L’Ademe publie un deuxième volet de son étude sur Le dialogue intergénérationnel sur l’environnement, consacré cette fois aux jeunes de 15 à 25 ans.
Dans la lignée de l’étude réalisée en 2022 auprès des « jeuniors » (génération des 55-75 ans), sondant Le dialogue intergénérationnel sur l’environnement entre grands-parents, enfants et petits-enfants, l’Ademe publie un deuxième volet, consacré cette fois aux jeunes de 15 à 25 ans. Son objectif : identifier le degré de connaissance des sujets environnementaux des jeunes âgés de 15 à 25 ans, recenser leurs pratiques en ce domaine et cerner les contours de la transmission de ces préoccupations, gestes et pratiques dans le cercle familial, en particulier avec leurs parents et leurs grands-parents.
Comme pour les jeuniors, l’environnement est pour les jeunes de 15 à 25 ans une préoccupation majeure. Interrogés sur l’importance qu’ils accordent aux sujets environnementaux, il apparaît qu’ils considèrent globalement accorder plus d’importance que leur entourage à ces enjeux. 79% déclarent y accorder une grande importance, davantage que leur conjoint et leurs parents. A cet égard, on constate que la perception des 15-25 ans de la crise environnementale diffère de celle de leurs aînés. En effet, ils appréhendent le monde comme allant mal, se caractérisant par une addition de crises sans fin et comme étant sans perspective d’amélioration. Cette perception serait causée par la surconsommation et la surproduction, mais également, sur un registre moral, par l’avidité, l’égoïsme et la démesure humaine. Conséquence de ces constats : les jeunes sont nombreux à adopter un niveau de fatalisme élevé. Beaucoup jugent ainsi qu’il « est déjà trop tard pour limiter le changement climatique avant qu’il n’entraîne des effets dévastateurs ou considèrent qu’ils n’ont aucun poids dans la lutte climatique ».
Bien qu’ils s’estiment à 75% engagés par rapport aux générations qui les précèdent (mais aussi par rapport aux générations plus jeunes, à hauteur de 65%), l’engagement des 15-25 ans reste marginal. Par exemple, ils ne sont que 9% à s’engager dans une association de défense de l’environnement (alors qu’ils perçoivent l’associatif comme le summum de l’engagement environnemental) et seulement 14% à avoir déjà participé à une manifestation pour le climat.Leurs raisons pour expliquer ce manque d’engagement : le manque de temps, d’envie ou de motivation, ce qu’ils identifient du reste, pour certains, comme une forme d’égoïsme. S’ils sont 65% à se déclarer « particulièrement impliqués et engagés », la description par les jeunes interrogés de leur mode de vie, dans l’enquête qualitative, ne signale ainsi pas de grand changement effectué pour peser moins sur l’environnement. Ils agissent principalement via de petits gestes du quotidien.
Une sensibilisation via la transmission des proches et l’école
Comme dans l’étude jeunior, les jeunes perçoivent le foyer familial comme un véritable lieu de sensibilisation, de compréhension des problématiques environnementales et de transmission des bonnes pratiques. Les parents figurent ainsi en première position de la liste des personnes ayant contribué à la sensibilité environnementale des jeunes interrogés dans l’enquête quantitative (73%). 71% des jeunes déclarent parler souvent ou parfois de ces sujets avec leurs géniteurs.
Si, le plus souvent, les échanges entre eux et les anciennes générations sur les sujets environnementaux sont décrits comme apaisés par les jeunes, le foyer est aussi un lieu où, à la faveur de moments clés (visionnage de reportages en commun, activités familiales du quotidien), on échange sur les pratiques environnementales elles-mêmes. Une large majorité des jeunes interrogés témoigne de remarques sur les habitudes ou les mauvaises pratiques pour l’environnement entre générations, et ce dans les deux sens : 71% disent en avoir déjà fait à leurs parents, 63% à leurs grands-parents. A l’inverse, 67% déclarent avoir déjà reçu une remarque de la part de leurs parents et 48% de la part de leurs grands-parents.
Toutefois, on perçoit chez une partie des jeunes une forme de ressentiment à l’égard des générations qui les ont précédés. 75% d’entre eux jugent considèrent même la génération de leurs parents « responsables » de la situation actuelle. Une position que confirme l’enquête qualitative dans laquelle certains jeunes décrivent les anciennes générations comme « insouciantes », ou « ayant ignoré les premières alertes sur les écosystèmes ».
L’école est également un lieu de sensibilisation majeur pour les jeunes. 71% des 15-25 ans affirment parler, souvent ou parfois, desdits enjeux avec leurs professeurs.68% de l’ensemble des jeunes citent même leurs professeurs comme des contributeurs à leur sensibilité environnementale. Ils sont en majorité satisfaits des enseignements et des actions mises en place par leur établissement pour leur apporter les clés de lecture aux problématiques environnementales. Néanmoins, une partie des jeunes est en attente d’enseignements dédiés, presque d’une formation pour devenir des citoyens modèles et engagés pour l’environnement.
Des sources diverses d’informations sur l’environnement
69% des 15-25 ans se sentent bien informés sur les sujets environnementaux. 55% estiment même qu’ils sont plus informés que la moyenne des Français.
Les 15-25 ans consultent classiquement les chaînes de télévision généralistes, les chaînes d’information continue ou encore les titres de presse généralistes et leur site web. Avec une confiance parfois relative. Si les chaînes d’information continue sont consultées par exemple par trois quarts des interrogés (74%), elles génèrent beaucoup de défiance (25%).
Certaines sources sont davantage utilisées par les jeunes par rapport aux « jeuniors » : la différence est contenue pour les rapports environnementaux d’instances scientifiques (33% contre 28% chez les « jeuniors ») mais plus visible pour les actions collectives (manifestations, pétitions, etc.) (31% contre 17%) et les prises de paroles de personnalités sur le sujet (22% contre 13%).
Concernant les réseaux sociaux, une différence est faite entre d’une part les contenus des influenceurs, largement consultés (77%) mais perçus comme peu crédibles sur les questions d’environnement (19% de confiance), et d’autre part les contenus des streamers qui analysent l’actualité. Ces derniers sont visionnés par une part légèrement moindre des jeunes (66%) mais inspirent un haut niveau de confiance (40%).
Méthodologie de ce nouveau volet du rapport Le dialogue intergénérationnel sur l’environnement
Réalisée pour l’ADEME par l’institut de sondage OpinionWay, l’étude se compose :
- D’un volet quantitatif, réalisé en ligne auprès d’un échantillon représentatif de la population française de 1 001 personnes âgées de 15 à 25 ans. Ce panel a été constitué selon la méthode des quotas, au regard des critères de sexe, d’âge, de catégorie socioprofessionnelle, de catégorie d’agglomération et de région de résidence.
- D’une partie qualitative, résultant de la réalisation de 20 blogs individuels en ligne sur quatre jours et d’une journée de communauté en ligne auprès de 20 jeunes âgés de 15 à 25 ans.