La plupart des pays qui visent la neutralité carbone n’ont pas pour autant annoncé de plans d’élimination progressive des énergies fossiles, ce qui fait courir le risque de promesses sans lendemain, a alerté le 4 décembre un groupe de réflexion sur le climat.
Net Zero Tracker a publié un rapport à l’occasion de la COP28 à Dubaï, dont l’un des enjeux cruciaux est de savoir si les nations accepteront de réduire (phase-down en anglais) ou de supprimer progressivement (phase-out) les combustibles fossiles, principales sources des émissions de gaz à effet de serre qui réchauffent la planète. Selon ce think tank, quelque 150 pays se sont engagés à atteindre la neutralité en émissions, couvrant 88% de tous les gaz à effet de serre émis par l’homme dans le monde. Mais seulement 13% de ces pays ont pris au moins un engagement pour éliminer progressivement l’utilisation, la production ou l’exploration du charbon, du pétrole et du gaz, indique le groupe, géré par plusieurs centres de recherche américains et européens, dont l’université britannique d’Oxford. « Un plan net zéro qui ne dit pas clairement comment réduire progressivement les combustibles fossiles est comparable à un régime à la mode qui vous permet de manger autant de graisse que vous le souhaitez« , a déclaré Thomas Hale, de l’université d’Oxford, coauteur du rapport. Autrement dit, ce plan « ne fonctionnera pas« .
Net Zero Tracker a examiné à la loupe plus de 1.500 pays, régions, villes et grandes entreprises qui se sont engagés à la neutralité carbone. Il en conclut qu’environ 95% des pays producteurs de pétrole et de gaz ne se sont pas engagés à cesser progressivement l’exploration. L’analyse est plus positive concernant les entreprises : 56% des sociétés actives dans la production de charbon se sont au moins partiellement engagées à éliminer progressivement ce combustible très émetteur. Les entreprises africaines et européennes figurent plutôt en bonne place dans les plans d’élimination, loin devant les entreprises américaines. Le rapport fait également l’éloge de l’Espagne, qui a inclus dans la loi des plans d’élimination progressive, de la capitale suédoise Stockholm, qui s’est fixé des objectifs de réduction des émissions, et du géant énergétique danois Orsted, désengagé des combustibles fossiles.