Frédéric Mazzella, multi-entrepreneur au grand cœur

Selon le classement exclusif The Good/NPA, Frédéric Mazzella est le deuxième influenceur RSE de l’année 2024. Il cumule les casquettes : il est président-fondateur de BlaBlaCar, plateforme de covoiturage et de Captain Cause, nouvelle plateforme qui révolutionne l’engagement des entreprises en faveur des projets à impact social et environnemental. Frédéric est par ailleurs coprésident entrepreneur de France Digitale, la plus grande association de startups en Europe, et animateur vedette de l’émission hebdomadaire Les Pionniers sur BFM Business, dans laquelle il reçoit notamment explorateurs, artistes, entrepreneurs et sportifs pionniers dans leur domaine.

Frédéric Mazzella est diplômé d’un master en physique de l’École normale supérieure (ENS Ulm), titulaire d’un master en informatique de Stanford University (USA) et d’un MBA de l’INSEAD. Avant de fonder BlaBlaCar, Frédéric était chercheur scientifique pour la NASA aux USA et NTT au Japon. Frédéric est également pianiste et grand passionné de musique. Également auteur, Frédéric a récemment partagé son expérience entrepreneuriale en publiant Mission BlaBlaCar – Les coulisses de la création d’un phénomène (Eyrolles – 2022), qui, au travers de dialogues conviviaux, dévoile les méthodes derrière la construction d’une licorne, en partant de zéro. Dès sa sortie, le livre a été qualifié de « Livre de chevet de l’entrepreneur «. Rencontre avec un multi-entrepreneur au grand cœur.

The Good : Quelle est votre vision de l’entrepreneuriat responsable en 2024 ?

Frédéric Mazzella : C’est une belle question, mais avant d’y répondre, j’aimerais tenter de définir ce que l’on peut entendre par entrepreneuriat responsable.

Un entrepreneur cherche à résoudre un problème qui n’a pas encore de solution. Le monde contemporain nous submerge malheureusement de problèmes, dont les plus grands sont liés à un fort développement récent des activités humaines, qui reste aujourd’hui sans vraies réponses. C’est donc tout naturellement que l’entrepreneuriat évolue vers une forme de « responsabilité », pour répondre à ces enjeux.

On constate un essor de l’écosystème entrepreneurial responsable français, avec deux fois plus de startups à impact aujourd’hui qu’en 2021, ayant levé plus de 10 milliards d’euros depuis leur création (selon le mapping des startups à impact 2023 par France Digital en 2023). L’émergence de classements alternatifs, comme l’IMPACT40/120 du Mouvement Impact France, montre le dynamisme de cet écosystème en phase de maturation, qui répond à un besoin concret : 93 % de nos concitoyens veulent agir face aux problématiques sociales et environnementales sans savoir exactement quoi faire, et 90 % pensent que les entreprises ont un rôle majeur à jouer (études Havas, CSA, Oney et OpinionWay).

Dès lors, l’entrepreneuriat responsable convainc de plus en plus, y compris les entreprises déjà existantes qui doivent s’adapter à cette évolution des consciences. Elles aussi se lancent sur des voies d’amélioration pour continuer à attirer des clients et recruter des talents toujours plus en quête d’alignement avec leurs convictions.

Et bonne nouvelle, nous sommes pionniers sur ces sujets en Europe ! Nos entreprises sont des leaders de l’impact (BlaBlaCar, Doctolib, Back Market, Ynsect, Verkor ou Yuka) et influencent positivement les comportements de millions de personnes, en France et dans le monde entier.

Pour continuer à croître, l’écosystème français a besoin de se développer commercialement, notamment en ayant accès à la commande publique et en nouant des partenariats avec des grands groupes. Il est aussi de notre responsabilité collective de faire confiance aux solutions qui émergent de France en les achetant, pour les aider à passer à l’échelle et ensuite envisager sereinement leur mondialisation. Pour ce faire, les startups peuvent compter sur le soutien d’acteurs écosystémiques comme la French Tech, dont 50 % des lauréats du programme French Tech 2030 sont engagés dans la transition énergétique, ou encore de VivaTech, qui n’a de cesse de les mettre en avant.

