04/03/2025

Temps de lecture : 5 min

Prévention des risques : le président de Macif dévoile le fruit de ses 30 ans d’expérience

Jean-Louis Grosse Delasalle dévoile les secrets de ses 30 années d’expérience dans la prévention des risques industriels.

The Good : Vous avez une expérience significative dans la prévention des risques industriels. Comment cette expertise influence-t-elle votre approche des enjeux environnementaux actuels au sein de la Macif ?

Jean-Louis Grosse Delasalle : Si je dois retenir qu’une chose de mes 30 ans d’expérience en tant que conseil auprès des plus grands groupes industriels, c’est que tout réside dans la représentation du risque par la personne.

Nous avons intrinsèquement une conscience des dangers qui nous entourent, le feu, le vent, l’eau… Des dangers que nous avons appris à maîtriser jusqu’à oublier leurs présences et leurs nuisances. Sommes-nous devenus invulnérables pour autant ?

Inutile d’évoquer les récents incendies californiens ou les inondations de Valence.
Le premier travail d’un préventeur consiste donc à faire réémerger la conscience de ces dangers puis des risques inhérents, c’est-à-dire de notre propre exposition.

Pas de grande théorie, cela passe par des actions très proches du quotidien de chacun. Ce n’est qu’à partir de la construction de ces représentations individuelles que nous pouvons reconstruire une réponse collective.

C’est tout le travail que nous menons en région avec nos 1300 délégués.

The Good : La Macif a récemment défini une feuille de route politique autour du climat et des transitions. Pouvez-vous nous en dire plus sur les actions concrètes que la Macif envisage de mettre en place pour contribuer à la protection de l’environnement ?

Jean-Louis Grosse Delasalle : Notre feuille de route part d’un constat simple : que les solutions soient structurelles ou plus certainement plurielles, nous sommes certains que le modèle d’assurance mutualiste, qui repose sur une réponse faite au sociétaire, partant de ses besoins, au plus près de son cadre de vie, est le plus propice pour faire émerger des réponses collectives.

En tant qu’assureur mutualiste, notre premier métier est de protéger le plus grand nombre au meilleur tarif. Nous n’avons pas d’actionnaire à rémunérer et la valeur que nous créons est réinvestie aux bénéfices de nos sociétaires et de l’intérêt commun.

En matière de protection de l’environnement, nous apportons notre pierre à l’édifice en ce qui concerne la sensibilisation, la prévention, l’accompagnement et le financement des transitions, sans jamais laisser personne au bord du chemin. A ce titre, nous menons tout au long de l’année de multiples actions sur les territoires.

Par ailleurs, ces derniers mois nous avons mis en place plusieurs initiatives fortes.

Tout d’abord le lancement d’une chaire avec l’ENS (Ecole Normale Supérieure) “Nouvelles fractures, nouvelles mutualisations” afin de mieux comprendre les aléas climatiques (sécheresses et inondations) dans un climat qui change et d’identifier les réponses sociales et économiques dans les territoires. Nous avons également lancé le fonds d’investissement Macif Terre et Vivant doté de 50M d’euros pour répondre aux besoins fondamentaux des humains tout en préservant les ressources naturelles et la biodiversité.

Cette méthodologie inclusive, faite d’écoute et de compréhension est en elle-même un vecteur d’innovation, comme sur le sujet des mobilités.

Assureur mutualiste et acteur de toutes les mobilités, la Macif accompagne les nouveaux besoins de nos sociétaires à travers ses offres, ses services et ses partenariats. Nous veillons aussi à ce que ces évolutions bénéficient au plus grand nombre. Pour que demain, chacun puisse exercer son droit à se déplacer, accéder aux soins, au travail, à la culture, au sport, quel que soit son lieu de vie, son âge et son mode de transport.

The Good : En tant que président de la Macif, comment voyez-vous le rôle des entreprises mutualistes dans la lutte contre le changement climatique par rapport aux entreprises traditionnelles ?

