29/05/2023

Temps de lecture : 3 min

« La finance durable devient une réalité de plus en plus visible », Noam Leandri (L’ADEME)

(contenu abonné) Intervenant lors du dernier The Good Forum dédié à la finance durable, le 23 mai dernier à Paris, le secrétaire général de l’Ademe revient sur sa vision de la transition écologique de la finance et les actions de l’Ademe sur le territoire français.

(contenu abonné) Intervenant lors du dernier The Good Forum dédié à la finance durable, le 23 mai dernier à Paris, le secrétaire général de l’Ademe revient sur sa vision de la transition écologique de la finance et les actions de l’Ademe sur le territoire français.

The Good : The Good a organisé le 23 mai dernier The GOOD Forum sur la Finance Durable : est-ce un fantasme ou une révolution en marche selon vous ? 

Noam Leandri : La finance durable devient une réalité de plus en plus visible. Le marché des obligations vertes (green bonds) enregistre des volumes record : 150 milliards d’euros rien qu’au 1er trimestre 2023. C’est plus que sur toute l’année 2017. Néanmoins cela reste encore une goutte d’eau dans l’océan des marchés financiers. Et surtout, il y a encore trop de finance brune. 1000 milliards de dollars seront investis dans les énergies fossiles cette année selon l’Agence internationale de l’énergie.

L’Europe est une locomotive de la finance durable. La taxonomie européenne permet dorénavant de distinguer les activités vertes. Il faut maintenant qu’elle soit mise en œuvre : sur les aides publiques, puis dans la règlementation financière. Le fait que la Banque centrale européenne (BCE) ait décidée de verdir sa politique monétaire est un facteur de transformation systémique. Il faudra être vigilant lors des élections européennes l’an prochain à ce qu’il n’y ait pas de retour en arrière.

The Good : Comment l’Ademe agit sur le territoire français pour financer la transition écologique ?

Noam Leandri : L’agence de la transition écologique est présente sur l’ensemble du territoire métropolitain et ultramarin avec une trentaine d’implantations et plus de 1200 agents engagés dans la lutte contre le changement climatique et la dégradation des ressources. Avec un budget record de 4 milliards d’euros cette année nous pouvons accompagner des milliers d’entreprises et de collectivités dans leur transition écologique. 

Nos priorités pour les entreprises est de les accompagner dans leurs démarches d’éco-conception, de sobriété et de les aider à établir leurs plans de transition. Nous avons ainsi développé la méthode ACT (Assessing low Carbon Transition) qui s’impose au niveau international et qui permet aux entreprises de s’évaluer ou de contrtruire leur plan d’action avec ACT pas à pas. Les entreprises intéressées peuvent répondre à cet appel à candidature.

Pour les collectivités, nous avons aussi lancé un label Territoires engagés qui vient d’être décerné à 44 collectivités comme la métropole de Bordeaux et de Rennes.

The Good : Pouvez-vous nous citer quelques exemples de projets de transition écologique réussi d’entreprises que l’Ademe a soutenu ?

Noam Leandri : C’est difficile de choisir parmi les milliers de beaux projets que l’ADEME soutient chaque année. Chaque jour je vois des PME qui se mettent en transformation et des industriels qui veulent se décarboner. Parmi les dernières que j’ai pu visiter, je pense à la chaine de pizzeria Signorizza qui a des fours à bois et renforce son offre végétarienne. Dans les usines d’Airbus à Toulouse, nous avons financé le passage à l’énergie biomasse à la place du gaz. 

Les zones insulaires ont des contraintes fortes d’autonomie énergétique et de traitement des déchets. Je suis particulièrement heureux que nous ayons soutenu cette année la climatisation d’un hôpital de la Réunion par l’eau de mer (swac) ou, encore, la création du premier centre de tri de Corse avec des aides très significatives de plus de 20 millions d’euros chacun.

The Good : Quelles sont les solutions pour accélérer la transition écologique selon vous ?

Noam Leandri : La transition écologique nécessite des politiques publiques ambitieuses pour changer les règles du jeu. Je dirai que l’on a plusieurs leviers :

  • Les taxes et les aides publiques
  • La réglementation
  • La transparence

A ce stade, on a beaucoup poussé en France et en Europe sur la transparence (article 173, 29 LEC, SFDR, CSRD, …) et on a également permis l’émergence de solutions avec les subventions (électrification véhicules, pompes à chaleur, etc.). Il s’agit maintenant de réellement transiter et ne pas juste ajouter une économie verte à une économie brune. Pour les années à venir, il faut jouer davantage sur les taxes et réglementations, afin de faire décroitre les activités défavorables à l’environnement. Une partie de cette accélération va venir de l’Europe avec une réduction de 62% des permis d’émission carbone d’ici 2030 ou encore l’interdiction des véhicules thermiques en 2035.

Crédits photo : Antoine Humeau

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