27/05/2024

Temps de lecture : 4 min

Maker Week : une semaine pour agir positivement grâce au digital

Du 10 au 14 juin, les étudiants en mastère de Digital Campus ont une semaine pour s’initier à de nouvelles technologies et proposer des solutions digitales au bénéfice de structures ayant une action positive sur l’environnement ou la société.

Du 10 au 14 juin, les étudiants en mastère de Digital Campus ont une semaine pour s’initier à de nouvelles technologies et proposer des solutions digitales au bénéfice de structures ayant une action positive sur l’environnement ou la société.

Chaque année, l’école Digital Campus (2 500 élèves en France, 700 à Paris) organise une semaine consacrée à la Tech4Good. D’un côté, des éditeurs de solutions digitales (Adobe, Ausha, Autodesk, Figma, Make, Microsoft, Notion, Tableau), de l’autre des projets à impact soutenus par les acteurs de l’économie sociale et solidaire, Ashoka, Creatis, La Ruche, Singa et L’Escalator ; au centre, 300 étudiants en mastère répartis au sein de 12 ateliers thématiques : IA, automation, design 3D, montage vidéo, no code, AR, VR, podcast, impression 3D, design d’interface etc. Quatre jours plus tard, une centaine de livrables remis aux 12 projets bénéficiaires pour augmenter et accélérer leur impact positif. Ce format pédagogique original illustre comment chacun peut utiliser la puissance et la versatilité du digital pour imaginer des solutions respectueuses des enjeux environnementaux.

Les impacts paradoxaux du digital

Omniprésent, on ne peut plus faire sans le numérique. Glisse-t-on vers une dématérialisation dangereuse ou bien trouverons-nous dans les outils digitaux une réponse à la nécessaire transition environnementale de nos sociétés ?

Depuis la publication du rapport du Shift Project sur l’impact environnemental des usages numériques en 2018[1], la suspicion est de mise. Derrière l’apparente évidence d’un numérique vecteur de croissance, le rapport nous révèle que la transition numérique n’est pas si vertueuse et que le numérique pèse 3,7% du total des émissions mondiales de CO2? Y a-t-il un bug dans les technos ? Faut-il renoncer aux services numériques pour réussir à maintenir l’impact de l’activité humaine en-dessous des 9 limites planétaires[2] ?

Aurore Stephant[3], géologue, rappelle que la dématérialisation de l’économie s’accompagne d’une matérialité terriblement délétère pour l’eau et les sols. Quel paradoxe ! La fabrication d’un smartphone de 300 gr requiert l’extraction et le traitement de 250 kg de matières premières, 100 kg d’émission de CO2 et 80 000 litres d’eau. En changer tous les deux ans, c’est doubler sa consommation annuelle domestique d’eau ! Pourtant un smartphone, c’est une capacité de stockage équivalente à la bibliothèque du Congrès et une capacité de calcul supérieure (largement !) à celle requise pour faire alunir Apollo 11.

Calculer les bénéfices ou l’impact ?

Le numérique a un coût, quel est son bénéfice ? Sa puissance et sa versatilité font son succès et… les bénéfices des Gafams, soit plus de 300 milliards de dollars en 2023, seul le secteur pétrolier fait mieux. A l’instar de ce dernier, c’est devenu une valeur refuge pour les investisseurs, si bien qu’à la fin 2023, la capitalisation boursière des 5 Gafams dépassait les 10 000 milliards de dollars, soit 40% d’augmentation en un an.

Les externalités positives du numérique existent pourtant, mais attention à ne pas s’égarer. Calculer le monde en en captant et mesurant sa complexité permet sans doute de mieux modéliser les changements et d’anticiper les conséquences de nos actions. On rêve d’une matrice pour évaluer l’impact socio-environnemental de chaque produit consommé. Rêve d’omniscience ou cauchemar de la surveillance généralisée ? La sagesse invite à privilégier l’intérêt général en protégeant la liberté individuelle.

C’est à l’échelle individuelle, justement, que se joue notre capacité d’une part à éviter l’écueil de la surconsommation aveugle — l’essentiel de la croissance de l’impact négatif du numérique est lié à la vidéo, sans parler des conséquences cognitives — et d’autre part celle de se convaincre que nous avons du pouvoir. Le digital permet au citoyen de mieux s’informer, de mieux comprendre son interdépendance avec le monde, mais aussi de se penser lui-même comme un acteur responsable de son impact.

Ce que change le digital, c’est qu’il rend chacun capable et responsable d’imaginer, de designer, de prototyper les solutions répondant aux questions soulevées par l’anthropocène. Une aubaine qui n’est pas sans effet.

David Prud’homme, directeur de Digital Campus Paris


[1] Lean ICT, pour une sobriété numérique, sous la direction de Hugues Ferreboeuf pour le Shift Project.

[2] Question rhétorique puisque 7 d’entre elles sont, à cette heure, déjà dépassées.

[3] Pour se rafraichir les idées, les 15 minutes d’entretien données par la géologue au magazine l’ADN en 2022. Plus généralement concernant la matérialité de l’économie, le livre de l’épistémologue et historien des sciences, Jean-Baptiste Fressoz, Sans transition, Une nouvelle histoire de l’énergie, Seuil, 2024. Complet et implacable.

Venez participer à la remise des prix le 14 juin à partir de 17h suivi d’un cocktail.

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