À en croire le label « Relance », lancé par le ministère de l’Économie, des Finances et de la Relance dans le cadre de la feuille de route de la Place de Paris, il faut miser sur les PME dans l’effort collectif de la relance économique. C’est aussi la croyance de Gaëtan de Sainte Marie, entrepreneur, président fondateur de QANTIS, porte-voix de plus de 30 000 PME-ETI et conférencier reconnu sur le « faire ensemble ». Persuadé que le collaboratif et la mutualisation sont les nouveaux leviers de croissance pour les PME, acteurs clés de la relance. Rencontre avec ce dernier pour développer le sujet.
The Good : Entrepreneur, auteur, conférencier, et porte-voix de plus de 30 000 PME-ETI, si vous deviez retenir 4 conseils clés pour les livrer à un nouvel entrepreneur en quête de retour d’expérience ?
Gaëtan de Sainte Marie : Tout d’abord, l’importance du réseau : s’occuper de son écosystème c’est tisser son filet de protection et d’opportunités. Ensuite, la vision : savoir allier sa vision tout en restant en position d’écoute permanente. Faire confiance à son intuition. Si ce n’est en premier lieu : la RSE : si vous prenez soin de votre équipe, elle prendra soin de votre entreprise. Enfin, soyez agiles ! Adopter la technique des petits pas qui permettent d’être toujours dans le concret et de tirer les enseignements rapidement de ses réussites et de ses échecs.
The Good : Pouvez-vous nous donner un exemple de mise en pratique de ces valeurs parmi les entreprises que vous avez jusqu’à présent accompagnées avec Qantis ?
G.S-M. : Pour lier le collaboratif et le travail commun pour un « monde meilleur », ou du moins une meilleure société, nous avons développé une offre d’accompagnement RSE de nos adhérents. QANTIS a défini, via son club RSE interne, son propre référentiel RSE. Nous avions rapidement constaté que les référentiels existants ne correspondaient pas à nos besoins et aux structures de nos adhérents, majoritairement des PME et ETI. Depuis, l’équipe ajoute à ses appels d’offres ce questionnaire afin de pouvoir noter et comparer les différents partenaires avec les mêmes critères. Nos adhérents peuvent également soumettre ce questionnaire à leurs fournisseurs stratégiques, ainsi qu’à eux-mêmes (auto-diagnostic), pour progresser dans leur démarche RSE. Les adhérents ont également accès, depuis notre plateforme, aux notes obtenues par les fournisseurs qui ont déjà pu nous répondre et apporter les preuves de leur engagement.
Notre engagement s’est également traduit par le développement d’une Gamme « Achats Durables » (depuis 2010) ; La création de la Charte des Fournisseurs référencés « Achats Durables et Responsables » de QANTIS (depuis 2010) ; La mise en place d’une Commission Achats QHSE, composée d’adhérents de QANTIS, tous responsables QHSE (depuis 2010) ; La signature de la Charte « Les 300 pour l’emploi » dès 2011, reconfirmée par la signature de la « Charte des 1000 » de la Métropole de Lyon en 2018 ; L’adhésion à la Charte de la Diversité (septembre 2011) et à la Charte d’engagement « Partenaires pour Entreprendre » (Octobre 2012) ; Le parrainage d’un jeune de la Mission Locale (avril 2012) ; L’organisation de visites d’entreprises pour des collégiens ; et diverses actions menées avec des associations telles que Sport dans la Ville, 100 000 entrepreneurs, et Entreprendre pour Apprendre, dont j’ai l’honneur d’être Président Régional.
The Good : Si vos valeurs n’ont pas attendu la crise pour être Good, observez-vous une adaptation de vos méthodes et pratiques en temps de crise ? La Covid-19 a-t-elle possiblement apporté une stimulation de plus, poussant les dirigeants au changement ?
G.S.-M. : La crise actuelle a rebattu les cartes et a montré que des organisations lourdes pouvaient réagir rapidement et avec agilité. Il faut profiter de ce moment pour accélérer et changer en profondeur ce qui doit l’être, et saisir en vol les opportunités issues de cette crise. La reprise économique est d’autant plus cruciale que la dette publique a explosé en 2020. Mais cette reprise ne sera possible qu’en mettant urgemment en place des réformes profondes. La question est : comment transformer positivement les conséquences de la crise sanitaire pour les entreprises françaises ?
