« Le bas carbone est l’affaire des 300 000 mayennais », Louis Michel (Département de la Mayenne)

D’ici à la fin de l’année, le Département de la Mayenne aura subventionné 13 projets bas carbone dans le cadre d’un Appel à manifestation d’intérêt (AMI), explique Louis Michel, président de la commission environnement du Département de la Mayenne.

The Good : Quel est donc ce bel AMI et quelle est sa « dot »?

Louis Michel : Cette année, et pour la deuxième édition de son Appel à manifestation d’intérêts (AMI), «Mayenne engagée pour le climat», le Conseil départemental va accompagner 13 projets bas carbone* à hauteur de 920 000 euros. Ces projets portent sur différentes thématiques permettant d’atténuer le changement climatique : la construction et la rénovation de bâtiments bas carbone, la mobilisation des habitants, l’alimentation, l’efficacité énergétique de l’éclairage ou la récupération de chaleur du numérique.

Entre 2023 et 2024, le Département aura débloqué 1 790 000 euros pour accompagner 25 projets exemplaires.

The Good : Quels objectifs vous êtes-vous fixés ?

Louis Michel : Nous voulons atteindre la neutralité carbone d’ici à 2040.

L’équipe d’élus et les techniciens sont très motivés. Les objectifs que nous nous sommes fixés sont très ambitieux : diminuer nos émissions pour passer de 9 tonnes de carbone par an et par habitant, actuellement, à 2 tonnes de carbone par an et par habitant, dans 18 ans. Pour trouver des actions exemplaires, nous avons donc décidé de faire des appels à projets. En 2023, nous avons lancé le, premier AMI et 12 projets bas carbone avaient été validés.

The Good : A partir de quels critères opérez-vous la sélection des dossiers ?

Louis Michel : Le gain, en termes d’émissions, est quantifié par nos experts, Guillaume Salaun, conseiller technique sur l’agenda bas carbone au sein du Département, et son équipe. C’est ainsi que certains projets ont été mis de côté car ils ont estimé que le gain n’était pas assez intéressant. Pour 2024, nous avons retenu 5 projets en fonctionnement et 8 projets en investissement.

La phase de sélection inclut un avis consultatif donné par un groupe de «Jeunes engagés pour le climat», ainsi qu’un jury d’élus. Pour constituer le comité des jeunes, le conseil départemental a fait un appel à candidatures en direction des lycéens et des jeunes gens. Mais c’est l’âge où l’on bouge beaucoup, change de lieu de vie, donc, tous les ans, il nous faut de nouveau recruter.

Les élus restent souverains, bien sûr. La commission permanente du Conseil Départemental valide et détermine les sommes à attribuer. Le comité de jeunes est consultatif mais il permet d’avoir un avis supplémentaire et de donner une indication aux élus sur les sujets qu’ils portent.

The Good : Combien sont-ils, ces jeunes engagés pour le climat, et comment les accompagnez-vous?

Louis Michel : Cette année, ils étaient huit et nous les accompagnons de septembre à juin car nous étudions les projets au mois d’octobre. Nous analysons les dossiers ensemble, nous leur expliquons ce qu’est un projet exemplaire, selon la vision expert, et nous essayons de leur faire formuler leurs propres idées. C’est ensuite eux qui mettent un système de notation en place.

Cette année, les jeunes ont attribué le «Label Jeunes» à 7 projets. Ils ont particulièrement apprécié un projet de restauration de l’unique commerce du petit village de La Gravelle qui fait bar-restaurant, épicerie et point Poste. Il s’agit de le restaurer, en ayant recours à des matériaux biosourcés, de l’isoler et de faire une toiture en panneaux photovoltaïques et.

The Good : Quel type de projets souhaitiez-vous voir émerger ? Et quelle est votre réalité aujourd’hui ?

Louis Michel : Nous voulons des projets innovants et duplicables, variés et répartis sur tout le territoire. Lorsqu’on est un Département qui réunit neuf communautés de communes et agglomérations, il faut veiller à bien accompagner des projets sur tout le territoire et de s’assurer de leur diversité. En outre, nous essayons d’essaimer car le bas carbone est l’affaire des 300 000 mayennais. Le développement durable, tout le monde doit s’en saisir ! Il faut que tous les mayennais se lancent dans ce challenge, s’engagent dans la sobriété.

L’an dernier, nous n’avions ouvert l’AMI qu’aux collectivités. Cette année, nous l’avons ouvert aux associations afin de fédérer d’avantage d’acteurs.

The Good : Quel est l’impact de cet AMI ? Est-ce que les dotations constituent un bonus pour des projets qui auraient été concrétisés de toute façon, ou est-ce que certains projets n’auraient pas vu le jour sans cela ?

Louis Michel : L’objectif est de verdir les projets existants. Je pense que ces AMI donnent envie d’aller plus loin aux porteurs de projets. Pour qu’un projet soit bas carbone, il faut intégrer des dimensions spécifiques que nous expliquons aux porteurs de projets qui nous contactent en vue d’avoir une subvention. Pour avoir cette aide, ils vont alors pousser le projet plus loin.

Pour la rénovation du commerce de La Gravelle, par exemple, nous avons donné 100 000 euros. Bien sûr que cela ne permet pas de financer tout le projet, mais c’est une aide non négligeable qui peut venir s’ajouter à d’autres.

The Good : Et est-ce que votre « tampon » leur permet d’obtenir davantage auprès d’autres financeurs ?

Louis Michel : Pas directement, non. Mais c’est une reconnaissance. Prenons le projet de création d’une maison de santé pluriprofessionnelle en paille à Château-Gontier (projet porté par la Communauté de communes du Pays de Château-Gontier), nous amenons 200 000 euros sur 3,8 millions ; cela ne représente que 5% mais le fait d’avoir le tampon bas carbone conforte le projet et l’engagement de la collectivité.

Sur les contrats de territoire, un autre dispositif d’aide pour les collectivités il y a un bonus pour les projets bas carbone. Le logo «Mayenne engagée pour le climat», est récent, il n’est pas encore reconnu et ne constitue donc pas encore une véritable reconnaissance.

The Good : Est-ce qu’il y a des sujets que vous auriez aimé voir émerger et qui ne sont, pour l’instant, pas représentés ?

Louis Michel : Nous avons eu beaucoup de demandes de financement qui concernent le bâti (rénovation/réhabilitation, végétalisation des cours d’école, etc.) ; c’est la principale demande des communes avec les réseaux de chaleur, mais nous aimerions avoir des projets de type déchetterie du futur ou déchetterie inversée avec des projets originaux sur le réemploi ou la récupération. Nous aimerions également voir émerger des projets sur les enjeux de la mobilité.

*L’ensemble des projets aidés par le Département lors des deux éditions de l’AMI sont présentés sous forme de cartographie sur le site de lamayenne.fr

Marie Beirard
Marie Beirard
Grande curieuse de la planète média, mon chemin journalistique a arpenté la PQR et la presse professionnelle. Depuis une vingtaine d’année, j’ai chaussé mes godillots de rédactrice, SR/maquettiste, première SR et rédactrice en chef. Armée de mon crayon, je tente de comprendre les rouages de notre monde pour mieux le préserver. La RSE est pour moi une vraie boussole !

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