« Les micro-forêts, un thème fédérateur qui donne de l’espoir aux gens », Marielle Schmidt (Foncière Logement)
Foncière Logement développe un programme de plantation de micro-forêts dans ses résidences « pour ramener de la vraie nature en ville » et améliorer la qualité de vie des habitants, explique Marielle Schmidt, directrice administrative et juridique de Foncière Logement.
Foncière Logement développe un programme de plantation de micro-forêts dans ses résidences « pour ramener de la vraie nature en ville » et améliorer la qualité de vie des habitants, explique Marielle Schmidt, directrice administrative et juridique de Foncière Logement.
The Good : Qu’est-ce qu’une micro-forêt urbaine comme celle que vous avez plantée l’hiver dernier à Gennevilliers ?
Marielle Schmidt : Les micro-forêts ont été expérimentées au Japon par le botaniste Akira Miyawaki dans les années 80. Il a conçu une méthode de plantation de forêts pour les grandes zones urbaines japonaises afin d’apporter de la fraîcheur dans les zones à forte densité. Les micro-forêts forment un écosystème naturel qui ont un impact sur leur environnement et sur la qualité de vie des habitants des quartiers. L’objectif est de ramener de la vraie nature en ville.
The Good : Sont-elles toujours liées à une résidence à construire ? Ou avez-vous planté des micro-forêts indépendamment de votre bâti ?
Oui, les micro-forêts sont plantées dans notre parc existant en requalifiant des espaces extérieurs ou dans notre parc en cours de construction. Dans ce dernier cas, la micro-forêt est envisagée dès la conception du programme de logements et fait partie intégrante du projet.
Il y a quelques contraintes pour implanter une micro-forêt : pleine terre, surface minimale de 100m² après respect de distance de retrait avec les bâtiments, le domaine public… Tous nos programmes, dans le parc construit et en cours de construction/conception, ne remplissent pas toutes les conditions. Nous avons besoin du foncier avant tout pour produire des logements.
The Good : Comment installe-t-on une micro-forêt en ville ?
Marielle Schmidt : En amont, il faut travailler le sol pour le rendre vivant car, dans les quartiers où nous intervenons (QPV) nous rencontrons très souvent un problème de vitalité du sol, lequel est très appauvri. Il y a donc un travail de préparation du sol qui consiste à apporter de la terre végétale et du compost, pour permettre aux micro-organismes et aux insectes de s’y développer.
Une fois le sol ainsi enrichi, il faut choisir un grand nombre d’essences d’arbres et de plantes endémiques pour ensuite les planter de façon très dense. Au nord de la Loire, il convient de planter 3 pieds au m2, 4 pieds au sud de la Loire, et d’associer, dans chaque mètre carré chacune des trois strates d’une forêt naturelle : arbuste, arbre de taille moyenne, grand arbre. Le principe est que, mis en compétition les uns avec les autres pour aller vers la lumière, les végétaux vont pousser très vite. Ensuite, on éclaircit. C’est un processus naturel qui permet, en 4 ans, d’obtenir un écosystème forestier comprenant des arbres qui dépassent les deux mètres de haut.
The Good : Comment est né ce projet ?
Marielle Schmidt : Le projet des micro-forêts urbaines est né en 2021, dans une période post-confinement. Nos collaborateurs étaient invités à revenir au bureau et nous avions envie de les fédérer autour d’un projet. A l’époque, nous avons réalisé une fresque du climat mais, à l’issue de ce team building, nos collaborateurs nous ont demandé quelles actions nous pourrions mettre en place pour la planète. L’équipe de direction nous a alors challengé sur ces enjeux de réchauffement climatique.
Nous avons alors appris qu’un promoteur, qui construisait à Champigny-sur-Marne, proposait un traitement paysager innovant, avec l’aménagement d’un îlot de fraîcheur. Nous nous sommes intéressés à ce sujet et l’un de nos chefs de projet, qui avait travaillé au Japon dans le cadre d’une formation d’architecte, nous a parlé des micro-forêts urbaines conçues dans ce pays. Il m’a dit « Je crois qu’il y a là un sujet pour nos constructions en milieu très urbanisé » et il m’a proposé le protocole mis en place par Akira Miyawaki.
Nous avons alors étudié le rapport coût et bénéfices et nous nous sommes dit que cette démarche est à généraliser autant que possible. Nous avons donc lancé notre programme de plantations de micro-forêts dans nos résidences.