Plusieurs opportunités semblent émerger aujourd’hui, ouvrant notamment des portes et des possibilités d’actions nouvelles pour les PME françaises. Sur le volet digital, les PME pourraient profiter de l’année 2021 pour se positionner plus facilement sur les marchés internationaux à moindre coût, notamment via la participation à des salons et évènements en visioconférence. En effet, les salons et conférences internationales risquent de passer au tout digital lors des 12 prochains mois, voire plus. Nos PME pourraient alors se voir offrir la possibilité de participer à ce type d’évènement pour un ticket d’entrée bien moins important que de coutume : là où de nombreuses pépites de notre industrie ne pouvaient se permettre les frais de déplacement, de logement ou de stand, elles pourront demain se connecter et rencontrer virtuellement des acteurs nationaux et internationaux jusqu’alors hors de portée ! Le contact sera simplifié, multiple, et l’investissement moindre. Cela a récemment été le cas pour un salon international du vin, et l’expérience a été un vrai succès !
Les mentalités se sont également adaptées à la crise, rendant les salariés intrinsèquement plus agiles, permettant une transformation interne des entreprises rapides, si on sait saisir cette opportunité. Les organisations sont devenues plus adaptables, par la force des choses, devant s’adapter à une manière de travailler et des lieux de travail différents. Les salariés sont donc aujourd’hui plus enclins à accepter des nouvelles prérogatives de travail, comme le développement du flex-office, l’agilité au travail… Le changement est une source de dynamisme supplémentaire pour les entreprises, qu’il faut encourager.
Le gouvernement prend aussi les devants pour répondre aux enjeux sociaux actuels. En affirmant que toute entreprise engageant un alternant l’année prochaine se verra allégée des charges associées à ce type d’embauche, il encourage l’intégration d’un vivier de jeunes dans les entreprises, toujours source d’innovation, d’un nouveau regard. Le Président Macron souhaite également mettre l’accent sur le développement du tissu industriel français, sur la valorisation de nos entreprises locales. Pendant longtemps, elles ont été mises de côté face à un développement à l’international. Aujourd’hui, la réflexion s’inverse : il faut cultiver notre tissu d’entreprises locales, remettre le territoire à la mode, pour se retrouver moins dépendant des pays voisins sur toute production.
Cette période inédite a mis en lumière la nécessité de travailler différemment et de manière réellement collaborative. Je suis convaincu que « faire ensemble » est plus efficace pour les entrepreneurs. Mutualiser les moyens des entreprises afin d’augmenter leurs performances, c’est le principe de l’économie collaborative. Cela permet de trouver d’autres leviers de croissance et d’aider les dirigeants à mieux piloter leur entreprise à travers la mutualisation.
The Good : En quoi les PME sont-elles particulièrement moteur dans la course à la relance économique ?
G.S.-M. : Dans le contexte humain, sanitaire et économique actuel inédit, nous devons, plus que jamais, envisager l’avenir sous un autre angle, tant sur le plan personnel que professionnel. Au cœur de la relance, les entreprises ont aujourd’hui un rôle crucial à jouer, à tous les niveaux. Les PME qui sauront conjuguer optimisme, confiance et résilience entraîneront la dynamique globale et rendront possible la reprise.
La réussite du plan de relance proposé par le gouvernement repose en grande partie sur la confiance retrouvée des dirigeants d’entreprise et de leurs équipes. L’agilité s’impose également comme un facteur-clé de réussite pour rebondir : se remettre en question, innover avec audace et transformer leurs méthodes ou leur modèle.
L’entreprise infinie est une entreprise qui se transforme, grandit et dure dans le temps, qui dispose de racines profondes et d’une vraie vision. C’est aussi une entreprise plus forte et capable de faire face à toute situation de crise future, garantissant sa réussite et celle de son pays d’attache !
En se développant au sein du tissu économique français, ce modèle entraînera la métamorphose de l’économie française, nécessaire, en plaçant enfin les PME et ETI au cœur de notre logique économique et sociale et de notre croissance.
The Good : Puisque tout le monde parle du « monde d’après », quelle est selon vous la prochaine étape du « faire ensemble » ?
G.S.-M. : La prochaine étape est le développement de l’entreprise de demain, que nous appelons chez QANTIS « l’entreprise infinie ». L’ère de l’entreprise anonyme à responsabilité limitée s’achève, place à celle de l’entreprise infinie ! Celle-ci se veut agile, adaptable, ne craint pas les remises en question et questionne sans cesse son environnement. Elle doit agréger trois concepts fondamentaux : le « faire ensemble », le « faire envie » et le « faire grandir ». L’entreprise infinie, c’est celle qui se transforme, grandit et dure dans le temps, qui dispose de racines profondes et d’une vision. Elle fait grandir ses collaborateurs. Elle se soucie de son écosystème et de son environnement, naturel comme humain. C’est ce modèle que je souhaite voir se développer au sein du tissu économique. Mais cette métamorphose ne pourra avoir lieu sans une réforme profonde de notre système pour aider les PME et ETI françaises.