23/01/2023

Temps de lecture : 2 min

Pourquoi la fin du ramassage des déchets est-elle une bonne nouvelle pour l’agglomération Lisieux Normandie et ses habitants ?

(contenu abonné) Fini le ramassage des déchets en porte-à-porte pour les habitants de l’Agglomération Lisieux Normandie. Le dispositif était devenu trop cher avec une efficacité discutable face à un manque de tri de la part des...

(contenu abonné) Fini le ramassage des déchets en porte-à-porte pour les habitants de l’agglomération Lisieux Normandie. Le dispositif était devenu trop cher avec une efficacité discutable face à un manque de tri de la part des usagers. Décryptage d’un choix qui attise la curiosité de nombreuses collectivités en France.

Sur ce territoire, le coût du ramassage des déchets pourrait passer de 8,5 millions d’euros en 2022 à 10,2 millions d’euros en 2027. Un scénario qui obligerait l’agglomération Lisieux Normandie à augmenter une nouvelle fois la taxe sur les déchets ménagers. Si cette décision serait mal perçue par les contribuables, l’alternative choisie est presque encore moins populaire. En effet, un groupe de travail constitué de 16 élus a étudié différents scénarios pour arriver avec une proposition : mettre fin au ramassage des déchets en porte-à-porte pour mettre en place des points de collecte. Le dépôt de déchets recyclables y sera gratuit alors que celui d’un sac de déchets ménagers viendra coûter 90 centimes.

Une révolution dans les habitudes des habitants de cette collectivité entre Caen, Rouen et Le Havre.

« Nous avons décidé de renverser la table en matière de déchets ménagers, explique François Aubey, président de l’agglomération Lisieux Normandie. Les habitants, qu’ils aient 80 ans ou 18 ans, devront se prendre un peu en charge pour que la planète vive mieux à travers l’élimination des déchets et leur valorisation. Nous sommes dans une démarche très environnementale, économique, et surtout pédagogique ».

Vers un territoire responsable qui maîtrise ses coûts

La motivation économique est effectivement un facteur majeur de cette démarche. Le coût du service de ramassage n’était absolument pas compensé par la taxe d’enlèvement des ordures ménagères. François Aubey parle d’un déficit de l’ordre de 650.000 euros par an. Le territoire s’est retrouvé dos au mur avec un impératif : maîtriser ces coûts.

« Le second objectif est fort et il est environnemental, martèle-t-il. Ce territoire génère beaucoup trop de déchets. Nous devons apprendre à mieux trier ».

Chaque année, ce sont 19.000 tonnes de déchets qui partent à l’incinérateur de Colombelles. Ce projet ambitionne de faire baisser d’un tiers le tonnage d’ordures ménagères résiduelles sur les cinq prochaines années.

La dimension pédagogique, enfin, sera effectivement cruciale pour assurer la bonne réussite de ce changement majeur. L’agglomération va donc désigner des ambassadeurs du tri qui vont se rendre dans les écoles et les entreprises pour sensibiliser à la question. En parallèle, une brigade de l’environnement sera recrutée pour verbaliser les personnes qui choisiraient le dépôt sauvage.

« Je pense que nous ne sommes qu’au début d’un mécontentement des habitants, reconnaît le président de l’agglomération. Ce plan sera effectif en janvier 2025. Nous avons fait des annonces et une pédagogie, mais on imagine qu’il y aura des habitants excédés ou mécontents : on paie plus pour moins de services ».

En effet, avec les 8 millions d’euros d’investissement nécessaire à la mise en place des colonnes de collectes, le nouveau fonctionnement ne va pas amener d’économie aux usagers. Il permettra, par contre, que ceux-ci ne viennent pas payer plus à l’avenir.

La problématique des déchets ménagers, et de son coût, n’est évidemment pas exclusif à ce territoire. De nombreuses collectivités françaises observent avec attention ce qui se passe actuellement en Normandie. Cette expérimentation pourrait devenir un modèle pour inciter les habitants à un meilleur tri, tout en permettant aux collectivités de maîtriser leurs coûts.

Une première commune du territoire, celle d’Orbec, a d’ailleurs déjà commencé à mettre en pratique l’apport volontaire des déchets depuis quelques années. « Cela n’a pas été un long fleuve tranquille, reconnaît Etienne Cool, maire d’Orbec (Calvados). Mais c’est aujourd’hui ancré dans les esprits et cela fonctionne très bien. La première année qui a suivi l’apport volontaire, on est passé de 302 kilos par an et par habitant d’ordures ménagères résiduelles, à 117 kilos l’année suivante ».

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