06/11/2023

Temps de lecture : 3 min

Quand Igny refait le lit de la rivière

(contenu abonné) En travaillant sur la renaturation de la Bièvre, qui traverse la commune d’Igny (Essonne), le maire, Francisque Vigouroux répond à trois objectifs...
industrie durable

(contenu abonné) En travaillant sur la renaturation de la Bièvre, qui traverse la commune d’Igny (Essonne), le maire, Francisque Vigouroux répond à trois objectifs : sociétal, au travers de la prévention des inondations, environnemental, au travers de la reconquête de la faune et de la flore, et économique, puisque ces chantiers génèrent une grosse activité. 

TheGood : En quoi consiste le travail de renaturation des berges que vous avez entrepris à Igny ? 

Francisque Vigouroux : Igny est une commune traversée par des cours d’eau et nous travaillons depuis quatre ans sur la renaturation de ces cours d’eau pour lutter contre les inondations et reconquérir la biodiversité. Nous allons engager, dans les deux prochaines années, la dernière phase de ce travail entrepris sur la Bièvre, le cours d’eau principal. On est en phase de pré-étude. Nous aurons des appels d’offres à lancer entre 2024 et 2027. 

La renaturation consiste à rendre au cours d’eau leur aspect naturel et à favoriser l’écoulement de l’eau dans son lit naturel. Historiquement, l’activité humaine a dénaturé les cours d’eau en les enterrant, les déviant, les emprisonnant. L’Homme a créé des lignes droites pour utiliser la force du courant, créé des cours d’eau artificiels, etc. Ce, à des fins économiques. Mais la déstructuration des cours d’eau créé des risques d’inondation, et un appauvrissement de la faune et de la flore.   

Pour retrouver le lit et les berges d’origine du cours d’eau, il faut casser des barrages, des digues, des berges en béton. Retrouver les berges naturelles et un lit plus large permet de réduire la vitesse de l’eau, de la canaliser. Ces opérations s’accompagnent d’un revégétalisation. Nous réintroduisons une végétation propice aux différentes espèces endémiques.

TheGood : Quelles sont les parties prenantes ? 

Francisque Vigouroux : Nous avons d’abord les financeurs publics ont le principal est l’Agence de l’Eau Seine-Normandie. Ensuite, nous faisons travailler tout un ensemble de prestataires, tels bureaux d’étude, ainsi que les entreprises qui répondent aux appels d’offres pour la partie ouvrage. Ce sont des entreprises de BTP et des entreprises spécialisées sur la partie hydraulique. Et sur ce type d’ouvrage, ce sont des entreprises locales ou nationales qui répondent. Il y a donc un sujet emploi, également.  En France, on compte plus de 300.000 km de cours d’eau. Il va y avoir du travail pour nombre d’entreprises spécialisées puisque toutes les communes sont concernées par les Schémas directeurs d’aménagement et de gestion des eaux.

TheGood : Trouvez-vous aisément des entreprises pour travailler sur cette renaturation ? 

Francisque Vigouroux : Ce n’est pas toujours évident car nous avons besoins d’entreprises qui ont une vraie culture de la renaturation. Mais finalement, la principale difficulté que nous rencontrons dans ce projet est le temps d’étude. Et il y en a beaucoup. Des pré-études, des études. C’est très long… Et l’Etat a un œil très administratif sur ce type de chantier et les temps de réponses sont importants. Nous avons mis quatre ans à monter le premier projet. 

Francisque Vigouroux : Quel est le coût estimé de ce projet pour votre commune ? 

Francisque Vigouroux : Estimer le budget global est compliqué. Pour la renaturation de la Bièvre, on compte 800 000 euros du kilomètre et rien que sur la Bièvre, on a une quinzaine de kilomètres à traiter. Il y a ensuite tous les ruisseaux, les canaux, les affluents…. Nous ne l’avons pas encore quantifié. Mais chaque chantier est particulier. Certaines configurations demandent des travaux particuliers (comme dévier des canalisations) et donc, les coûts sont variables. 

TheGood : Comment réagit la population à ce projet ?  

Francisque Vigouroux : Il y a une forte adhésion à ce projet car les gens ont conscience de la richesse que représente la rivière et la nécessité de la préserver. En outre, c’est un projet qui ne présente pas ou peu de contraintes personnelles forts pour les particuliers. En dehors de la gêne que peut occasionnée un chantier. Mais quand on fait de la renaturation, on change les paysages et c’est certaines fois difficile à accepter. A Igny, par exemple, les gens ont vu disparaître un étang artificiel ! 

TheGood : Un autre gros chantier dont vous auriez envie de nous dire quelques mots ? 

Francisque Vigouroux : Nous travaillons sur la rénovation et isolation de nos principaux bâtiments publics – nous avons environ 45 000m2 de bâtiments pour 10 000 habitants. Nous devons nous mettre progressivement en accord avec la loi qui impose aux communes de traiter les bâtiments de plus de 1000 m2. Nous sommes en train d’établir un diagnostic de l’état énergétique de ces bâtiments. Nous établissons le plan pluriannuel d’investissement pour traiter les passoires énergétiques. Nous travaillons aussi sur d’autres modes de chauffage – nous allons tout passer en revue pour être plus performants. C’est aussi un gros chantier qui devrait démarrer en 2025.

Allez plus loin avec The Good

The Good Newsletter

LES ABONNEMENTS THE GOOD

LES ÉVÉNEMENTS THE GOOD