(contenu partenaire) Le Président du Collège des directeurs du développement durable (C3D) et directeur du développement durable, de la Qualité, Sécurité, et de l’Environnement du Groupe Bouygues livre son point de vue sur le boycott de la COP28, à quelques jours de l’évènement international.
The Good : Faut-il boycotter la COP28 ? Pourquoi ?
Fabrice Bonnifet : La politique de la chaise vide n’est pas une bonne idée, les partisans du statu quo climatique doivent comprendre que les lanceurs d’alerte qui se déplaceront à la COP28 finiront par être entendus et que le bon sens finira par l’emporter. Après des décennies d’indignité et d’irresponsabilité, il n’est jamais trop tard pour commencer à renoncer à faire perdurer un système qui nous emmène au chaos. Maintenant participer à la COP28 ne signifie pas forcément se rendre à Dubai…..en avion pour faire contre poids aux lobbies du secteur de l’oil&gaz qui vont s’en donner à cœur joie pour influencer les diplomates des Etats. Il y a heureusement plusieurs façons de participer à cet événement, y compris en restant chez soi.
The Good : Quels sont les sujets que les nations devraient traiter en priorité cette année ?
Fabrice Bonnifet : Le sujet principal selon moi c’est d’arriver enfin à convaincre les Etats de proposer des plans de transition plus ambitieux. Il n’y aura pas de gagnants sur une planète dévastée par les dérèglements climatiques incessants mais les mandats des décideurs politiques sont courts et une partie des mesures qu’il faudrait prendre pour demain ne serait pas comprise aujourd’hui, car l’opinion publique malheureusement ne mesure pas la gravité de la situation. A date, rappelons que la somme des engagements des nations qui ont ratifié l’Accord de Paris conduit à un réchauffement de + 3,2°C, nous sommes bien loin des 2°C et du « si possible » 1,5°C. Et lorsqu’on sait qu’il ne s’agit que d’engagements politiques ! Le sujet du financement du fonds « Pertes et dommages » qui avait été décidé à Glasgow représente un autre enjeu. Mais là aussi, on peut être inquiet du résultat des négociations, les Etats sont surendettés ils ne lèveront pas d’impôts pour réparer les conséquences déjà perceptibles du changement climatique et pour financer des infrastructures résilientes dans les pays du sud. Une solution serait d’instaurer une taxe sur les transactions financières dont une fraction pourrait être affectée au fonds Pertes et dommages et bien entendu s’entendre pour mettre en œuvre une taxe carbone sur les producteurs d’énergies fossiles. Lorsqu’on observe les profits de ces entreprises, on se dit qu’il y a des marges de manœuvre mais hélas pas de volonté d’agir et nous savons pourquoi !
The Good : Qu’attendez-vous de la COP28 ?
Fabrice Bonnifet : Comme chaque année je n’en attends rien et je vais tout de même être déçu ! Les COP existent depuis 28 ans et les émissions de GES augmentent inexorablement tous les ans entre 1 et 2% hors année COVID, c’est dire l’inefficacité de ces grandes messes. Mais on peut aussi se dire que sans les COP cela pourrait être pire. J’espère que les entreprises vont enfin se réveiller et surtout leurs actionnaires. Car penser qu’elles vont pouvoir poursuivre leur développement sur une planète qui part à la dérive relève de l’illusion. La prise de conscience de la vulnérabilité progresse plus vite du côté des entreprises que des États, c’est peut-être une bonne nouvelle car leur pouvoir de transformation est notablement plus rapide lorsqu’elles se décident à agir vraiment.