A l’occasion du salon Retail’s Big Show de la NRF à New York, Javier Quiñones, le PDG et Chief Sustainability Officer d’Ikea aux Etats-Unis, revenait sur les initiatives du groupe en matière de développement durable, alors qu’au même moment, le géant suédois du meuble publiait son “Sustainability Report” mondial annuel.
« Nous voulons rendre le développement durable abordable pour le plus grand nombre, et pas seulement à quelques-uns, » explique Javier Quiñones, pour résumer la démarche d’Ikea. Une vision qui s’inscrit dans la droite ligne de l’ADN démocratique du géant suédois. Mais comment concilier produits abordables et respect de l’environnement, surtout lorsqu’on est associé à des meubles en kit, produits en masse, et renouvelés régulièrement ?
Ikea est désormais producteur d’électricité renouvelable
Si Ikea n’a pas encore résolu l’équation, il multiplie les initiatives et le fait savoir, tout en insistant sur son engagement de long terme en la matière. Le PDG du groupe aux Etats-Unis cite ainsi les efforts entrepris de longue date pour populariser l’éclairage led auprès de ses clients, alors que les ampoules initialement vendues 7 ou 8$ sont désormais accessibles pour seulement 1,29$ dans ses magasins américains.
Cet enjeu énergétique est aussi pris en compte à une échelle bien plus large : le groupe vise pour 2030 une utilisation à 100% d’énergie renouvelable dans toute sa chaîne de valeur, qu’il s’agisse de l’électricité, du chauffage, de la climatisation ou du carburant. Pour cela, Ikea est devenu producteur d’énergie renouvelable et prévoit d’accélérer ses investissements : 4 milliards d’euros ont été budgétés d’ici à 2030 pour construire des parcs éoliens et solaires, et équiper ses magasins de points de charge pour véhicules électriques. Ces investissements s’ajoutent à ceux déjà consentis sur le sujet depuis plusieurs années. « Aujourd’hui, aux États-Unis, nous produisons plus d’énergie que celle que nous consommons », souligne ainsi Javier Quiñones.
En parallèle, le groupe investit également dans l’agro-foresterie, avec l’ambition de devenir “forest-positive”, notamment à travers la promotion d’une gestion durable des forêts et une lutte contre la dégradation de la biodiversité et la déforestation.
Devenir une entreprise circulaire d’ici 2030
Au-delà de cet enjeu des ressources et des matières premières, Javier Quiñones insiste sur la « vision 360 » développée par son groupe, dans le but de réduire son impact tout au long du cycle de vie des produits, de leur matière première à leur usage chez les clients, en passant par leur transport ou leur commercialisation.
D’ici à 2030, Ikea prévoit d’être devenu une entreprise “circulaire”, en favorisant notamment le réemploi des matériaux et le recyclage. C’est par exemple déjà le cas de la gamme de cuisines Kungsbacka dont les portes sont fabriquées à partir de plastique recyclé. Le groupe teste également de nouveaux modèles, comme le “buyback and resell”, expérimenté dans quelques magasins aux Etats-Unis. “Vous pouvez nous rapporter n’importe quel produit à Ikea : on vous le rachètera, et on s’assurera qu’il puisse vivre une seconde vie chez quelqu’un d’autre, » explique le PDG. A l’international, ce système est déjà mis en place dans 26 pays. Mais la marche est encore haute pour atteindre cet objectif de circularité, qui impose des changements de modèle économique et d’approche business.
Un changement culturel, une question de leadership
Comme bien des transformations, cette nouvelle approche implique donc un changement culturel, qui commence au plus haut niveau de l’organisation. La double casquette de CEO et de CSO portée depuis deux ans par Javier Quiñones aux Etats-Unis en est l’illustration. « C’est une question de priorité business, mais aussi de leadership. Cela ne peut avancer que si les dirigeants se saisissent du sujet et s’impliquent totalement”, explique-t-il.
Le document de référence d’Ikea sur sa stratégie de développement durable porte le nom de “People and Planet Strategy” : “la transformation dont nous parlons aujourd’hui doit aussi prendre en compte les enjeux sociétaux et les questions de gouvernance”, précise le PDG. Parmi les champs d’action d’Ikea en la matière : les sujets de diversité et d’inclusion, mais surtout les conditions de travail chez les sous-traitants. Là encore, le groupe veut adopter une approche qui englobe toute sa chaîne de valeur.
En conclusion, Javier Quiñones partage un dernier conseil à ses pairs, pour piloter au mieux ces sujets de RSE et d’ESG : « assurez-vous d’avoir un plan à long terme, avec des objectifs à court terme que vous pouvez mesurer. Nous parlons de 2050, de 2040, de 2030… Les plans à long terme risquent de nous endormir, c’est pourquoi il faut aussi avoir des objectifs clairs à court terme, qui assurent que vous êtes sur la bonne voie et vous mènent à l’objectif final. »