(contenu abonné) La capitale de la région Rhône-Alpes intègrera désormais des critères sociaux et environnementaux dans ses choix de banques pour effectuer ses futurs emprunts.
Après avoir émis, au début du mois, sa première obligation verte et accueilli le Forum de la finance éthique à la même époque, la municipalité de Lyon (69) a adopté, le 10 novembre dernier, l’intégration de critères environnementaux et sociaux dans la sélection des établissements bancaires auprès desquels elle pourrait emprunter des fonds.
Pour justifier l’intégration de ces nouveaux indicateurs, Audrey Henocque, première adjointe au maire, rappelle que “des ONG ont démontré que les investissements de certaines banques sont climaticides ». Cela signifie que ces dernières financent le développement et l’exploitation des énergies fossiles ou d’entreprises faisant fi des droits sociaux. Une vision qui ne correspond pas à celle proposée par le parti Europe Ecologie-les Verts, à la tête de la ville depuis juin 2020.
La décision récemment prise vient entériner une volonté déjà assumée. Lors de la contraction d’un prêt de 20 millions d’euros réalisé en 2021, la municipalité avait sélectionné des “banques engagées” –la Banque Postale, le Crédit Coopératif, la Nef, la Banque des transitions énergétiques et Crédit mutuelle Arkéa- assume Audrey Henocque. Au total, l’encours de dette de la ville s’élève à 380 millions d’euros en 2022.
Un travail collaboratif avec des ONG
« Nous avons collaboré avec des ONG – Reclaim Finance, Oxfam, les Amis de la Terre et le Forum pour l’investissement responsable- pour élaborer un questionnaire RSE d’une trentaine de questions que nous soumettons aux banques qui veulent nous prêter des fonds » , développe la première adjointe au maire. « La Ville n’a pas les compétences pour vérifier ce type d’engagements ». Ces informations, déclaratives, sont ensuite vérifiées par Reclaim Finance qui épluche les rapports des conseils d’administration.
Si des critères environnementaux et sociaux devront obligatoirement être pris en compte dans l’analyse finale de chaque candidature, cela ne signifie pas que les établissements finançant des énergies fossiles seront automatiquement exclus du processus de sélection. « Nous choisirons les banques qui réalisent le plus d’efforts en faveur d’une transition” vers des investissements plus responsables, admet Audrey Henocque.
Concilier engagement et compétitivité
Ces indicateurs ne se substituent pas non plus aux indices classiques comme le taux d’emprunt proposé, l’objectif n’étant pas de faire exploser la dette de la ville. « Nous avons réussi à obtenir un taux dans la moyenne » pour notre dernier emprunt, assure la première adjointe, rejetant ainsi une remarque de l’opposition -portée par le parti des républicains- qui préférerait “voir négocier de bons taux, en toute impartialité”. La ville de Lyon a également dû faire face à des interrogations sur ses liens avec la Nef, une banque considérée comme éthique dont le nom a été cité dans un récent rapport de la Mission interministérielle de la vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Milduves).
Des blâmes qui n’entament pas la volonté de la ville de se tourner vers une finance plus éthique pour soutenir le développement de futurs projets de transition environnementale et sociale.