L’OCCITANE est depuis longtemps une entreprise engagée dans une démarche durable et responsable. Elle a été lauréate du Grand Prix de la Good Économie 2021 pour son projet des fontaines à vrac. The Good a rencontré Raphaëlle Archambeaud, sustainable development director de L’OCCITANE Group.
The Good : Pourquoi avoir candidaté au Grand Prix de la Good Économie ?
Raphaëlle Archambeaud : Nous avons candidaté au Grand Prix de la Good Économie pour valoriser le travail des équipes au quotidien qui travaillent sur les sujets de la RSE et d’avoir le plaisir de monter sur scène autour d’un parterre d’experts. Le deuxième aspect est le côté “appel à collaboration”. L’OCCITANE commence à être une entreprise d’une taille plutôt importante et pour tous ces sujets-là, nous avons toujours besoin d’aller chercher de la collaboration avec d’autres entreprises et d’autres experts et toutes les parties prenantes. Ce type de prix nous permet de lancer des appels et d’ouvrir de nouvelles collaborations.
Nous cherchons à aider les consommateurs à changer de comportement.
TG : Quel projet avez-vous soumis ?
RA : Nous avons déposé le projet des fontaines à vrac. Une machine dans nos boutiques L’OCCITANE permet à la consommatrice de venir recharger des gels douche et des shampoings dans un flacon à durée de vie quasi éternelle. Il s’agit d’un test pour changer en profondeur les modes de consommation et voir comment le monde de la cosmétique pourrait tendre vers le zéro déchet (ou proche). Chez L’OCCITANE, nous essayons de prendre le temps de proposer des services qualitatifs, sensoriels et durables. Nous n’avons pas l’obsession de sortir un service en premier même si pour les fontaines à vrac nous étions en avance sur nos concurrents. Nous cherchons à aider les consommateurs à changer de comportement. Au début, nous avons testé ces fontaines uniquement sur trois boutiques en Europe (France, Italie, Allemagne) afin de pouvoir mieux travailler avec le personnel en boutique pour s’assurer d’une bonne qualité de conseil à la consommatrice. Maintenant nous avons plus de 60 boutiques avec des fontaines à vrac, avec un objectif de 77 boutiques cet été et 100 d’ici la fin 2022.
TG : Quel champs de l’impact votre projet concerne-t-il?
RA : Ce projet est majoritairement écologique. Nous arrivons sur cette gamme à une réduction de 94% de consommation de plastique donc un impact environnemental très fort sur ce critère. Chez L’OCCITANE nous pensons qu’il est essentiel de réinventer en profondeur la manière dont la cosmétique est fabriquée. Les consommatrices auront toujours besoin de bien-être et du plaisir que procure la cosmétique. Mais pour la réinventer, cela ne peut pas se faire d’un coup. Il faut tester et accompagner nos consommatrices. Nous avons lancé les shampoings solides, nous voulions nous assurer que nous pouvions réussir sur la durée et travailler main dans la main avec les boutiques sur les formations nécessaires et tester le discours consommateur et les différents prix.
Nous travaillons avec des producteurs locaux en circuits courts avec une ambition forte de devenir une entreprise régénératrice
TG : Quel est le chemin de transformation RSE que vous avez entrepris au sein de votre entreprise?
RA : L’OCCITANE a une force en intégrant les enjeux RSE depuis sa création. Nous travaillons avec des producteurs locaux en circuits courts avec une ambition forte de devenir une entreprise régénératrice. En interne, être une entreprise régénératrice n’est pas un mot à la mode car cela explique vraiment notre feuille de route RSE. Nous souhaitons arrêter de faire du mal à la nature, en transformant notre manière d’opérer par un impact positif sur la biodiversité. Grâce à notre historique, nous avons déjà un fort potentiel de régénération. Par exemple, dans notre approvisionnement des plantes pour nos formules, nous avons la chance de travailler en direct avec des producteurs pour nos ingrédients iconiques (lavande, amande, karité) sur des méthodes agricoles qui sont positives (agro écologie, agriculture régénératrice). Nous avons monté depuis un an, un collectif avec 15 producteurs en agroécologie équitable qui permet de tester des nouvelles méthodes agricoles pour essayer de régénérer et d’avoir un impact positif sur la biodiversité mais aussi le climat (séquestration du carbone dans le sol). Ces partenariats représentent déjà 15-20% de volume de matières premières chez L’OCCITANE. Nous allons pouvoir l’étendre à beaucoup plus de producteurs et de plantes pour essayer à moyen terme de viser un impact positif pour l’intégralité des plantes utilisées dans nos produits. Nous avons commencé à mettre des premiers indicateurs biodiversité des parcelles et cela prend du temps pour avoir des points de comparaison (1 à 2 ans). Sur les autres ingrédients nous travaillons avec les fournisseurs pour une traçabilité au plus proche de la production de chacune des plantes, ce qui est un travail énorme et complexe. Nous en sommes à 60% de traçabilité des plantes des matières premières. Nous travaillons en collaboration avec des coalitions comme OP2B (One Planet Business for Biodiversity) et nous travaillons main dans la main avec notre direction financière dans les travaux sur la comptabilité en capital naturel et sur les avantages des Sustainability Linked loans. Nous allons aussi tester un prix interne du carbone (autour de 80€/tonne) dans notre feuille de route RSE.
Nos trois piliers de transformation sont la biodiversité & l’eau, le climat, la diversité & l’inclusion. Concernant notre engagement sur l’eau, nous avons un projet pour que nos deux usines (Manosque et Lagorce) soient «sèches» d’ici 2025. Cela veut dire que 100% de l’eau utilisée dans les process industriels est réutilisée en boucle fermée. 90% de l’eau utilisée dans nos usines l’est pour les process et seulement 10% vont dans nos produits. Sur le climat nous attendons toujours que nos objectifs de réduction soient validés par Science Based Target. Ils ont pris du retard car ils sont un peu débordés. La diversité et l’inclusion sont des sujets importants pour nos salariés et nous avons donné un coup d’accélérateur. Nous avons fait en janvier dernier une grande enquête auprès de plus de 7000 employés du groupe pour nous permettre de faire un état des lieux sur la diversité et surtout l’inclusion. Chaque pays sur la base de ces résultats pourra faire des workshops avec les employés pour définir les priorités d’actions.
Nous avons monté depuis un an, un collectif avec 15 producteurs en agroécologie équitable qui permet de tester des nouvelles méthodes agricoles pour essayer de régénérer et d’avoir un impact positif sur la biodiversité mais aussi le climat
TG : Quelles sont les difficultés que vous avez rencontrées sur ce chemin de transformation ?
RA : Notre process de certification B Corp en cours nous a aidé à surmonter les difficultés. Notre audit étant international nous devons attendre encore 12 mois pour finaliser cette certification. Nous avons pu aborder le sujet de façon plus globale et surtout impliquer toutes les entités du groupe. Nous étions très avancés dans nos usines en France et cela nous a permis d’harmoniser des pratiques et d’infuser la RSE sur des process existants. Par exemple, dans les objectifs et les bonus, nous avons rajouté une part liée à la certification B Corp pour tous les employés. Cela permet d’impliquer toute l’entreprise dans ce fabuleux voyage et de réconcilier business et impact.