Je suis personnellement très heureux de faire partie de cet écosystème, également par le lancement de mon nouveau projet Captain Cause (l’inventeur du « Dift » = Don + Gift, le cadeau plein de sens que l’on offre et qui permet à celui qui le reçoit de soutenir l’association de son choix), qui établit un pont entre les entreprises et les associations à impact, en aidant leur financement et l’implication de tous dans le choix des soutiens à leur apporter, avec les moyens des entreprises.

C’est un très bon moment pour rejoindre l’entrepreneuriat responsable !

The Good : Quels sont vos conseils pour entreprendre durablement et de manière responsable ?

Frédéric Mazzella : Aujourd’hui, lorsqu’on lance une entreprise, il faut s’interroger sur l’impact et la responsabilité dès le début : la vision, le modèle économique, le futur des premiers produits ou services sont-ils en ligne avec ce qui semble souhaitable pour le monde futur ? Il faut pouvoir faire cela pragmatiquement, en utilisant des critères simples et se poser la question « Le monde sera-t-il meilleur avec ma solution, ou pas ? »

Se poser ces questions n’est pas toujours un réflexe et les réponses ne sont pas forcément agréables à entendre, mais c’est indispensable aujourd’hui.

Évidemment, le meilleur conseil pour entreprendre de façon responsable est de créer une entreprise « impact by design », dont les bénéfices à la société grandissent au fur et à mesure que l’entreprise croît. Je prends un exemple simple : BlaBlaCar a un effet de diminution de -700 eq. CO2, c’est-à-dire que pour 1 kg de CO2 émis pour la fabrication / le déploiement du service, 700 kg de CO2 sont retirés de l’atmosphère, grâce au partage et à l’optimisation de l’utilisation de véhicules dont les places libres sont remplies par la plateforme de covoiturage. De facto, l’entreprise s’inscrit dans une trajectoire responsable dont elle ne peut pas dévier.

Mais cela ne correspond qu’à une frange des entreprises. Comment faire pour les entreprises dont le produit n’est pas impact dans son ADN ?

En interne tout d’abord, en calculant ses émissions, en réduisant ce qui peut l’être, en prenant en compte la durabilité et la recyclabilité de tout ce que l’on produit et en sensibilisant ses collaborateurs. Bref, en utilisant le bon sens pour polluer le moins possible, et penser long terme.

En externe ensuite, car, si l’on ne vend pas un produit responsable par ADN, on peut le vendre de façon responsable. Cela passe, par exemple, par des labels et des certifications qui engagent l’entreprise vendeuse et attirent les clients.

Et enfin, en suivant des conseils qui s’appliquent à tous les entrepreneurs, pour s’assurer de toujours aller dans la bonne direction (ou du moins, ce qu’on croit l’être) :

  • utilisez vos deux cerveaux quand vous faites un choix : votre tête (rationnel) et votre cœur (émotionnel) ;
  • pensez votre vie, car personne ne le fera pour vous ;
  • choisissez bien vos collaborateurs : c’est la grande chance de l’entrepreneur ;
  • utilisez votre passion comme moteur de votre réussite : ne comptez pas vos heures, et amusez-vous beaucoup !
Emilie Kovacs
Emilie Kovacs
Rédactrice en chef de The Good, est tombée dans la marmite du développement durable il y a une quinzaine d'année. Cette journaliste d'origine hongroise aime mettre en lumière les acteurs et actions à impact, celles et ceux qui font plutôt que celles et ceux qui disent, les solutions plutôt que les critiques. Eternelle optimiste, elle est convaincue que l'être humain pourra se sortir du pétrin écologique dans lequel il s'est fourré. #Team beurre demi-sel, coquillages et crustacés !

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