(contenu abonné) A travers son programme Natura Nostra, la maison de champagne Moët & Chandon expérimente différentes initiatives. Deux d’entre elles constituent déjà le socle de son programme : la création de 100 km de corridors écologiques et le déploiement d’une agriculture régénératrice.
Une bulle de champagne est éphémère : dans la flute, à peine quelques secondes de vie. Préserver le patrimoine naturel pour mieux le transmettre aux générations futures, cela s’inscrit dans un temps long. Bien plus long. Pourtant, la maison champenoise Moët & Chandon s’est attelée au chantier, à travers son programme d’agroécologie Natura Nostra. Lancé en novembre 2021, il concerne les 1200 hectares de propriétés, mais doit aussi être adopté par les partenaires d’alentours. « L’ambition, c’est de mener une action globale au sein du terroir champenois avec les vignerons, les collectivités et les communes. C’est une démarche qui nous oblige à sortir de nos propriétés », assure Véronique Bonnet, responsable stratégie biodiversité et paysages. Ou comment rétablir un équilibre écologique en repensant les interventions humaines. Le programme Natura Nostra propose ainsi de créer des corridors écologiques pour relier les écosystèmes existants. « En Champagne, nous avons des paysages très morcelés : la forêt sur les sommets, les vignes sur les coteaux viticoles et la plaine que ce soient des champs de culture ou les bords de Marne. L’objectif, en les reconnectant, c’est de reconnecter aussi des réservoirs de biodiversité. Cela passe par la plantation de haies, de pourtours de parcelles pour faire en sorte que la faune puisse passer d’un réservoir écologique à un autre. Nous voulons recréer du bocage là où il a disparu », décrit Véronique Bonnet. L’ambition est d’atteindre le chiffre de 100 kilomètres de corridors d’ici 2027. A ce jour, une trentaine de kilomètres sont identifiés et en cours de plantation sur les domaines de la maison.
Des collaborateurs impliqués
Autre pilier du programme Natura Nostra : l’agriculture régénératrice de manière à préserver le capital des sols. Cela passe par l’utilisation de techniques comme l’écopâturage ou l’arrêt des herbicides. « C’est tout un travail de capitalisation et d’expériences qui a été mené depuis le début des années 2000. Cela suppose aussi de raisonner ses parcelles dans un tout et dans une fusion plus écosystémique », commente Véronique Bonnet. Alors Moët & Chandon teste, analyse et revient parfois sur ses idées : « Par exemple, dans l’objectif de ne plus utiliser d’herbicides, nous pensions que semer sous le rang de vigne serait une bonne chose, de manière à ce que des trèfles, par exemple, poussent à la place des mauvaises herbes. Ils auraient pu fixer de l’azote et nourrir la vigne. Or, nous nous sommes rendu compte qu’en poussant, ces semences avaient tendance à s’enrouler autour du pied de vigne et à l’étouffer », partage la responsable stratégie biodiversité et paysages. Cette dernière évoque ainsi un changement de techniques, mais aussi de vision. Et pour cela, il est nécessaire d’embarquer les quelque 1500 collaborateurs de l’entreprise. Pour le clin d’œil, lors du lancement du programme Natura Nostra en novembre 2021, 1743 arbres ont été plantés par les salariés. 1743 comme l’année de fondation de Moët & Chandon… Régulièrement, les collaborateurs sont invités à prêter main forte dans le déploiement des corridors écologiques. Par ailleurs, des ateliers de sensibilisation sont aussi organisés, avec les familles des salariés, sur des thématiques plus larges comme l’étude des espèces ornithologiques locales. Des liens plus étroits seront aussi tissés avec des étudiants en agroécologie, pour montrer ce qui est mis en place. L’objectif : protéger, oui, mais aussi fédérer.