(contenu abonné) Le sujet de la santé mentale avance en France. Mais qu’en est-il plus particulièrement de la santé mentale des jeunes ? Pour Erika Seydoux, cofondatrice de Iamstrong, la marge de progression est encore énorme. C’est pour cela qu’elle a conçu une plateforme dédiée au bien-être des 12-25 ans.
C’est le genre de progression dont se passerait bien. Entre 2021 et 2023, les recours aux soins d’urgence pour troubles de l’humeur, idées et gestes suicidaires ont fortement augmenté. Et celle des 18-24 ans s’est même poursuivi « de façon marquée » en 2023, d’après Santé publique France. « Le Covid a été catastrophique sur la santé mentale des jeunes, confirme l’entrepreneure Erika Seydoux. Cependant, cela a permis de mettre le doigt sur ce sujet-là, même s’il reste du chemin à parcourir. On oublie que 80 % des troubles psychiques à l’âge adulte émergent entre 12 et 25 ans. Aux États-Unis, des applications existent déjà pour que les jeunes puissent parler, revenir sur leur maux. » L’enjeu ? Renforcer ce travail d’évangélisation autour de la santé mentale des jeunes en France, tout en adoptant les usages de cette population ultra-connectée. C’est pourquoi Erika Seydoux, associée à Anne-Claire de Pracomtal, a imaginé la plateforme Iamstrong. Cette dernière propose un accompagnement par des coachs et psychologues au service du bien-être des 12 – 25 ans.
Acteurs de leur santé
Le plus souvent, ce sont les parents qui sollicitent le premier rendez-vous. Eux-mêmes échangent avec un expert pour mieux définir les besoins de leur enfant. « Une des problématiques actuelles liées à la santé mentale des jeunes, c’est l’errance parentale. Il faut donc pouvoir les orienter vers le bon professionnel », souligne Erika Seydoux. Iamstrong intervient en effet aussi bien pour résoudre des problématiques « légères » (troubles de l’apprentissage, perte de motivation, manque de confiance, etc.) ou plus « lourdes » (mal-être, angoisse, troubles alimentaires, harcèlement, etc.). Dans les deux cas, les professionnels (une trentaine en tout) possèdent déjà une solide expérience auprès d’un public jeune. « Cela est nécessaire pour savoir bien communiquer avec eux », soutient la cofondatrice.
Car s’emparer du sujet de la santé mentale des adolescents, c’est aussi savoir s’adapter à leurs usages. D’une part, les jeunes doivent apprendre à reprendre la main sur leur bien-être. Pour cela, la formule de Iamstrong prévoit des activités issues des neurosciences et de la psychologie qui aideront les jeunes à mieux se connaître et à se mettre en action. « Ils deviennent acteurs de leur santé, cela les engage », insiste Erika Seydoux. Ce sont, par exemple, des tests de personnalité, identiques à ce que l’on trouverait dans un magazine féminin… mais conformes à une approche scientifique ! D’autre part, les jeunes peuvent contacter les professionnels qui les suivent via un canal de discussion sur WhatsApp. « Ils ont parfois du mal à se confier. C’est normal, certains ressentent de la honte ou de la culpabilité. Aussi, l’écrit permet de délier la parole, de discuter d’autres sujets », poursuit Erika Seydoux.
Un questionnaire pour les écoles
Lancée en septembre 2023, la plateforme Iamstrong a accompagné plus d’une centaine de jeunes. Entreprise à mission, elle s’est également tournée vers l’association Télémaque qui soutient les adolescents en difficulté : l’aide, pour eux, est gratuite, financée par des entreprises partenaires. « En tout, nous espérons toucher, cette année, 1 000 jeunes et 10 000 d’ici 3 ans », partage Erika Seydoux. Son autre souhait ? Créer un questionnaire de santé mentale qui soit diffusé dans les collèges, dans les lycées, dans les écoles post-bac : « Aujourd’hui, on mesure un établissement à ses résultats académiques, mais on n’a aucune donnée sur le bien-être des élèves… »