The Good : Pourquoi avez-vous consulté touristes et Audois sur leur perception de l’Aude ?
Didier Aldebert : Pour bâtir notre stratégie touristique responsable 2023/2028, nous avons souhaité commencer par établir un portrait sensible de l’Aude afin de capitaliser sur l’image du Département. Image qu’en retiennent les visiteurs qui sont venus nous voir et image qu’en ont les gens d’ici.
Aux visiteurs, nous avons confié un questionnaire très complet destiné à mieux comprendre comment nous sommes perçus. En parallèle, nous avons interrogé les Audois pour connaître leur perception de l’Aude. 3600 personnes ont répondu à ces enquêtes, entretiens, focus group.
Il en est ressorti les points communs sur lesquels baser notre stratégie : authenticité, fierté, sincérité, simplicité, courage, transmission, préservation, convivialité. Des mots forts qui définissent une vraie vision de notre territoire et un engagement des Audois. Une fois ce portrait en main, nous avons établi une stratégie, avec tous les acteurs de l’Aude : les acteurs socio-professionnels, les acteurs du tourisme et les habitants parce que pour que le tourisme avance, il ne faut pas qu’il soit un élément perturbateur pour ceux qui vivent là.
The Good : En quoi votre stratégie touristique est-elle durable et responsable ? En quoi agissez-vous pour préserver l’authenticité de cette destination ?
Didier Aldebert : Le Département a fait le choix de positionner sa stratégie pour un tourisme à impact positif, ce qui signifie que les actions engagées doivent se faire en pleine conscience des impacts qu’elles auront sur le territoire, sa population, son environnement, son économie.
Si nous avons un tourisme de plage, nous avons aussi un tourisme patrimonial avec la cité de Carcassonne, les châteaux et les villages typiques. Les visiteurs viennent aussi pour nos paysages préservés et nos activités de pleine nature. Le Département met en avant les circuits courts, la promotion de produits locaux. Nous avons fait signer, dans les villages touristiques, la charte de l’arbre, qui engage les maires à prendre soin de leurs arbres et qui les accompagne pour développer leur patrimoine arboré.
La stratégie, pour nous, est de faire valider ces vertus à tout le monde, mais surtout de faire connaître l’Aude et les nombreuses actions déjà engagées sur ce terrain du tourisme durable par les acteurs du tourisme audois.
The Good : Vous parlez de labels. Est-ce qu’il y en existe qui vous sont propres ?
Didier Aldebert : Nous avons un label pays cathare qui porte sur des produits comme les melons, les amandes, les produits de l’élevage ou le miel. C’est un label très strict avec un cahier des charges très précis, décerné en collaboration avec une association de producteurs.
Les Gîtes de France, par exemple, qui représentent plus de 800 hébergeurs dans l’Aude, et qui siègent au conseil d’administration de l’ADT, sont porteurs de la stratégie. Ils valorisent auprès des visiteurs l’authenticité et la qualité de nos produits.
The Good : Quel est votre objectif final ? Attirer toujours plus de touristes dans l’Aude ?
Didier Aldebert : L’objectif n’est pas d’avoir une énorme masse de touristes. L’objectif premier est la satisfaction des gens qui viennent et de ceux qui les accueillent. Nous devons aussi mieux réguler les flux tout au long de l’année et sur l’ensemble du Département.
C’est pourquoi notre stratégie touristique est liée à deux autres stratégies départementales. A la stratégie agricole, parce que nos paysages sont façonnés par les agriculteurs et les éleveurs. Et à la stratégie de mobilité, en cours de construction et qui sera votée dans quelques mois. Nous misons sur un tourisme durable avec le développement des voies douces pour les vélos et des voies vertes pour des déplacements doux. Il est essentiel de trouver un équilibre.
The Good : Pouvez-vous nous donner le chiffre de la fréquentation du territoire ?
Didier Aldebert : En 2023, nous avons enregistré 21 millions de nuitées, en progression de 3% par rapport à 2022. Nous avons récupéré les niveaux des très bonnes années d’avant Covid et les tendances 2024, sont bonnes puisque nous avons déjà fait 18% de plus depuis le début de l’année.
The Good : Pourquoi avoir changé le nom de la destination ?
Didier Aldebert : Auparavant, c’était «Aude, pays cathare» mais nous avons voulu revoir cette identité pour densifier l’image de l’Aude, au-delà de son histoire et de son patrimoine. Le littoral, la montagne noire, les Corbières, le canal du Midi, nos itinéraires de randonnée, nos vignobles sont également de belles facettes du diamant Aude. Aujourd’hui, avec «l’Aude, l’âme sud», nous faisons davantage référence aux cinq sens et à un côté un peu plus philosophique qui met en avant le caractère des habitants et des paysages ; elle met en avant l’âme des habitants.
Nous sommes en train de mettre en place un réseau d’ambassadeurs audois qui va porter cette marque avec nous ; des gens «chauvins» qui vont parler de leur territoire et partager leur Aude sur les réseaux sociaux. Ils vont s’engager à porter l’âme sud, à être prescripteur chacun à leur façon.