(contenu abonné) Le brasseur et distributeur, Heineken, entend agir sur ses émissions de carbone, notamment par le biais de l’économie circulaire. Consigne, contenants réutilisables et sensibilisation aux nouvelles habitudes de consommation sont à l’étude voire déjà déployés.
Un portefeuille de 16 marques (la plupart internationales), 6 millions d’hectolitres brassés par an, un professionnel sur 4 du CHR livré, 3700 collaborateurs en France : quand Heineken France s’engage dans une réduction de son empreinte carbone, c’est forcément tout un écosystème qui est entrainé dans son sillage. Le groupe s’est penché sur la question dès 2018 avec une première feuille de route, revue, corrigée et baptisée « Brassons un monde meilleur » en 2021. Elle se consacre à trois aspects : la performance environnementale, la performance sociale et la consommation responsable. Avec, pour ligne de mire, une « réduction drastique des émissions de carbone », selon les mots de Caroline Missika, directrice des affaires publiques, de la communication et de la RSE de Heineken France. Elle poursuit : « Nous nous sommes fixés des objectifs ambitieux que nous voulons maintenir malgré les hausses de l’énergie ou l’inflation générale. Ainsi, nous visons le zéro émissions nettes en scope 3 sur toute notre chaine de valeur d’ici 2040 et le zéro émissions nettes pour les scopes 1 et 2, soit sur notre production, d’ici 2030. »
Le poids des emballages
Les avancées sont régulièrement mesurées lors de chaque présentation du rapport RSE de Heineken France. Le dernier a pointé du doigts les emballages, à l’origine de 39 % des émissions de carbone. D’où la mise en place d’une stratégie des 4R (soit un R de plus que ce que préconise le gouvernement dans la loi Agec) : reduce, replace, report, remove. Ainsi, Heineken France planche sur une récupération des eaux usées ou sur la méthanisation pour réduire sa consommation d’énergie. Si aucune solution n’est trouvée, c’est alors qu’intervient le « remove », à savoir la compensation. Pour l’heure, le groupe n’a pas eu à franchir cette étape qu’il tient à éviter.
Les efforts sont déjà payants car Heineken France affirme être à – 93 % d’émissions de carbone en comparaison à 2018 pour les scopes 1 et 2. Quant au scope 3, il nécessite une vraie réflexion globale avec l’ensemble des partenaires, notamment en ce qui concerne cette question des emballages. « Nous incitons, par exemple, les fabricants de verre à privilégier des énergies renouvelables, en s’équipant de fours électriques ou hybrides, indique Caroline Missika. Nous accueillons aussi toutes leurs innovations qui permettent d’alléger le poids des bouteilles. »
Vers de nouveaux réflexes ?
Qui dit réflexion autour des emballages, dit aussi étude de la consigne. Bien sûr, cette dernière est déjà courante dans le CHR, où 82 % des volumes de Heineken France sont issus du réemploi (de fûts pour les bières pression ou via les bouteilles consignées). En revanche, les choses se corsent en ce qui concerne la grande distribution… « Les consommateurs sont sensibles à toute démarche à impact environnemental, mais la mise en place de la consigne suppose un geste de retour qui n’est pas encore ancré dans leurs habitudes », souligne la directrice RSE. C’est pourquoi, Heineken France réalise des tests grandeur nature : en association avec la start-up spécialiste des contenants réutilisables Bocoloco, la marque propose de la bière Gallia en bouteilles verre consignées dans certains Monoprix de la région parisienne. Une opération ponctuelle destinée à faire évoluer les pratiques de consommation, avant de plus grands tests, à plus grande échelle, prochainement. Un projet encore secret, mais que Heineken France compte bien mettre en œuvre pour offrir davantage de solutions.