Ces objectifs sont mondiaux et doivent se décliner localement, y compris dans des pays en croissance où l’environnement n’est pas une priorité, comme c’est le cas en Indonésie…
“Aujourd’hui, en Indonésie, Nestlé est la seule entreprise à avoir abandonné les pailles en plastique pour passer au papier, ce qui a de fortes implications en termes de coûts. Tout le monde dit que c’est très bien, mais il y a un fossé entre notre volonté et le désir des consommateurs : sont-ils prêts à payer le prix ?” se demandait Ganesan Ampalavanar, le président et directeur de Nestlé en Indonésie, lors du sommet Ad Net Zero 2022. Une interrogation qui trouve de l’écho chez beaucoup d’entreprises, partout dans le monde, mais qui est particulièrement forte pour le marché indonésien, encore peu préoccupé par les sujets d’environnement.
Une première étape : la sensibilisation
L’un des enjeux de Nestlé sur place est notamment de participer à la sensibilisation de ses collaborateurs, de ses clients et de ses partenaires. « Tout commence par les employés : nous passons beaucoup de temps à nous former. Nous avons toujours eu beaucoup de formations obligatoires, par exemple sur la diversité et l’inclusion, mais maintenant nous ajoutons les enjeux de durabilité », explique le dirigeant. Viennent ensuite les clients, à travers des actions de communication sur l’écologie, en particulier auprès des enfants.
Nestlé Indonésie est aussi impliqué auprès de ses partenaires commerciaux pour les aider à changer leurs pratiques, ainsi que dans les instances professionnelles, afin d’agir à l’échelle de toute l’industrie, comme PRAISE (“Packaging and Recycling Association for Indonesia Sustainable Environment”) qui promeut la mise en place de modèles circulaire pour les emballages en Indonésie. « Nous croyons en l’activisme collectif », résume-t-il.
Prendre en compte toute la chaîne de valeur
Si les emballages et leur recyclage est un chantier prioritaire, les actions mises en place par le géant de l’agro-alimentaire entendent prendre en compte toute la chaîne de valeur. Au niveau mondial, le groupe émettait 92 millions de tonnes de gaz à effet de serre sur les scopes 1, 2 et 3 en 2018. Les matières premières en représentaient plus de 70%, les emballages près de 12%, la logistique plus de 8% et la production 7,7%.
« Notre objectif net zéro en 2050 n’est pas limité aux scope 1 ou 2. Il inclut les scope 1, 2 et 3. Nous avons pris des engagements mesurables et limités dans le temps, en nous appuyant sur le référentiel des Nations Unies. Nous voulons atteindre cet objectif en nous assurant que l’ensemble de la chaîne de valeur, de nos fournisseurs jusqu’aux consommateurs, soit prise en compte dans cette feuille de route. »
Ganesan Ampalavanar cite d’ailleurs une initiative pour laquelle l’Indonésie fait figure de pionnière au sein de Nestlé : la collecte des déchets agricoles auprès de fermiers partenaires, afin de les utiliser comme combustibles dans une des usines du groupe. En tout, 8 880 tonnes d’enveloppes de riz sont ainsi valorisées chaque année pour produire de la vapeur, en remplacement du gaz de pétrole liquéfié. « En Indonésie, nous avons encore beaucoup de montagnes à escalader et de nombreuses rivières à traverser, mais au moins nous avançons et un peu plus vite que je ne le pensais », conclut-il.