(contenu abonné) En partenariat avec la start-up Bibak, la mairie du Xe arrondissement de Paris incite les restaurateurs à privilégier des contenants réutilisables pour la vente à emporter. La démarche a été déployée après une expérimentation concluante, où les salariés locaux ont voulu agir pour réduire les déchets de leur pause déjeuner.
Depuis la mise en application de la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire (Agec) en 2020, les plastiques jetables à usage unique ont progressivement déserté les points de vente. La marie du Xe arrondissement de Paris a, elle, pris les devants de cette obligation pour remettre le système de consigne au goût du jour. Elle a convaincu une soixantaine de restaurants de faire le choix de solutions durables, fournies par la start-up Bibak (ex- Consigne Green Go), soit des contenus réutilisables en verre, avec couvercle hermétique, mis à disposition des clients. Le plus ? Ces derniers sont libres de ramener leur contenant au point de collecte de leur choix dans les 30 jours, afin de récupérer en bon d’achat leur consigne de deux euros. Nul besoin de retourner au restaurant d’origine pour cela. La cerise sur le snack ? Il est possible de ramener son contenant sale, le prestataire se chargeant de le laver, en partenariat avec un Esat local. « Les restaurateurs veulent des solutions rapides et efficaces, avec le moins de frais possibles, intervient Léa Vasa, élue conseillère de Paris, déléguée à la propreté, à la stratégie zéro déchet, et à l’économie circulaire dans le Xe arrondissement. Les emballages aujourd’hui obligatoires sont plus chers que les jetables : ils reviennent quasiment au prix de cette solution de consigne. Quant au client, il doit se sentir libre de ne pas avoir à toujours revenir dans le même commerce : l’effet de réseau est donc important. ».
Un système harmonisé
Pour obtenir cet effet de réseau, il faut démarcher en porte à porte, un par un, tous les restaurateurs. Même si, selon Léa Vasa, « beaucoup ont conscience que c’est un enjeu d’image, qu’il y a une demande à laquelle il faut répondre. » Il faut remonter à 2017 pour connaître les prémices de cette démarche. Cette année-là, la Mairie déploie un projet expérimental rue de Paradis, devenue « Rue Zéro Déchet ». L’objectif est de mettre un maximum d’outils à disposition des entreprises pour réduire leurs déchets, y compris ceux générés durant les pauses déjeuners de leurs salariés. Ainsi naît l’opération « Mardi Gamelle », où tous les mardis, les salariés se rendent chez leurs commerçants habituels et leur demandent d’être servis dans des contenants réutilisables. « Cela a motivé les restaurateurs qui se sont rendu compte qu’il y avait une demande, mais le système était peu pratique car il fallait y penser, laver la boîte, etc. Donc, l’étape d’après, c’était d’imaginer un système harmonisé sur tout le quartier », insiste Léa Vasa.
Bientôt, les gobelets
L’initiative a aujourd’hui trouvé son rythme de croisière. « Il faudrait pouvoir relancer l’opération dans d’autres quartiers pour avoir encore plus de restaurateurs engagés », souhaite la conseillère, qui apprécie toutefois que d’autres arrondissements de Paris se penchent également sur la question. « Avant tout, il faut mettre en place des communautés actives sur le sujet de la transition pour pouvoir générer des changements qui ne peuvent être que collectifs », assure-t-elle. Le prochain chantier ? Démocratiser l’usage de gobelets réutilisables pour les boissons à emporter, auprès d’un maximum de bars du Canal Saint-Martin.