Se dire aujourd’hui défenseur de la finance responsable ne suffit plus pour se démarquer. Certains labels non plus. Et si la recherche de différence de la part des acteurs de la finance permettait de rendre le monde meilleur ? Un grand oui, si cela s’accompagne de transparence.
Comme bon nombre de secteurs – la mode ou l’alimentaire n’en sont que des exemples – la finance n’échappe pas aujourd’hui à la nécessité de montrer patte blanche. Venue de ses clients, des incitations étatiques ou de l’impérieuse nécessité de faire bouger les choses pour la planète, nous assistons depuis quelques années à un véritable changement chez les asset managers. Si l’Investissement Socialement Responsable au début des années 2000 n’était réservé qu’à une minorité d’acteurs luttant tant bien que mal contre l’idée d’une finance servant à financer les mauvaises industries, il est passé aujourd’hui à un rang de must have. Comme le bio nous direz-vous. A l’instar de ce dernier qui aura le mérite de contribuer à rendre son industrie plus sensée même si elle n’en gomme pas tous les excès, la question de la responsabilité dans la finance ouvre un champ nouveau : de par leur poids dans l’économie et la société, les marques financières peuvent-elle contribuer à un monde plus responsable ?
Des pionniers de la finance responsable…
Pour les acteurs financiers, à l’instar d’Ecofi, filiale du groupe BSPCE, qui ont accompagné l’émergence de la finance responsable, ce positionnement a été un marqueur profond de différenciation. Tellement profond que cette différenciation a pu être perçue négativement par une large frange de leur écosystème. Comme il n’est jamais trop tard pour avoir raison, ces pionniers dans la finance bénéficient aujourd’hui d’une certaine avance, alors que tous les acteurs plus traditionnels de ce secteur essaient maintenant de se conformer à ces nouvelles tendances.
…rattrapés par des engagements toujours plus nombreux et noyés dans la masse
Néanmoins, quelques questions se posent. Comment, en tant que marque, peuvent-ils continuer à asseoir leur position de first mover et de leader d’opinion alors que de nombreux acteurs de la finance se targuent maintenant d’avoir, chevillée à leur marque depuis toujours, leur engagement de proposer une finance toujours plus responsable ? Ces engagements suffisent-ils encore ? A quoi ça sert d’être labellisé ISR si tout le monde l’est ?
La clé : l’amélioration continue
Un chemin se dessine et nous avons envie d’y croire. Ce chemin vers un monde plus responsable va reposer sur l’appétit qu’auront les différents acteurs de la finance de continuer à se différencier dans leur démarche. Devenir une entreprise à mission pour marquer encore plus mon engagement et le faire adopter statutairement par toute l’entreprise ? Augmenter les contraintes liées à mes investissements pour montrer que je me comporte mieux que mon voisin ? Doter mes dashboards financiers d’indicateurs extra-financiers toujours plus précis…? Il y a fort à parier que le besoin de se démarquer pour assurer la pérennité du positionnement de ces acteurs financiers va alimenter une forte amélioration continue.
Transparence et pédagogie
Néanmoins, cette utopie devra s’accompagner d’un gros sursaut de transparence et de pédagogie. Ces acteurs sauront-ils le faire par eux-mêmes ou devons-nous attendre l’arrivée d’un Yuka de la finance – comme pour l’alimentaire – pour réunir toutes les incitations nécessaires et mettre la finance en route ? Le monde meilleur n’est pas si loin tout compte fait, ce Yuka est arrivé en novembre. Merci Lita.co.
Julien Chantry, fondateur de Retrofutur