Les scientifiques d’AXA Climate ont analysé l’impact du réchauffement climatique sur cinq villes ayant accueilli les Jeux Olympiques et Paralympiques (JOP) dans le passé, en simulant leur déroulement en 2050. Cette analyse se base sur le scénario SSP5-8.5, qui représente la poursuite des tendances actuelles en matière de consommation d’énergie.
À Athènes, l’épreuve de VTT, organisée en 2004 au Mont Parnitha, serait ainsi directement impactée par une augmentation de la durée de la saison des incendies de 19 jours (+12 %) en 2050. Près de la moitié de l’année (171 jours) sera ainsi désormais à risque pour la ville d’Athènes. La saison des feux commencerait à des moments où la ville et la nature ne sont pas habituées et donc moins préparées. Pour maintenir les épreuves, il sera alors nécessaire de les relocaliser dans des régions plus septentrionales, aux températures plus clémentes.
À Paris, l’organisation du marathon serait remise en question. En août 2050, les températures maximales dépasseront les 28°C pendant 12 jours, soit le double par rapport à aujourd’hui. Ce seuil représente des risques pour la santé et la performance des sportifs. De plus, les marathoniens pourraient voir leurs performances diminuer d’au moins 3 % à 4 % en courant dans ces conditions.
À Turin, les températures hivernales moyennes pourraient augmenter de près de 3°C d’ici 2050. Les sports d’hiver, en particulier ceux qui se pratiquent en moyennes ou basses altitudes comme le biathlon, seront fortement impactés. Aujourd’hui, à San Sicario, la station qui a accueilli les Jeux Olympiques d’hiver à Turin, la couverture neigeuse naturelle minimale pour le biathlon est atteinte au moins 5 mois par an. En 2050, il n’y aura plus aucun mois où ce seuil sera atteint. En réponse à cette évolution en Italie, des pistes de ski ont déjà recours à la production en masse de neige artificielle. Lors de la saison d’hiver 2022-2023, 90 % d’entre elles ont utilisé cette solution qui constitue un exemple de maladaptation.
Des jours de pratique en moins pour les sports préférés des Français
Comme les athlètes professionnels, les Français amateurs de sport seront touchés dans leur pratique quotidienne, à des échelles différenciées selon le sport et le territoire. Les scientifiques d’AXA Climate se sont intéressés au nombre de jours potentiels de pratique en moins par an, pour 5 disciplines parmi les plus populaires en France (canoë-kayak, course à pied, ski de fond, trail, vélo, football).
Alors que le canoë-kayak est un sport très populaire en France, avec près de 300 000 licences vendues en 2023, la tendance à la diminution des débits des rivières en période estivale pourrait entraver la pratique de ce sport pendant une partie de l’année. En 2050, la pratique compétitive du canoë-kayak au stade de Pau pourrait être impossible durant 128 jours par an en moyenne sans l’activation des pompes de remontée d’eau. Cela représenterait une perte de 91 jours de pratique sportive amateur par rapport à aujourd’hui.
Les parcs naturels du département des Bouches-du-Rhône, très prisés pour la pratique du trail et de la randonnée, verront le risque d’incendies s’aggraver, avec des conséquences significatives sur la vie socio-économique du département. Les projections climatiques indiquent que le nombre de jours de fermeture des parcs naturels en raison de ce risque pourrait doubler, passant de 22 jours actuellement à 41 jours en 2050.
À Strasbourg, le football, l’un des sports les plus populaires en France avec 2,3 millions de licenciés en 2024, est touché par l’augmentation des températures. Actuellement, on compte en moyenne 26 jours par an où la température ressentie est inconfortable pour la pratique sportive amateur, en tenant compte de la température réelle et de l’humidité relative. En 2050, ce nombre atteindra 55 jours.
Les nécessaires mesures d’adaptation pour continuer à pratiquer
Les projections climatiques impliquent donc de revoir nos habitudes pour atténuer leurs effets et nous adapter, tant pour organiser des compétitions sportives que pour la pratique amateure.
Parmi ces mesures : Le report des compétitions à des périodes plus douces ou leur relocalisation sur des territoires plus cléments pour préserver la santé des pratiquants ; L’organisation des épreuves à proximité des pratiquants pour réduire l’empreinte carbone des compétitions liée aux déplacements ; L’adaptation de l’environnement urbain (espaces verts, toitures et façades végétalisées, matériaux urbains réfléchissants) pour réduire les ilots de chaleur.
Antoine Denoix, PDG de AXA Climate, commente : « Alors que la pratique du sport s’est considérablement développée, l’enthousiasme des Français s’est confirmé avec l’organisation des JOP de Paris. C’est une véritable opportunité pour nous d’attirer l’attention sur l’évolution de cette pratique populaire qui sera fortement impactée du fait du réchauffement climatique dans les années à venir. Bien entendu, il nous faudra continuer à pratiquer du sport, pour notre santé physique et mentale, mais autrement. Nous adapter, en somme et c’est tout l’intérêt des solutions que nous proposons dans cette étude ».
Maël Besson, Fondateur de Sport 1.5, ajoute : « Pour préserver les bénéfices sociétaux du sport, il est essentiel d’anticiper le contexte climatique et social futur notamment en adaptant le sport aux conséquences du dérèglement climatique, en poursuivant la réduction des impacts négatifs du sport sur l’environnement et en utilisant le sport comme un outil pour la transition et la résilience de nos sociétés. Le sport a tout intérêt à être le premier défenseur du climat. »