Les océans jouent un rôle clé dans la régulation du climat et la biodiversité… Mais ce sont encore des écosystèmes trop méconnus. Comment les protéger et les étudier tout en utilisant au mieux leurs ressources ? C’était l’une des questions posées aux participants de l’Oslo Innovation Week 2021, qui se tenait dans la capitale norvégienne et en ligne en septembre dernier.
“Quand on y réfléchit, chacun des 17 objectifs de développement durable de l’ONU est lié, d’une manière ou d’une autre, aux océans, voire directement affecté par eux”, explique Andreas Graf, de la Oslo Metropolitan University, alors que celle-ci vient d’ouvrir un “Oceanlab” dans la capitale norvégienne. “Nous savons que 90% de la chaleur produite par l’homme est absorbée par les océans. Ils absorbent également 30% de tout le CO2 émis sur terre”, précise Erik Giercksky, le responsable de la plateforme d’action pour les océans de l’ONU.
Utiliser l’océan de façon plus intelligente
Erik Giercksky opère dans le cadre de l’United Nations Global Compact, une structure créée il y a plus de 20 ans par Kofi Annan pour réunir les entreprises du secteur privé du monde entier et les faire collaborer ensemble, afin d’agir en direction des objectifs établis par les Nations Unies. 13 000 entreprises participent ainsi aux travaux de l’organisation, aux côtés de 4 000 ONG.
« Nous devons utiliser l’océan plus intelligemment. Nous pouvons utiliser son énergie d’une manière ou d’une autre, via l’énergie marémotrice, ou plus probablement avec l’énergie éolienne, grâce aux parcs offshore qui peuvent remplacer une grande partie des productions actuelles de pétrole et de gaz”, explique le représentant de l’ONU. Celui-ci considère ainsi que les océans sont un levier essentiel pour espérer limiter l’impact du réchauffement climatique à 1,5 degré en 2050.
En parallèle, les activités humaines liées aux océans doivent réduire leur empreinte : “nous devons décarboner l’océan, qu’il s’agisse du transport maritime ou de toutes les autres activités en mer. Nous pouvons également avoir une production alimentaire plus durable, moins émettrice de CO2,” ajoute-t-il. L’aquaculture pourrait notamment permettre de produire de la nourriture avec une empreinte environnementale bien moindre que sur terre.
Faciliter le passage à l’échelle des solutions
Une grande partie du travail de l’United Nations Global Compact est d’établir une liste des pistes d’amélioration de l’empreinte carbone des activités liées aux océans, à commencer par le transport maritime. “Il s’agit aussi de trouver des moyens pour capturer le carbone grâce à des solutions naturelles, comme les algues ou d’autres moyens de stocker plus de carbone dans les océans. Il y a déjà des technologies, mais il faut les faire passer à l’échelle, en nous appuyant sur la science et des résultats prouvés.”
Christine Spiten, qui se présente comme “co-capitaine” d’EntrepreneurshipOne, travaille elle aussi à identifier des solutions liées aux océans. Son organisation, initiée par Johan Brand, le fondateur de la licorne norvégienne Kahoot!, s’est donnée un but : “connecter les créateurs de solutions, les innovateurs, les investisseurs et tous ceux qui s’attaquent aux enjeux les plus importants pour les océans.”
Mieux comprendre les fonds marins
La jeune femme est aussi à l’origine de la startup Blueye Robotics, qui a conçu un drone aquatique : celui-ci est utilisé pour l’aquaculture, la maintenance des infrastructures immergées (barrages, navires, plateformes pétrolières, ports…), mais aussi pour la recherche océanographique.
“Il est très difficile d’étudier les océans, et tout particulièrement ce qu’il se passe dans les eaux très très profondes. L’une des plus grandes complexités tient au fait qu’il n’y a pas de GPS sous l’eau, ni d’ondes électromagnétiques, donc pas non plus de wifi. Les satellites ne peuvent pas dépasser la surface de l’eau : dès que vous pénétrez à quelques centimètres en dessous de la surface, vous êtes seuls et il devient très difficile de collecter des données”, rappelle Alex Alcocer, un professeur de robotique à l’Oslo Metropolitan University.
Avec des robots autonomes comme celui de Blueye Robotics, les chercheurs ont l’espoir de pouvoir prochainement progresser dans leur connaissance des fonds marins, dans le but de développer des solutions durables, en tirant parti de toutes les possibilités offertes par les océans. Mais la route est encore longue.