(contenu abonné) Quand un livre n’est pas vendu, il y a de fortes chances qu’il finisse au pilon. Ce qui engendre un gaspillage important. Soucieuses de privilégier l’économie circulaire dans le secteur du livre, Patricia Farnier et Julie Rovero ont créé My Fair Book, une plateforme qui offre une seconde chance aux ouvrages.
En matière de gaspillage, le livre, aussi, est concerné. D’après le syndicat national de l’édition (SNE), environ 26 300 tonnes de livres sont détruites chaque année en France. Pourquoi ? « On compte près de 40 000 nouveautés par an en librairie. Alors, les livres restent de moins en moins longtemps sur les étals, avec des retours aux éditeurs au bout de deux ou trois mois seulement. Ces éditeurs ont le choix entre le pilon automatique (la destruction), qui est gratuit, ou le stockage, qui génère des frais », constate Julie Rovero. Cette ancienne salariée de l’édition s’est associée à Patricia Farnier, ancienne enseignante, pour créer My Fair Book. Ensemble, elles veulent lutter contre le gaspillage des livres et le manque à gagner des petits éditeurs.
Un modèle pour prolonger la vie des livres
My Fair Book, c’est une plateforme de vente en ligne d’ouvrages sauvés du pilon, grâce à des partenariats noués avec des maisons d’édition indépendantes – dix à ce jour. Les cofondatrices présentent My Fair Book comme « une table de libraire virtuelle », qui met en avant des pépites à la durée de vie en magasin bien trop courte. « Les éditeurs indépendants sont des dénicheurs, ils prennent des risques, ils ont besoin de soutien, insiste Julie Rovero. Cela permet, de plus, de répondre au problème de bibliodiversité, en mettant en avant des auteurs qui ont du mal à se faire connaitre. »
Chaque éditeur propose des livres au comité de lecture de My Fair Book (composé d’une dizaine de personnes soit des bibliothécaires, libraires, grands lecteurs, étudiants, etc.). Si l’œuvre est retenue, le comité la résume en quelques lignes sur le site pour faciliter la mise en vente. My Fair Book ne commande aux éditeurs que de petites quantités, quitte à renouveler l’opération si tous les exemplaires sont écoulés. Et elle n’achète le livre que lorsqu’un internaute valide son panier. Tout est vendu au prix du neuf, en accord selon la loi Lang.
Un service pour les entreprises
Le projet est encore très jeune, puisque la plateforme a été mise en ligne en novembre 2022. Mais il a rapidement plu, puisque les deux cofondatrices ont été soutenues par le programme French Touch de Bpifrance. Elles comptent aussi parmi les lauréats 2022 Social Starter organisé par Les Canaux et ont reçu le soutien de l’association Force Femmes. Cet accompagnement leur a permis de lancer la plateforme et, déjà, d’imaginer d’autres axes de développement. « Actuellement, nous proposons de la littérature et de beaux livres, maisnous aimerions nous ouvrir aux segments jeunesse, BD et manga », avance Patricia Farnier. De même, les entrepreneures veulent démarcher les entreprises, pour qu’elles fassent bénéficier leurs collaborateurs de l’expérience My Fair Book, dans le cadre d’un CE par exemple. Elles sont déjà intervenues en début d’année dans une entreprise du BTP, sensible à l’économie circulaire. Enfin, My Fair Book souhaite ouvrir le don aux associations. Entre les dons et les ventes, Julie et Patricia espèrent sauver 20 000 livres du pilon d’ici deux ans.