07/03/2022

Temps de lecture : 3 min

Face au fléau de l’étalement urbain, la ville sera compacte ou ne sera pas

écologie

Dans son dernier rapport, Terra Nova suggère de lutter contre l’étalement urbain en développant une densité vivable et des villes compactes. Un constat que partage une poignée d’entreprises qui proposent la surélévation verticale et une approche socio-environnementale de la construction. La question est urgente car l’étalement artificialise les terres agricoles et forestières, dégrade la biodiversité, mais aussi ses capacités à absorber le carbone et à résister aux phénomènes extrêmes.

Le constat est sans appel. Nous consommons trop d’espace. Les villes françaises couvrent désormais 119 000 km2 selon l’INSEE, contre moins de 100 000 au tout début des années 2000. Cela pourrait paraître faible si la compétition pour l’usage des sols n’était pas aussi intense. Car la France doit jongler entre son rôle de grenier à céréales de l’Europe, la protection de sa couverture forestière, la production croissante d’agrocarburants et la nécessité de loger sa population. Ce qui rend la question de l’étalement urbain particulièrement épineuse.

L’impossible compensation prévue par la loi Climat et Résilience

Pour résumer la dynamique d’étalement hexagonale à gros traits, il faut savoir que de plus en plus de communes s’intègrent à des agglomérations. Des incorporations qui incitent les collectivités locales et départementales à s’urbaniser davantage. Dans les milieux ruraux, par exemple autour de Saint-Etienne, de Limoges ou dans le Grand Est, cela se traduit par des maisons, des parkings et des supermarchés qui poussent le long de routes élargies. Dans les milieux périurbains à forte croissance démographique comme à Nantes, Bordeaux, Toulouse ou Lyon, ça se manifeste par des immeubles neufs qui s’étalent dans des agglomérations toujours plus étendues. Une prolifération du bitume difficile à décélérer malgré l’adoption de la loi Climat et Résilience en août 2021, qui prévoit zéro artificialisation nette en 2050. Tout est dans le mot « net », qui ouvre la voie à des mécanismes de compensation contestables entre étalement et renaturation. Comme l’explique Terra Nova, convertir une terre urbanisée ou industrielle en terre naturelle a un coût élevé, demande beaucoup de temps et ne permet pas de retrouver une réelle naturalité. Selon le think tank, les solutions sont ailleurs.

Contre l’étalement, rendre la densité vivable

L’étalement ne dévore pas toujours les campagnes, il se manifeste aussi par le développement des couronnes urbaines. Une extension des zones périurbaines qui se fait trop souvent par de la construction neuve, au détriment de la rénovation ou de la reconversion de l’existant. Or, les logements neufs coûtent moins cher que l’ancien rénové. Pour répondre à ce problème de prix, Terra Nova propose une « densité vivable », bien que le think tank reconnaisse la dimension oxymorique du terme. L’idée est de développer une ville compacte avec des logements rénovés, réhabilités, mais aussi une construction verticale par surélévation. Une croissance urbaine sans extension horizontale, mais qui doit s’adapter au contexte local. Par exemple, aérer la ville en réhabilitant ses friches industrielles, en créant des trames vertes et bleues (continuité forestière et aquatique). Mais aussi accroître les politiques de développement des territoires désertés, dont l’urbanisation permettrait d’accueillir des centaines de milliers de personnes. Outre outil proposé par Terra Nova, la consultation démocratique des habitants pour aboutir à des décisions collectives et consensuelles.

Quelques entreprises pionnières

Certaines entreprises françaises ont bien compris les enjeux de la ville compacte. C’est le cas de Upfactor, une entreprise qui accompagne les copropriétés et les institutions dans la surélévation de leurs bâtiments afin de gagner en mètres carrés, sans artificialisation. Selon l’entreprise, il y aurait en France 1 million de m2 à développer en zones tendues, soit 25 000 logements à surélever. Sur la question du neuf, c’est l’entreprise Redman, qui a développé la Station F et le siège du journal Le Monde, qui est en pointe. Ses dirigeants reconnaissent volontiers que 30 à 40 % des gaz à effet de serre mondiaux viennent du secteur du bâtiment et de la construction. Face à ce fléau, ils souhaitent limiter la construction du neuf là où c’est strictement nécessaire, et passer pour le reste par de la rénovation, de la réhabilitation et de la construction bas carbone. Redman est le premier promoteur français immobilier entreprise à mission et certifié B Corp.

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