The Good : Ce type d’aménagement est-il plus onéreux qu’un espace paysager classique ?
Marielle Schmidt : Notre premier retour d’expérience nous permet de dire que c’est quasi équivalent en termes de coût par rapport à un espace paysager classique, au moment de la plantation. Les bénéfices en termes économiques sont attendus dans les 4 années après la plantation, lorsque la micro-forêt sera autonome et ne nécessitera ni apport d’eau, ni entretien.
The Good : Il s’agit de compétences très particulières… Est-ce vous, Foncière Logements, qui concevez les plantations ?
Marielle Schmidt : Foncière Logement est un pouvoir adjudicateur au sens de la règlementation de la commande publique. Nous avons passés trois marchés suite à appels d’offres : une assistance à maîtrise d’ouvrage qui nous aide à monter les projets et nous assiste dans les démarches à faire. C’est Alvéole en ville. Ensuite, et sur la base du cahier des charges préparé par Alvéole en ville, nous avons sélectionné un opérateur pour planter les micro-forêts. C’est Urban Forêt ; une société belge dont c’est la spécialité : elle ne travaille que sur les micro-forêts. Puis, il y a Valhoriz, un écologue, qui va mettre en place le monitoring complet de quatre de nos micro-forêts (Lingolsheim, Villepinte, Vénissieux et Vitrolles), qui sont situées dans quatre régions très différentes avec des climats très différents. Valhoriz va mesurer la température, la qualité de l’air, du sol, etc., et ainsi voir la « performance » de ces micro-forêts, leur action sur l’environnement et leur contribution au confort de vie dans les quartiers où elles ont été implantées.
The Good : Combien de micro-forêts avez-vous plantées ? Et sur quelles superficies ?
Marielle Schmidt : A ce jour, nous avons planté 23 micro-forêts. Elles vont de 100m2, à Antibes, à 600m2, à Vitrolles. Sur ces 600m2, nous avons planté 1800 arbres. 500 à 600m2 constituent les dimensions idéales pour une micro-forêt. La dernière que nous avons réalisée est celle de Gennevilliers. La prochaine sera plantée à Bagnolet, en octobre prochain.
The Good : A Gennevilliers (92), la micro-forêt a été baptisée Mortelle Adèle, comme le personnage de bande-dessinée ?
Marielle Schmidt : Nos 23 micro-forêts portent toutes de jolis noms sur le thème des personnages de bande-dessinée et dessins-animés car nous associons à notre démarche aussi souvent que possible les enfants des écoles. A Gennevilliers, ils ont planté les cent derniers mètres carrés et trouvé le joli nom de leur micro-forêt
En amont des plantations, nous organisons des animations sur les communes pour associer nos locataires et, plus largement, les habitants des quartiers. C’est un thème fédérateur qui donne de l’espoir aux gens. Ils ont le sentiment, justifié, d’œuvrer pour le climat. Et les enfants sont très fiers de planter des arbres.
Ces actions font fortement écho à la politique RSE du groupe auquel nous appartenons, Action Logement, qui a une forte dimension sociale. Le volet sociétal est pédagogique est également important. Nous mettons beaucoup d’informations sur les micro-forêts à la disposition des habitants. Et nous les invitons à s’impliquer dans le projet.
The Good : Comment travaillez-vous avec les élus des communes sur lesquelles vous installez ces micro-forêts ?
Marielle Schmidt : A Gennevilliers, par exemple, je suis allée voir Anne-Laure Perez, première adjointe au maire en charge de l’urbanisme et Délia Toumi, adjointe en charge des affaires scolaires pour leur présenter le projet avant plantation, à elles et aux services internes de la mairie. Leur accueil a été très chaleureux. Ils étaient d’autant plus intéressés qu’ils sont confrontés, comme beaucoup de villes en zone très urbanisées, à la difficulté de préserver leurs arbres à hautes tiges. Très motivés, ils envisagent de planter d’autres micro-forêts sur la commune.
Foncière Logement
Créée en 2002 en application d’une convention conclue avec l’État, gérée par les partenaires sociaux, Foncière Logement est une association à but non lucratif, membre du groupe Action Logement. Investie de missions d’intérêt général, Foncière Logement construit et gère des logements abordables pour les salariés du secteur privé ; elle favorise la mixité sociale en investissant dans les zones tendues et les quartiers prioritaires de la politique de la Ville ; elle lutte contre l’habitat indigne et insalubre.
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