(contenu abonné) Le secteur de l’audiovisuel et du cinéma est responsable du rejet d’1,7 millions de tonnes de CO2 dans l’atmosphère chaque année (source : étude Ecoprod 2020). Cette industrie génère une quantité de déchets croissante, et contribue à façonner des représentations sociétales souvent discriminantes. C’est pourquoi elle se doit d’évoluer dans le fond comme dans la forme. C’est ce qu’explique Mathieu Delahousse, co-fondateur et président de l’agence de conseil en éco-tournage SECOYA, à TheGood.
TheGood : Comment est né Secoya ?
Mathieu Delahousse : Avec mon associé Charles Gachet-Dieuzeide, nous cumulons 30 ans d’expérience en régie vidéo et logistique. C’est à force de travailler dans le milieu du cinéma, nous avons décelé les absurdités écologiques. Nous avons effectué une analyse du cycle de vie de chaque tournage afin d’identifier les leviers de sobriété. Puis nous avons décidé en avril 2018 de créer l’agence de conseil Secoya pour accompagner les tournages dans des pratiques plus vertueuses et dans une stratégie globale écoresponsable. Depuis la crise Covid avec les protocoles sanitaires mais aussi l’affaire Metoo sur les abus sexuels, les assurances sont de plus en plus exigeantes sur les conditions de tournages. En parallèle, les tournages écoresponsables sont éligibles à des bonus financiers, ce qui encouragent aussi à être vigilent sur ces sujets. Nous sommes aujourd’hui une vingtaine de collaborateurs chez Secoya dont 10 salariés. Nous cumulons 350 projets réalisés depuis cinq ans, soit 200 sociétés clients de pub, fictions, émissions en France et à l’international.
TheGood : Quels sont les enjeux écologiques principaux auxquels Secoya tente de répondre ?
Mathieu Delahousse : Il y a l’enjeu de la diminution du CO2. Notre outil, seco2 a été homologué par le CNC pour le conditionnement des aides financières. Nous sommes par contre les seuls à avoir un outil d’auto-évaluation RSE : Secoset et nous avons lancé le premier label RSE pour les projets audiovisuels. Il y a les conditions sociales de tournage, la gestion des déchets, la nourriture saine, bio et locale ou encore l’énergie utilisée sur place. Mais il y a surtout une réflexion à avoir en amont, plus profonde, de l’impact de son film sur la société et la planète. Concernant par exemple le lieu de tournage pour éviter de prendre l’avion ou encore s’appliquer le test de Bechdel pour savoir si son film est sexiste et si la place des Femmes est sous-évaluée. Nous sommes adhérents de l’association Ecoprod, fondée en 2009, qui réunit l’ADEME, AUDIENS, la Commission du Film d’Île de France, DIRECCTE IDF, France Télévisions, TF1 et le CNC, Ecoprod, et s’est donné comme mission de sensibiliser le secteur de l’audiovisuel et du cinéma à son impact environnemental.