(contenu abonné) A Saint-Cyr-l’Ecole (Yvelines), le maire, Sonia Brau, s’est fortement investie dans un projet social et solidaire : la création d’une Ressourcerie. Un projet humain en plus d’être vertueux en termes d’économie circulaire.
TheGood : Si vous deviez ne retenir qu’un projet RSE en cours sur la commune, quel serait-il ?
Sonia Brau : L’ouverture d’un Ressourcerie à Saint-Cyr-l’École. C’est un projet d’économie solidaire et circulaire sur lequel nous travaillons avec nos services depuis quasiment deux ans.
(NDLR – Les ressourceries sont des lieux de collecte, de réemploi et de revente d’objets usagers ou d’occasion. Issues de ESS, les ressourceries sont souvent des associations ou des entreprises d’insertion qui s’inscrivent dans une démarche de préservation des ressources et d’économie circulaire).
The Good : Comment est né ce projet ? En quoi la Ville en est-elle partie prenante ?
Sonia Brau : La campagne de 2020 a été propice à une réflexion profonde sur les pôles de centralités et les dynamiques commerciales à l’œuvre dans la ville. Comme candidate, je portais le projet d’un lieu solidaire pour donner une seconde vie aux objets et dynamiser notre offre commerciale aux plus fragiles. Or, depuis de nombreuses années, la ville est propriétaire d’une halle de marché qui peine à se remplir, faute de flux suffisant et d’un positionnement tarifaire pas assez attractif. Nous avons alors décidé d’y créer des locaux pour accueillir une ressourcerie. Elle fait 900 m2 actuellement. Nous allons prélever 250 m2 pour y faire la Ressourcerie et construire une «coque» afin d’isoler la structure de l’extérieur. Cet aménagement devrait nous coûter autour de 300 000 euros.
Nous avons rencontré de très nombreux acteurs du monde des Ressourceries pour voir les différents modèles économiques et de fonctionnement qui existent. Une ouverture en parallèle d’un marché alimentaire est assez particulière. Nous avons dû adapter les choses, tout en maintenant la vocation sociale du projet : proposer des produits de réemploi, oui, mais aussi faire travailler des personnes au RSA.
The Good : Comment fonctionnera cette structure ? Qui va la prendre en charge ?
Sonia Brau : L’équation économique n’est pas simple à résoudre. Nous comptions proposer le local à un ressourceur et avions lancé les appels d’offres, mais dans ces structures le fonctionnement nécessite un dirigeant de structure salarié. Or ce fonctionnement me gêne quand on dépasse un certain niveau d’aide public : le Département verse déjà des subventions pour encourager l’emploi de personnes allocataires du RSA, ce n’est pas pour qu’en plus la structure négocie la gratuité du bail locatif ! Il faut évidemment encourager le démarrage et donner toutes les conditions favorables au lancement pour que la Ressourcerie trouve sa clientèle, mais la ville va réaliser des investissements très importants : il n’est pas possible de d’accorder la gratuité perpétuelle à des acteurs qui se rémunèrent.
Forts de ce constat, nous cherchons des associations locales pour prendre la tête du projet ; des structures comme les Vestiboutiques, ou autres. Les bénévoles seront chargés de lancer l’activité, puis de créer des postes en insertion. Arrivés à ce stade, nous travaillerons avec le Département.
Nous espérons lancer les travaux dans six mois, qui devraient durer trois mois. En attendant, je démarche les associations pour leur vendre notre projet. Etre maire, c’est aussi être commercial !
The Good : Avez-vous travaillé sur des énergies propres pour alimenter ce bâtiment ?
Sonia Brau : Malheureusement, la halle du marché a des contraintes esthétiques assez fortes. L’installation de panneaux photovoltaïques nous a déjà été refusée par les architectes des Bâtiments de France, en raison de la proximité du château de Versailles. Le chauffage sera donc traditionnel.
The Good : Quelles autres contraintes la Ville mettra-t-elle à cette Ressourcerie et quel sera son niveau d’intervention ?
Sonia Brau : Nous signerons une convention avec l’association ou les associations qui la prendront en charge. Nous avons d’ores et déjà établi un certain nombre de règles. La première demande de la Ville est que cette Ressourcerie soit, à minima, ouverte les jours de marché (mercredi matin et samedi matin). Pour favoriser la connexion avec le marché et le passage des clients d’une structure à l’autre, nous installerons des baies vitrées entre l’espace Ressourcerie et le marché.
Ensuite, nous demandons que l’association mette en place des jours réservés à l’accueil des plus fragiles. Il s’agit d’aider ces populations, tout en favorisant l’essor de la seconde main. Collecter et réparer des équipements pour les remettre en circulation permet d’éviter de produire du neuf.
Les élus de la commune sont très investis dans ce projet et seront clients de la Ressourcerie. Mon seul regret est que la commune elle-même ne puisse pas engager ses achats publics par cette structure de réemploi, le Code des marchés publics étant totalement hermétique à ces pratiques …
Cette Ressourcerie est un projet humain, solidaire et engagé pour la planète que nous laisserons à nos enfants.