Avec « Transition(s) 2050 », l’Ademe vient de publier 4 scénarios prospectifs pour atteindre la neutralité carbone en France en 2050. Fruit de plus de deux ans de travail et d’analyse, ces scénarios prennent en compte l’interdépendance des différentes variables : consommation, production, énergie, ressources… Ils aboutissent tous à la même conclusion : des changements de mode de vie seront nécessaires pour espérer atteindre la neutralité carbone.
“L’enjeu est de réfléchir rapidement à des chemins possibles vers la neutralité carbone”, précise Valérie Quiniou, la directrice exécutive prospective et recherche de l’Ademe. Celle-ci explique en effet qu’aux côtés des quatre scénarios prospectifs proposés au public, un cinquième, “tendanciel”, a été étudié : “c’est un scénario de prolongation des tendances que l’on peut voir aujourd’hui dans notre société. Autant le dire d’emblée : ce scénario tendanciel nous envoie dans le mur. […] Mais la chose positive, c’est qu’on a encore le choix”.
Face à ce constat, l’Ademe propose donc quatre visions alternatives, qui invitent toutes à passer à l’action rapidement. “Nos deux premiers scénarios ont fait appel au levier de sobriété, tandis que les deux derniers s’appuient davantage sur le levier de la technologie et de l’innovation. En termes de gouvernance, les premiers scénarios reposent sur une gouvernance plutôt locale, alors que les deux suivants sont davantage dans une gouvernance nationale, voire internationale”.
Ainsi, le premier scénario, intitulé “Génération Frugale”, fait l’hypothèse d’une division par deux de la consommation énergétique globale grâce à des dispositifs de rénovation massifs de l’habitat, un recentrage sur le local et un recours généralisé aux low-tech. “Dans ce scénario, la société est en recherche de sens. Il agit principalement sur les modes de vie et de consommation pour atteindre la neutralité carbone”, précise la directrice prospective et recherche de l’Ademe.
Le second scénario, “Coopérations Territoriales”, repose sur “une gouvernance partagée où les institutions publiques, les ONG, la société civile et le secteur privé réussissent à se concerter et à trouver des solutions pragmatiques pour atteindre la neutralité carbone.” Dans ce scénario, le mix énergétique est dominé par la biomasse et une électricité essentiellement décarbonée.
“Technologies Vertes”, le troisième scénario, mise, lui, sur l’innovation comme réponse aux enjeux environnementaux. “Plutôt que de faire appel à des changements de mode de vie, on s’appuie surtout sur de nouvelles technologies. » Hydrogène et biomasse sont alors fortement développés, pour se substituer au pétrole.
Enfin, le dernier scénario, “Pari Réparateur”, repose sur des technologies encore incertaines, dans la captation de CO2 notamment, qui permettraient d’atteindre les objectifs de neutralité carbone avec un moindre impact sur les modes de vie. Dans ce scénario, la consommation d’énergie est seulement diminuée de 23% par rapport à 2015. Pour compenser les émissions carbone, de nouvelles technologies devront être développées, notamment dans les puits de carbone.“Dans ce scénario, on s’appuie exclusivement sur la technologie pour réparer nos impacts. Mais certaines de ces technologies, comme le captage de CO2 directement dans l’air ne sont pas encore matures, d’où le pari”, explique Valérie Quiniou.
“On estime que ce quatrième scénario est le plus risqué. Mais le premier est également risqué, pour d’autres raisons, de désirabilité et de faisabilité sociale”, complète David Marchal, directeur exécutif adjoint de l’expertise et des programmes à l’Ademe. Ces scénarios ont un point commun : ils reposent tous sur une baisse de la consommation d’énergie. “Une baisse qui implique des modifications radicales de nos modes de vie, mais aussi de nos modes de production”, ajoute-t-il.
Ce travail n’est que la première partie d’une série de récits qui seront publiés entre janvier et mars 2022. L’ensemble formera alors un tout qui sera remis en perspective au cours du Grand Défi Écologique, un événement organisé par l’ADEME les 29 et 30 mars 2022 à Angers.