La sobriété est LE sujet good de la rentrée. Mise à l’honneur lors des quatrièmes Universités d’Été de l’Économie de Demain portées par le Mouvement Impact France, la sobriété est l’enjeu auquel les dirigeantes et dirigeants d’entreprises ont décidé collectivement de faire face. Comment l’entreprise sobre se dessine-t-elle ? Quels acteurs peuvent l’aider pour être plus sobre ? The Good vous fait un récap de ces questions posées pendant ce temps fort de l’impact.
Faire preuve de sobriété c’est privilégier le moins plutôt que le toujours plus. Il faut accepter de faire moins pour faire mieux. Il faut d’abord savoir de quelle sobriété parle-t-on ? Est-ce la sobriété des petits gestes ou celle des grands changements ? L’été nous l’a montré avec ses aléas climatiques d’une puissance inédite, le gouvernement nous l’a annoncé par la fin de l’abondance. Une refonte du système s’impose donc. Et c’est maintenant qu’il faut agir. Elle est d’abord portée par la force des symboles comme nous l’a rappelé Olivia Grégoire, Ministre chargée des Petites et Moyennes Entreprises, du Commerce, de l’Artisanat et du Tourisme en mentionnant le prochain décret défendu par la Ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, pour généraliser l’interdiction des publicités lumineuses entre 1h et 6h du matin. Cependant, la sobriété doit maintenant être traduite plus qu’à travers des symboles, mais à travers une volonté de la part des entreprises de faire autrement et des acteurs extérieurs de les aider. Alors que pendant des décennies, ces dernières cherchaient à éloigner leur production sous le principe des avantages comparatifs dans une situation de libre-échange, n’est ce pas le moment de réancrer leurs savoirs sur les territoires aux plus proches des collaborateurs et des consommateurs finaux.
L’aménagement des territoires
La proximité est par nature plus sobre que l’éloignement, mais elle n’est pas entièrement sobre en elle-même. L’ensemble de la chaîne de valeur doit être sobre et pas seulement le dernier maillon, celui qu’est par définition le plus proche du consommateur. C’est là que la question de l’aménagement local se pose et inversement celle de la responsabilité des entreprises dans la réorganisation des territoires. Ces derniers doivent gagner en efficacité et en résilience pour soutenir les entreprises qui veulent avoir moins d’impact. La sobriété des entreprises dépend de ce que leur offrent les territoires. Relocaliser les activités et les emplois pour réduire les circuits de distribution et créer de la valeur localement, est un des dix commandements de l’entreprise sobre avancé par Mouvement Impact France. Yasmine Iamarene, Fondatrice et Présidente de MidiPile le dit : “La sobriété de mon entreprise va dépendre d’une proximité que je ne maîtrise pas.” et pour cause certaines zones ne sont pas prêtes par manque d’infrastructures. Elle prend l’exemple des vélos cargos comme moyen de livraison demandé par ses clients. Elle ne peut pas satisfaire leur demande si les espaces dans lesquels elle livre ne sont pas équipés. Être une entreprise proche au sens géographique, c’est donner l’opportunité à chacun de faire peu importe où la personne se trouve. Pour cette raison, il est important de revitaliser les campagnes pour réduire les besoins des entreprises et de leurs collaborateurs d’aller exclusivement en zones urbaines. Cette revitalisation passe par la mobilité. Quand il est préférable de privilégier des modes de transport comme le vélo ou la trottinette dans les villes qui peuvent venir en complément des bus et des métros, il est en l’occurrence mieux de préférer la voiture électrique dans les campagnes, souligne Clément Beaune, Ministre chargé des Transports. Pour que l’économie des circuits courts s’installe réellement, la question du logement aussi s’impose. Les entreprises s’implanteront s’il y a de quoi le faire. Ces aménagements ne se feront pas du jour au lendemain et c’est bien pour cela que l’on parle de transition : transition écologique, transition sociale, transition sociétale.
L’implication des investisseurs
Il faut innover aussi pour aller vers plus de sobriété. La sobriété est synonyme de disruption dans une économie qui favorise l’abondance. Emmanuel Macron l’a annoncé, d’ici 2030 la France devra compter 100 licornes dont 25 vertes. Jean-Noël Barrot, Ministre de la Transition Numérique et des Télécommunications, avance que par nécessité, toutes les licornes devraient être sobres. EcoVadis l’est devenue récemment, d’autres pourraient la rejoindre. Certaines entreprises présentées pendant cette journée- qui sait peut-être de futures licornes ? – agissent déjà dans leur secteur en innovant pour atteindre une plus grande sobriété. C’est le cas de Castalie qui commercialise des fontaines à eau, de Télécoop qui est le premier opérateur mobile vert ou de 900.care, une marque d’hygiène-beauté rechargeable. Le Mouvement Impact France le préconise dans ses dix commandements. Une entreprise sobre est amenée à innover de façon frugale en centrant sa R&D non sur la création de nouveaux produits, mais sur des besoins essentiels liés à la résolution des ODD et en privilégiant une démarche low-tech. Les entreprises peuvent compter sur le soutien du gouvernement. Dans ses dix propositions pour accélérer leur sobriété, celui-ci a notamment annoncé qu’il fallait investir massivement dans les entreprises qui comptaient le devenir et soutenir l’innovation sobre. Les entreprises sobres ont besoin des investisseurs pour porter leur projet à plus grande échelle. Pour Khaled Al-Mezayen, Fondateur d’InovaYa, beaucoup de projets sobres ont encore du mal à avoir accès à des financements. Des efforts sont cependant à noter. La 4ème édition du Community Fund, un appel à projet qui vise à soutenir des initiatives portées par des acteurs de l’écosystème French Tech, a pour thématique “la transition écologique” parmi les 4 proposés. Le rôle de la finance pour aller vers une société plus sobre est prouvé, maintenant il convient d’aider les entreprises vertes à innover et à croître.