07/03/2022

Temps de lecture : 3 min

Joséphine Bournonville (Omie) : “Il faut voir le label BCorp comme une boîte à outils pour s’améliorer”

CEW

Omie, créée en 2021, est une startup engagée, qui s’attache à transformer la façon de consommer et de produire, avec une approche plus équitable et transparente de l’agro-alimentaire. L’entreprise travaille avec une quarantaine de producteurs et groupements agricoles, pour distribuer 200 produits en marque propre, exclusivement en e-commerce. Depuis janvier 2022, Omie est labellisé BCorp. Pour The Good, Joséphine Bournonville, l’une des quatre cofondatrices de l’entreprise, revient sur ce processus de certification.

The Good : Omie a vendu ses premiers produits début 2021. Moins d’un an plus tard, vous venez d’obtenir votre certification BCorp : pourquoi avoir fait le choix de consacrer du temps à cette labellisation ?

Joséphine Bournonville : BCorp est devenu un certificat assez reconnu auprès du grand public et même des investisseurs, en France et à l’international. Nous sommes dans cette optique BCorp depuis le tout début de l’aventure Omie. Par exemple, dès la constitution de l’entreprise, nous avons mis dans nos statuts une clause requise par BCorp, pour préciser que nous agissons “en veillant à avoir un impact sociétal et environnemental positif et significatif dans le cadre de [nos] activités commerciales et opérationnelles”. Nous avons donc été “BCorp pending” pendant notre première année – puisqu’en tant que startup en création, on ne pouvait pas encore être certifiée. Nous sommes aussi entreprise à mission, un statut qui est complémentaire, car il fixe le cap et donne la vision.

TG : Omie étant par nature une entreprise à impact, pourquoi avoir besoin du “tampon” BCorp ?

JB : Nous avons créé Omie parce que nous voulons avoir un impact positif à grande échelle sur la société, via l’alimentation et un nouveau modèle économique. Notre business model est intrinsèquement “BCorp-compatible”, avec une volonté de transparence totale sur la chaîne de valeur. Mais l’intérêt du label est d’en avoir sa confirmation par un tiers de confiance. Car BCorp, ce n’est pas seulement du déclaratif, c’est le fruit d’un audit, dans le cadre duquel on a dû apporter des preuves.

L’intérêt de la certification BCorp est aussi de nous inscrire dans une démarche d’amélioration. C’est une boîte à outils, sur tous les aspects de gouvernance, de culture d’entreprise, d’interaction avec les employés, de rapports avec les fournisseurs… Le processus de certification permet de voir tous les points sur lesquels on pourrait mieux faire les choses. Un autre avantage du label, c’est de valoriser ce qu’on fait déjà, en le quantifiant et en l’exprimant, pour se rendre compte de l’impact qu’on a réellement… et des sujets sur lesquels, au contraire, on n’a pas autant d’impact qu’on imaginait.

Enfin, le label BCorp c’est aussi un filtre qui permet de se reconnaître en tant que pairs. Demain, on pourrait même aller jusqu’à demander à ne travailler qu’avec des entreprises BCorp. C’est quelque chose qui est en train de devenir possible dans le transport, par exemple.

TG : Comment s’est passé le processus de certification ? Vous vous êtes faits accompagner ?

JB : Nous avons réussi à tout faire en interne, mais ça demande du temps ! Mais ce temps ne nous a pas semblé si long, car nous avons déjà une culture bien écrite et documentée. A la création de l’entreprise, nous avons rempli le questionnaire “BCorp pending”, qui nous a permis de voir assez rapidement ce dont on aurait besoin pour être certifié. Il y a eu ensuite 3 mois entre la soumission du questionnaire pour la certification et l’audit, pendant lequel nous avons dû fournir des preuves et des compléments d’information – factures, process,…. Cet audit a commencé fin août 2021 et nous avons reçu la certification début janvier 2022, avec 93,6 points sur 200, alors qu’il en faut 80 pour accéder à la certification BCorp. Le label est valable deux ans, et pour le conserver il faudra montrer que nous nous sommes améliorés sur les différents points évalués.

TG : Quels conseils donner à une entreprise qui voudrait obtenir la labellisation BCorp, sachant que 50% des candidats échouent lors de la phase d’audit ?

JB : Le conseil, ce serait de se lancer le plus tôt possible, même si on sait qu’on n’aura pas tous les points. La première étape, c’est de faire un bilan, puis de consacrer des ressources sur le sujet, pour parcourir le chemin. Il faut aussi que l’impulsion vienne du plus haut niveau de l’entreprise, avec un budget et des personnes dédiées, ainsi qu’un référent à qui on a donné les moyens d’agir. C’est un processus qui peut prendre des années, mais il faut voir le label BCorp comme une boîte à outils pour s’améliorer, un moyen de passer à l’action. Ça accélère et structure les choses !

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