Comment les dirigeants d’entreprises appréhendent les enjeux de la transition écologique ? C’est le sujet de l’enquête menée au plus près des décideurs par le collectif Stim, avec l’École des Mines Paris, l’Université Paris Dauphine, le CNRS et Deloitte. Au total, de mars à juillet 2024, 42 dirigeants ont livré leur sentiment vis-à-vis des enjeux de la transition au sein de leur organisation. 45% travaillent pour des groupes internationaux allant de 5000 à plus de 50 000 employés. Parmi elles, les Direction Générale et Direction R&D sont les plus représentées et l’ensemble des répondants sont des cadres supérieurs et dirigeants, en capacité de décision.
Les perceptions
90% des dirigeants d’entreprises pensent que la transition écologique peut-être transformée en une opportunité. Les 10% restants considèrent que c’est une contrainte qui ne représente que des coûts additionnels. 45% des dirigeants perçoivent les activités de leur entreprise comme peu ou pas du tout compatibles face au défi environnemental. La même proportion (44%) déclare que l’activité de leur entreprise a des impacts réels sur l’environnement. Enfin, 74% des dirigeants pensent que les changements environnementaux ont des impacts réels sur l’activité de l’entreprise.
Les actions
42% des dirigeants interrogés déclarent que la transition écologique est une priorité stratégique de leur entreprise. Parmi eux, 67% invoquent la pression réglementaire et 61% les attentes des clients comme les principales raisons de cette orientation. 56% des répondants affirment que leur entreprise travaille à l’optimisation de la performance environnementale. Au sein de cette catégorie, 68% pensent que ces projets d’optimisation sont insuffisants et qu’il faut aller plus loin, en réinventant tout ou partie des activités. Seuls 27% des dirigeants déclarent que leur entreprise a lancé des projets concrets de réinvention de certaines activités. Seuls 4% affirment que le cœur de la réflexion porte sur la réinvention du modèle d’affaires, le niveau le plus évolué de la transformation des entreprises.
En pratique, des initiatives peu transformantes
Concernant les initiatives les plus stratégiques et les plus abouties en matière de transition environnementale, menées au sein de leur entreprise, les dirigeants citent majoritairement des actions de faible maturité et surtout ayant un impact très limité sur les activités :
58% citent des actions de mesure et de reporting (ACV, Bilan Carbone, CSRD…),
51% la structuration d’un département dédié (RSE, transition énergétique…),
36% la décarbonation de l’énergie,
29% les achats responsables et actions de sensibilisation et de valorisation des initiatives collaborateurs.
Seuls 24% évoquent l’éco-conception (poids, usage, emballage…) ou la structuration de nouvelles filières ou chaînes de valeur émergente (recyclage, réemploi…).
Et 20%, l’expérimentation de nouveaux business models.
« Cette enquête nous révèle un enseignement majeur : les entreprises ont globalement la volonté de bien faire mais n’ont pas conscience du niveau de transformation à mener pour favoriser de véritables impacts environnementaux. Le curseur est encore aujourd’hui à la structuration et à l’optimisation de l’existant », analyse Colette Ménard, directrice scientifique et associée du collectif de chercheurs, ingénieurs et entrepreneurs Stim.