(contenu abonné) La fintech Goodvest a lancé cet été un plan épargne retraite. Sa particularité ? Comme les autres produits de Goodvest, son mandat d’arbitrage est 100 % compatible avec l’Accord de Paris. Les cofondateurs de la start-up déplorent en effet que trop de fonds d’investissement, même dits durables, financent les mauvaises industries.
19,9 milliards d’euros : tel est le montant de cotisations collectées dans le cadre de plans épargne retraite en France, d’après les chiffres de la Drees. Et sans surprise, sur fond de réforme des retraites, il s’agit d’une hausse de 27 % par rapport à fin 2020. De l’argent investi massivement, donc… mais où ? « L’épargne des Français reste très carbonée et massivement investie dans les énergies fossiles, intervient Joseph Choueifaty, cofondateur de Goodvest. Même lorsqu’on pense bien faire et qu’on place son argent dans les fonds dits labellisés ISR (investissement socialement responsable), on a à faire à du greenwashing : plus de 80 % des fonds labellisés ISR investissent encore dans les énergies fossiles. » Une tromperie qui l’a incité, avec son associé Antoine Bénéteau, à créer une fintech différente il y a 3 ans. Goodvest propose en effet une assurance vie, une assurance à destination des mineurs et, depuis cet été, un plan épargne retraite… tous alignés sur les engagements de l’Accord de Paris.
Une approche scientifique
Pour concrétiser une telle promesse, Goodvest s’appuie sur une méthodologie scientifique et créée de toutes pièces en interne : trois personnes sont en charge de l’analyse, épaulées par un spécialiste de la data, parmi les 25 collaborateurs que compte l’entreprise. « Nous avons analysé plus d’un millier de fonds dits durables. C’est une méthodologie en entonnoir, avec des critères très stricts. Le premier filtre étant l’exclusion sectorielle. Il concerne la production et l’extraction d’énergie fossile (charbon, pétrole ou gaz), mais aussi d’autres secteurs comme l’armement, le tabac, les divertissements pour adultes, etc. Pus de 80 % des fonds durables ne passent pas ce premier filtre », détaille Joseph Choueifaty. Le deuxième filtre consiste en l’analyse de l’empreinte carbone sur les trois scopes d’émissions de CO2, conduit en partenariat avec le cabinet de conseil Carbon4 Finance. Le troisième filtre, c’est l’évaluation de l’engagement actionnarial des sociétés de gestion avec lesquelles Goodvest travaille. « Nous vérifions qu’elles mènent une politique de vote engagée voire activiste. Au final, 5 % des fonds durables passent nos critères », ajoute Joseph Choueifaty. A savoir, l’action de Goodvest trouve écho auprès de l’assureur Generali, son partenaire clé depuis le lancement de son premier produit. Generali est le dépositaire, il fournit l’enveloppe d’investissements, exécute les transactions. Goodvest effectue la gestion, gère la relation client ainsi que toute l’interface.
Bientôt 1000 PER
Ce que promet Goodvest ? Une approche scientifique, donc, et transparente. Depuis leur espace personnel, les clients ont un accès à un onglet « impact » qui détaille l’empreinte carbone de leur épargne, les émissions de CO2 évitées/réduites, la trajectoire de réchauffement climatique, etc. « Ils ont aussi une vue sur l’impact de l’ensemble de la communauté Goodvest, glisse Joseph Choueifaty. Par ailleurs, nous produisons beaucoup de contenus sur les réseaux sociaux et notre blog, nous enregistrons même des podcasts, dans le but de faire de la pédagogie. En France, l’éducation financière reste faible. Elle l’est davantage quand il s’agit de finance verte. Nous avons un rôle d’évangélisation. »
Goodvest compte à ce jour 5000 clients et a réuni 40 millions d’euros d’investissements. Son prochain objectif ? Dépasser les 1000 contrats PER souscrits d’ici à la fin de l’année. Puis s’ouvrir à d’autres activités autour de l’immobilier ou du private equity.