Dans un contexte marqué par l’entrée en application de la directive CSRD pour les entreprises de plus de 500 salariés dès l’exercice 2024, Forvis Mazars publie sa 14ème édition du baromètre RSE. Ce baromètre 2024 décrypte et analyse les rapports extra-financiers de 255 entreprises européennes (dont 119 entreprises françaises issues du CAC 40 et du SBF 120) encore réalisés à la lumière des exigences de la DPEF (Déclaration de Performance Extra-Financière). Si certaines entreprises, dès leur exercice 2023, ont souhaité anticiper les exigences de la CSRD et des ESRS (« European Sustainability Reporting Standards »), une large majorité d’entre elles a fait le choix de ne pas publier un rapport de durabilité selon le format attendu par les normes. Il en va de même pour la publication du plan de transition répondant aux attendus de l’ESRS E1. Néanmoins, le baromètre montre une certaine anticipation quant à la réalisation de leur analyse de double matérialité (DMA).
L’anticipation de l’analyse de double matérialité (DMA)
Seulement un quart des entreprises du panel publient une analyse de double matérialité en référence aux ESRS. Les DMA étudiées dans le cadre de ce baromètre démontrent que les entreprises font déjà preuve d’une certaine maturité dans leur pré-conformité aux attendus des ESRS. Parmi ces dernières, 58 % ont fait l’exercice de décliner les enjeux de durabilité en impacts, risques et opportunités (IRO) conformément aux attendus des normes. Pour autant, l’information contextuelle qui accompagne cette analyse de matérialité doit encore être développée. A titre d’exemple, seulement 14 % d’entre elles présentent le seuil de matérialité permettant d’identifier les IRO matériels.
La compréhension de la chaine de valeur est un préalable à l’analyse de matérialité. 82 % des entreprises du panel ont fourni une description de leur chaîne de valeur dans leur rapport extra-financier. D’autres étapes importantes à la construction d’une DMA, tels que la consultation des parties prenantes ou encore l’adoption d’une procédure de diligence raisonnable, ont été réalisées par les entreprises. Parmi les entreprises publiant une DMA, 91 % indiquent avoir consulté leurs parties prenantes dans le cadre de cette analyse et 77 % évoquent l’utilisation d’outils en matière de diligence raisonnable.
La structuration de l’état de durabilité, un enjeu de taille pour les entreprises
L’architecture imposée par le nouveau cadre normatif représente encore un défi d’ampleur pour les entreprises. Contrairement à la DPEF aujourd’hui, le contenu et la structure d’ensemble de l’état de durabilité sont en effet normés afin de répondre à l’enjeu de comparabilité de l’information qui est un objectif fondamental de la CSRD. Ainsi, parmi les entreprises du panel analysé, 16 % ont déjà intégré les attendus d’ESRS 1 dans la structure de leur rapport extra-financier Parmi celles-ci, 56 % présentent les informations norme par norme.
La norme ESRS 2 définit les exigences de publication pour tous les enjeux de durabilité matériels, en matière de gouvernance, de stratégie, d’actions, de cibles ou encore de ressources et d’indicateurs Forvis Mazars n’a pas été en mesure d’identifier des entreprises se conformant déjà complètement à ces exigences, ce qui vient souligner la dimension complexe de cet exercice. Des bonnes pratiques ont pour autant été identifiées et présentées dans le baromètre.
Des plans de transition encore rarement publiés
Forvis Mazars a fait le choix de réaliser un focus sur le plan de transition (norme ESRS E1),
qui a pour objectif de permettre une meilleure compréhension des objectifs et efforts des
entreprises en matière d’atténuation afin de garantir la compatibilité de sa stratégie et son
modèle d’affaires avec la transition vers une économie durable. Cette transition s’inscrit dans
la limitation du réchauffement de la planète à 1,5°C (Accord de Paris) et doit permettre
d’atteindre la neutralité carbone d’ici à 2050. 13 % des entreprises du panel publient un plan
de transition, sachant que les informations communiquées à ce titre ne répondent que
partiellement aux attendus d’ESRS E1. Cela démontre que l’obtention des informations
nécessaires à la construction de ce plan sont des exercices exigeants. Les entreprises devront
mettre à profit l’année 2024 pour effectuer ce travail structurant.
« Ces résultats montrent que le défi à surmonter demeure élevé pour
satisfaire les exigences des nouvelles normes européennes. Bien que les entreprises se
soient davantage dévoilées cette année, notamment à travers leur DMA, elles sont peu à avoir
anticipé les exigences normatives relatives au rapport de durabilité tel qu’il sera publié pour
l’exercice 2024. Nous sommes aussi conscients que pour certaines, l’absence de publication
relève d’une certaine frilosité quant à la divulgation de leur stratégie (politique, objectifs et
ressources) avant que cela ne soit obligatoire. Nous attendons désormais avec impatience
la publication des états de durabilité. L’exercice exigeant qu’elles sont en train de mener
permettra de comparer les entreprises entre elles et d’apporter un nouveau niveau de
transparence au niveau européen.», commente Edwige Rey, Associée, responsable RSE & Développement Durable chez Forvis Mazars en France.
Méthodologie du Baromètre RSE
Le panel d’entreprises analysé est constitué́ des entreprises françaises du CAC 40 et SBF 120, des entreprises italiennes du FTSE MIB, des entreprises allemandes du DAX, des entreprises espagnoles du IBEX 35, ainsi que d’autres entreprises européennes cotées (Pologne, Danemark, Norvège, etc.).
Ce dernier couvre 255 entreprises cotées dans 15 pays dont 119 entreprises françaises, 38 entreprises allemandes, 36 entreprises italiennes et 30 entreprises espagnoles. L’objectif du baromètre de cet exercice est d’analyser le contenu des rapports extra-financiers des entreprises ayant en tout ou partie anticipé la CSRD.
« Compte tenu du nombre restreint d’entreprises concernées, nous avons élargi le périmètre de notre analyse au entreprises européennes pour avoir une couverture suffisante. La liste des entreprises est disponible en Annexe du baromètre. Notre analyse porte sur la nature des informations publiées par les émetteurs, sans juger de leur pertinence ou de leur conformité aux ESRS. Les entreprises ayant décidé́ de volontairement présenter des éléments en référence aux ESRS ont la possibilité́ de prendre
des libertés avec les Normes. Les bonnes pratiques présentées sont des éléments d’illustration sans pour autant répondre en totalité́ aux attendus des ESRS« , précise Forvis Mazars.