(contenu abonné) Pour structurer son engagement environnemental, LVMH suit son programme Life 360. Ce dernier pose les jalons d’une démarche durable par étapes, pour 2023, 2026 et 2030. Le 14 décembre dernier, le groupe de luxe a réuni les dirigeants de ses différentes maisons ainsi que des partenaires externes pour dresser le bilan encourageant de sa feuille de route.
« Nous n’avons pas le luxe d’attendre ». Sur la scène de l’auditorium de l’Unesco, à Paris, Hélène Valade, directrice développement environnement de LVMH donne le ton : le groupe de luxe s’est engagé pour améliorer ses pratiques et le prouve à grand renfort d’exemples concrets et de chiffres. Jeudi 14 décembre 2023, LVMH a en effet réuni directeurs de maisons, collaborateurs et partenaires pour revenir sur la première étape de son programme de développement durable, Life 360.
La feuille de route prévoit trois temps de bilan : en 2023, 2026 et 2030. Les efforts portent sur quatre axes prioritaires : la circularité créative, la transparence et traçabilité, la biodiversité, le climat. Ainsi, en matière de circularité, par exemple, l’emblématique magasin parisien du Bon Marché accueille désormais un service réparation. Par ailleurs, pour favoriser l’écoconception, le centre de recherche et innovation de LVMH baptisé Gaïa travaille notamment sur une matière réalisée à partir de plastiques ramassés sur la plage puis recyclés pour Dior. On peut également citer les écorecharges du parfum Aqua Allegoria de Guerlain, ou encore le programme global de formation des collaborateurs du groupe LVMH. Sur ce dernier point, Hélène Valade insiste : « Il s’agit de leur donner les compétences en matière d’écoconception ou de mesure carbone, pas seulement de les sensibiliser. »
Des voyants au vert
Aussi, lors de cette journée, le bilan partagé se veut plutôt positif. Les efforts ont porté leurs fruits, presque partout. LVMH annonce un état d’avancement complet ou quasi complet sur trois des quatre piliers, à l’instar de la traçabilité. « Nous sommes confiants grâce aux standards écologiques robustes de nos filières d’approvisionnement que nous avons définies et qui ont particulièrement progressé ces deux dernières années, ajoute Hélène Valade. Ainsi, nous sommes en mesure de connaître le pays d’origine de nos matières premières stratégiques comme les cuirs, les laines ou les diamants, à hauteur de 95 %. »
En revanche, le point noir reste la partie « climat », la gestion énergétique des boutiques du groupe pouvant encore être perfectionnée. LVMH souhaitait doter ses 5 000 boutiques à travers le monde d’outils de pilotage et de mesure de la consommation énergétique, mais il se heurte à la difficulté d’un tel objectif, surtout quand les dites-boutiques sont installées dans des centres commerciaux. « Nous avons noué des partenariats avec certains gestionnaires de mall qui nous permettront d’améliorer la situation, glisse Hélène Valade. Nous avons commencé en Chine il y a un an. Plus récemment, nous avons signé lors de la Cop28 un partenariat avec les quatre plus importants centres des Etats arabes unis. »
Désirable et durable
En vue de 2026, le groupe veut désormais accélérer. « Nous n’agissons pas parce que nous nous sentons obligés de le faire, mais parce que cela a du sens, clame Antoine Arnault, fils aîné de Bernard Arnault, chargé notamment de l’image de LVMH, lors de sa prise de parole au Life 360 Summit. Le luxe doit prendre soin des choses rares et précieuses. Il doit incarner un avenir désirable. Et cette désirabilité signifie aussi se demander quel type d’avenir nous souhaitons et comment faire pour qu’il devienne une réalité. »
Les objectifs de LVMH ? Atteindre une réduction de 50 % des émissions des scope 1 et 2 à horizon 2026 (pour 21 % enregistrés en 2022) et de 55 % pour le scope 3 en 2030. Le groupe de luxe veut aussi réduire sa consommation d’eau de 30 % d’ici à 2030 et en finir totalement avec la déforestation à l’échéance 2025. LVMH a aussi communiqué sur son objectif de réduction de l’empreinte environnementale de ses clients et fournisseurs (scope 3) qui représente 90% de son propre impact, avec un programme d’action « Life 360 business partners » destiné à aider les prestataires dans leurs démarches. « Pour atteindre nos objectifs ambitieux de scope 3 à la fois en termes d’émission carbone mais aussi d’impact sur l’eau et la biodiversité, la mobilisation des fournisseurs est essentielle », souligne Hélène Valade.
« L’action pour le climat et la biodiversité ne sera efficace que si elle se pense comme une vraie stratégie industrielle », a déclaré le PDG de LVMH, Bernard Arnault à l’issue de la journée où était également présents le concurrent Chanel ou des entreprises d’autres secteurs comme Pernod Ricard.
Rendez-vous dans trois ans pour le prochain point d’étape de LVMH, numéro un mondial du luxe, propriétaire de 75 marques (Louis Vuitton, Dior, Moët Hennessy, Guerlain…), qui a réalisé un chiffre d’affaires de 62 milliards d’euros sur les neuf premiers mois de 2023.