Jean-Louis Grosse Delasalle : Macif, comme d’une façon générale les entreprises de l’ESS (Economie sociale et solidaire) sont et font société. Elles jouent un rôle primordial dans l’organisation de notre société. C’est pourquoi, il est essentiel qu’elles accompagnent les citoyens dans les grandes transitions, qu’elles soient environnementales, économiques, ou sociales. Nous l’avons constaté à maintes reprises : les entreprises mobilisées inspirent les autres, et, par ricochet, poussent la sphère publique à accélérer la transition. Je suis convaincu qu’elles seront un vrai moteur des transformations de notre monde.

Les entreprises font tourner l’économie, ce sont donc elles qui sont en meilleure position pour agir. D’ailleurs, selon un sondage Harris Interactive, plus de 9 Français sur 10 estiment que les grandes entreprises doivent s’engager à devenir neutres sur le plan du climat. Nous sommes convaincus que les entreprises entendues au sens large peuvent impulser une nouvelle dynamique en donnant l’exemple et en encourageant leurs collaborateurs comme l’ensemble de leurs parties prenantes à être acteurs du changement pour la société dans laquelle ils vivent !

The Good : Selon vous, quelle est la responsabilité des citoyens dans la transition écologique, et comment la Macif peut-elle les accompagner dans cette démarche ?

Jean-Louis Grosse Delasalle : Dans le contexte de polycrise que nous traversons, il est effectivement crucial et urgent de questionner et de définir les rôles et responsabilités de chaque acteur dans la protection et la régénération de la planète et du Vivant.

Constater les fractures est une chose. Faire bouger les lignes en est une autre. Nous sommes arrivés au moment charnière où une question fondamentale se pose : comment pouvons-nous être acteurs de nos lendemains et répondre aux nouvelles attentes individuelles et collectives associées ?

D’aucuns évoquent le triangle de l’inaction qui opposerait Etat, entreprises et citoyens.

Ma conviction profonde est que chacun doit faire sa part. L’action collective est essentielle pour engager équitablement tous ces acteurs vers un même objectif, tout en prenant en compte les inégalités de nos sociétés.

Il y a donc avant tout dans ces questions de transition une idée de passage à l’échelle: passer de l’individu au collectif, du besoin de protection individuelle au besoin sociétal.

L’une des clefs de voûte me semble résider dans cette capacité à associer l’individu, en partant de ses besoins, à une promesse plus collective. C’est je pense définir l’essence même de ce qu’est une mutuelle.

Ma conviction est là : la transition sera d’autant plus juste qu’elle mobilisera, qu’elle nous mobilisera, collectivement.

The Good : La Macif est partenaire de cette nouvelle édition de l’Université de la Terre qui aura lieu les 13 et 14 mars à l’Unesco. Comment cette collaboration reflète-t-elle l’engagement de la Macif en faveur du développement durable et de l’innovation environnementale ?

Jean-Louis Grosse Delasalle : Ce sont des valeurs très diverses, qui viennent nourrir l’humanité des actions de l’entreprise. Pour la Macif, ces valeurs sont, entre autres, celles de la solidarité, de l’ouverture aux territoires et aux forces vives de l’engagement ou encore de l’innovation sociale.

Le mutualisme et plus globalement l’ESS sont des acteurs indispensables de la reconstruction économique, sociale et également du lien humain. Demain, les citoyens que nous sommes auront besoin de plus de protection. Une protection qui ne devra pas être réservée à quelques-uns mais une protection collective, inclusive et solidaire.

Face à ces transitions, la Macif est apporteuse de solution. C’est d’ailleurs ce que signifie notre raison d’être “Protéger le présent et permettre l’avenir pour nous-mêmes et les générations futures”. Une raison d’être formulée en 2020 et qui est en complète résonance avec les sujets qui nous mobilisent aujourd’hui dans les cadres des universités de la terre.

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