05/04/2021

Temps de lecture : 3 min

Pourquoi tout le monde s’arrache-t-il le leadership de la « finance à impact » ?

« Durable » ou « à impact », en 2021, tous et toutes s’affairent à investir une finance plus verte. Tandis que le gouvernement tente de faire de Paris le premier centre financier mondial de la « finance à impact », Ford publie son rapport de finance durable, Finance Innovation lance sa filière Finance Durable et Solidaire, et la Banque de France poursuit son épopée de la finance verte. Que doit-on penser de toutes ces émulations ? Et que se passe-t-il concrètement au juste ?

 « Durable » ou « à impact », en 2021, tous et toutes s’affairent à investir une finance plus verte. Tandis que le gouvernement tente de faire de Paris le premier centre financier mondial de la « finance à impact », Ford publie son rapport de finance durable, Finance Innovation lance sa filière Finance Durable et Solidaire, et la Banque de France poursuit son épopée de la finance verte. Que doit-on penser de toutes ces émulations ? Et que se passe-t-il concrètement au juste ? 

 Le 25 mars dernier, Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, des Finances et de la Relance, Olivia Grégoire, secrétaire d’État chargée de l’Économie sociale, solidaire et responsable et Thierry Déau, président de Finance for Tomorrow, lançaient à Bercy une initiative visant à faire de Paris le premier centre financier mondial de la « finance à impact ».

Les objectifs de cette taskforce constituée et lancée à l’aube du printemps et dont les travaux se tiendront sous l’égide de Finance for Tomorrow sont :

  • de poser une définition commune de la finance à impact
  • de définir des méthodologies de mesure de l’impact 
  • d’élaborer des recommandations pour garantir le leadership de la France en matière de finance durable et de finance à impact 
  • de promouvoir l’expertise existante au niveau de la Place de Paris.

Pour Olivia Grégoire, secrétaire d’État chargée de l’Économie sociale, solidaire et responsable : « La place de Paris, pionnière en matière d’ESG, a tous les atouts pour devenir le leader mondial de la finance à impact. Cet événement fondateur est la première étape d’une initiative de Place. Il s’agit de faire en sorte que les acteurs se parlent et s’entendent sur une définition commune et une grammaire partagée. La France a été pionnière en Europe sur le sujet depuis des années, elle doit tout faire pour le rester ». 

Une intention ambitieuse mais convaincante qui nous questionne sur cette notion de finance à impact et sa faisabilité. Branche de la finance durable, celle dite « à impact » permet d’allier rentabilité et soutenabilité. Elle met en avant une obligation de résultats avec des performances concrètes sur certains facteurs extra-financiers. Pour Bruno Le Maire, il s’agit de « mettre la finance au service du bien commun. Ça peut être la réduction des émissions, mais aussi l’emploi des jeunes, ou des personnes âgées ». Autrement dit, dans une société capitaliste, la finance à impact est bel et bien LE nerf de la transition écologique, sociale et solidaire. S’en emparer permettrait ainsi de démontrer la capacité d’une société, voire d’une nation, à réinventer la notion de capitalisme pour le rendre responsable.

Utopie ou futur proche, les entreprises privées s’attellent toutes à s’y mettre. Du côté des banques, l’agence indépendante de notation d’impact franco-québecoise Impak, publiait en décembre dernier une analyse d’impact environnemental, social et sociétal des 6 plus importantes banques françaises, mettant La Banque Postale en tête de liste. Pourquoi ? Notamment parce qu’elle dédie près de 20% de ses activités aux Objectifs de Développement Durable (ODD) de l’ONU, qu’elle œuvre en faveur de l’inclusion bancaire des personnes vulnérables et qu’elle est la seule banque à avoir identifié sa mission et analysé sa chaîne de valeur en vue d’identifier les opportunités de générer davantage d’impacts positifs et de réduire ses impacts négatifs. Bref, un travail déjà énorme salué le mois suivant par l’agence de notation extra-financière Vigeo Eiris qui la classe 1ère banque mondiale en matière de RSE. 

Fondamentale, la mesure d’impact se révèle toutefois être un exercice difficile dont les fondements méthodologiques n’apparaissent pas encore suffisamment clairs et applicables. Aussi, la collecte de données, la protection de l’épargnant et des investisseurs ont un coût. Fort heureusement, on ne compte plus les études qui démontrent avec brio l’impact positif de l’investissement vert pour la planète comme pour les portefeuilles. 

Comme l’explique Thierry Déau, président de « Finance for tomorrow », Paris Europlace « La taxonomie européenne en cours d’élaboration représente le début d’une véritable classification des activités économiques en fonction de leur impact environnemental. Cette grille a le mérite d’obliger les investisseurs à justifier du caractère « vert » des actifs qu’ils revendiquent comme tels dans un référentiel commun. Par ricochet, cette obligation de comptes rendus se répercutera sur les entreprises dans lesquelles les investisseurs placent leur argent ». En somme, aux vues des initiatives qui pullulent dans le secteur public comme privé, pour que cette refonte globale du système financier voit le jour, il ne reste plus qu’à convaincre les investisseurs, qui ont eux aussi tout intérêt à miser vert! 

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