L’association HOP révèle comment comment certains constructeurs développent des pratiques de “voitures jetables”.
L’association HOP – Halte à l’obsolescence programmée- sort un nouveau rapport inédit et indépendant sur l’obsolescence automobile. L’association expose comment certains constructeurs développent des pratiques de “voitures jetables”. 86 % des foyers français possèdent au moins une voiture (95 % dans les zones rurales). Suite à la mise en place des zones à faibles émissions et à l’interdiction en 2035 de la commercialisation des voitures thermiques neuves, HOP s’est questionné sur l’obsolescence planifiée des automobiles. HOP révèle dans ce rapport les nouvelles tendances du marché rendant les voitures moins chères, mais moins réparables : la route de la “fast fashion” dans le secteur automobile est ouverte.
« Le secteur automobile est longtemps resté un modèle d’économie circulaire et de durabilité. Cette époque pourrait bientôt être révolue. La durée de vie d’un véhicule en France est aujourd’hui en moyenne de 19 ans. En sera-t-il de même pour les voitures de demain ?« , indique les autrices du rapport.
La durée de vie des batteries menacée
Certains constructeurs de véhicules électriques optent pour des batteries rendues irréparables. Le rapport cite les pratiques de la marque Tesla et ses kilos de mousse rose emprisonnant des batteries dans un bloc irréparable. La moitié des constructeurs seulement proposent des batteries réparables, une information qui passe sous les radars des consommateurs.
Réparer les composants de la batterie permettrait pourtant de réparer jusqu’à 10 fois moins cher. Aujourd’hui, si une batterie dysfonctionne ou est endommagée par un accident, rien n’assure l’automobiliste de la disponibilité de la batterie, ni de pouvoir la réparer ou la remplacer par une neuve ou reconditionnée. Il pourrait donc être contraint de remplacer la voiture entière.
Du “giga-casting” au giga-gâchis
Dans une optique de réduction des coûts de production, le giga-casting est une pratique industrielle qui consiste à mouler d’un bloc de nombreuses pièces de la voiture. Cela pourrait augmenter considérablement le prix de la réparation et obligerait à jeter une grande partie du véhicule après un choc. HOP dénonce les conséquences de cette pratique initiée par Tesla et BYD, progressivement reprise par d’autres constructeurs.
L’obsolescence logicielle des véhicules connectés
L’automobile devient un équipement électrique et électronique comme un autre, une sorte de smartphone sur roues. Miniaturisation, obsolescence des composants, risque d’obsolescence logicielle, complexification pour les réparateur·ices, pièces indisponibles, pratique de sérialisation, entraves à l’accès aux données, constituent autant de pratiques remettant en cause le droit à la réparation des automobilistes à un prix abordable.
Résultats : Les prix de vente parfois alléchants cachent des coûts à l’usage important pour les clients (assurance, maintenance et bugs logiciels, réparation inabordable) et une possible courte durée de vie du véhicule (en cas d’absence de SAV, de véhicule irréparable, de batterie introuvable…). Sans une politique d’économie circulaire ambitieuse pour les voitures électriques, la pression sur les ressources naturelles liée à la fabrication, exacerbée par un renouvellement accéléré, aggrave l’empreinte environnementale du secteur. »
« HOP rêve d’un futur dans lequel la réduction des besoins, la réparation et le réemploi sont prioritaires par rapport au renouvellement accéléré des voitures et leur recyclage, tout en développant l’autonomie et la souveraineté des automobilistes, dans le respect
d’une mobilité durable. Pour y parvenir, quelques éléments semblent indispensables à ancrer dans les pratiques et la réglementation : imposer des règles d’éco-conception,
notamment en matière de réparabilité et remplacement des batteries, de démontabilité des pièces ; augmenter les garanties constructeurs (notamment sur les batteries), faciliter l’accès aux pièces neuves ou d’occasion et logiciels, et éviter les situations de monopole pour stimuler la concurrence et la compétitivité prix dans le secteur de la réparation« , soulignent les autrices du rapport.