La startup américaine Icon a développé une solution innovante pour construire des maisons grâce à l’impression 3D : la technologie pourrait répondre aux enjeux de pénurie de logements qui frappent certaines villes aux Etats-Unis. Pour apporter la preuve de la viabilité de son concept, elle a mis sa technologie à disposition de l’association “Mobile Loaves & Fishes” pour construire un village à destination des sans-abris de la ville d’Austin, au Texas. A l’occasion de SXSW Online 2021, les initiateurs du projet sont revenus sur cette expérience inédite.
“Community First Village est un projet de développement résidentiel de 20 hectares, grâce auquel nous permettons à des sans-abris de quitter la rue, pour leur donner un toit et le soutien de toute une communauté. Nous avons aujourd’hui plus de 200 habitants aujourd’hui”, résume Amber Fogarty, la présidente de “Mobile Loaves & Fishes”, l’association qui porte le projet Community First Village depuis ses débuts.
Situé à une quinzaine de km du centre-ville d’Austin – une des villes américaines les plus touchées par la crise du logement – les premières maisons de ce village sont sorties de terre en 2015. Depuis, le projet s’est étendu et ses promoteurs visent maintenant 500 maisons. Autour de ces habitations, des jardins partagés, une salle des fêtes, des cuisines communes et un marché sont également sortis de terre.
Dans le cadre de sa nouvelle phase d’expansion, Community First Village a voulu étudier les possibilités ouvertes par l’impression 3D dans la construction. La technologie permet en effet d’accélérer la construction des bâtiments et, surtout, de réduire les coûts : un enjeu non négligeable, alors que le projet dans son ensemble représente un investissement de plusieurs dizaines de millions de dollars, fournis par des entreprises, des particuliers et la mairie d’Austin.
Avec son siège dans la capitale du Texas, Icon était le partenaire idéal : cette startup, lancée en 2018, a imaginé une imprimante 3D XXL, capable de construire des maisons en superposant des filets de béton de quelques centimètres d’épaisseur. Quelques jours suffisent ainsi à créer la structure d’une habitation de 50 m2. Cerise sur le gâteau, l’entreprise affiche un bilan carbone plus faible que les constructions traditionnelles grâce à cette méthode qui limite les pertes de matière première.
“Icon a été créé pour répondre à la crise mondiale du logement, avec la volonté de résoudre ce problème grâce à la technologie. Avec Community First, on commence à en voir la concrétisation. On peut maintenant imaginer un monde où ces robots, à grande échelle, pourront construire des dizaines de milliers d’habitations à travers le monde”, s’enthousiasme Dmitri Julius, le chief people officer d’Icon.
Prochaine étape pour la startup : participer à des projets avec des centaines de bâtiments à construire en même temps. Avec cette vision, l’entreprise a ainsi levé 51 millions de dollars en quelques années. Elle est loin d’être la seule sur le marché : sa compatriote Mighty Buildings vient de lever 40 millions de dollars, tandis que le danois Cobod vient de livrer un immeuble de trois étages en Allemagne. En France, une première maison d’habitat social a été construite par un robot-imprimante 3D, dès 2018.
Pour l’heure, seules quelques maisons ont été livrées par Icon à Community First Village : elles ont été imprimées en 3D avec l’imprimante Vulcan II. De moins de 40m2, chacune comprend une chambre, une salle de bain, une cuisine équipée et un salon. “Le mal logement est un problème majeur, pour toutes les grandes villes du monde. Je pense qu’il faut que nous cherchions tous à tester des innovations et à essayer des choses qui n’ont jamais été faites avant, comme l’impression 3D”, souligne Amber Fogarty.
Plus qu’un toit, Community First Village entend fournir, comme son nom l’indique, une communauté sur laquelle peuvent s’appuyer les anciens sans-abri. “C’est bien d’avoir une maison, mais ça ne doit pas être un endroit pour s’y cacher. Un espace sain et sécurisé pour dormir et manger, c’est important, mais vous avez aussi besoin d’échanger, de partager avec des gens”, explique Tim Shea, le premier habitant d’une de ces maisons imprimées en 3D.
“Dans nos journées, nous avons des moments dédiés aux “bad ideas”, généralement à la fin de nos réunions : ce sont des moments pour discuter des idées les plus folles qu’on peut imaginer. S’il y a maintenant sept maisons imprimées en 3D côte à côte dans le Community First Village, c’est grâce à une de ces ‘bad ideas sessions’”. Quelle sera la prochaine “bad idea” de la start-up à voir le jour ? Peut-être construire des maisons sur Mars : la Nasa vient de financer un projet dans ce sens.