28/01/2025

Temps de lecture : 6 min

Réduire et recycler les déchets : Marie-Claude Berly dévoile la vision du Grand Montauban

Sur le territoire du Grand Montauban, rien ne se perd, tout se crée et se transforme côté déchets ! Marie-Claude Berly, présidente de la Communauté de communes du Grand Montauban (Tarn-et-Garonne) veille sur ce mouvement vertueux et nous explique les actions mises en place.

The Good : En quoi consiste le marché « performantiel » que la Communauté d’agglomération du Grand Montauban (82) a mis en place avec le prestataire en charge de la collecte des déchets ?

Marie-Claude Berly : En 2021, le Grand Montauban a mis en œuvre un contrat global de performance pour la collecte de ses déchets avec le Groupe Suez ; contrat comprenant des objectifs de prévention, de recyclage et d’amélioration du cadre de vie. D’un marché classique de gestion des déchets, la collectivité est passée à un marché performanciel, mis en place pour sept ans. Intégrant les gestions des déchetteries et de la recyclerie, le contrat fixe des objectifs de réduction de déchets à 2028 comme suit : – 12% d’ordures ménagères, – 2% de collecte sélective, -15% de déchets verts et – 35% d’encombrants. Nous sommes la première collectivité en France à avoir mis en place un marché performanciel, c’est-à-dire, à prévoir un bonus pour un prestataire s’il ramasse moins de déchets que prévu !

Et le résultat est là : nous sommes déjà à – 20% sur les ordures ménagères, -12% sur les déchets ménagers et – 35% de dépôt en déchetterie. Et – 15% pour les déchets verts

The Good : Pourquoi action aussi ciblée ? Etiez-vous confrontés à gros problème de déchets ?

Marie-Claude Berly : Nous n’avons pas de problème spécifique. C’est une action qui a démarré il y a plus de 20 ans. A l’époque, la municipalité a mis en place les caisses jaunes. C’était révolutionnaire. Vous le voyez, c’est une thématique historique. Au fur et à mesure, nous avons amplifié la gestion des déchets.

L’objectif est que nos administrés produisent de moins en moins de déchets et que ceux qu’ils produisent soient utilisés pour faire autre chose. En ce sens, la Communauté d’agglomération du Grand Montauban se doit de faciliter le quotidien des habitants en matière de gestion des déchets. C’est pourquoi nous proposons des dispositifs encourageant les usages en matière de développement durable à la population.

The Good : Vous avez donc attaqué fort sur les déchets organiques ?

Marie-Claude Berly : Nous avons commencé par le tri sélectif, puis nous avons incité les gens à faire du compostage à domicile.

Depuis un an, nous traitons les biodéchets en centre-ville. Les gens qui le souhaitent se sont vu remettre des bio-seaux pour y jeter tous leurs restes alimentaires. Ils vont ensuite les déposer dans des containers dédiés. Ceci permet d’avoir des poubelles moins lourdes et de faire du compost, qui est redistribué aux espaces verts et aux administrés. Voire, amenés à un méthaniseur.

En fonction de la configuration du logement des habitants, il existe des solutions de tri à la source des biodéchets. Pour ceux qui disposent d’un jardin, la collectivité propose, à domicile, la livraison et le montage de composteurs ainsi que le broyage de déchets verts. Dans les déchèteries, l’usager peut acheter des composteurs à prix réduit, et repartir, avec du broyat de branches et du compost gratuit.

Les habitants ne disposant pas de jardin peuvent, depuis janvier 2023, se tourner vers plus de 30 points d’apport volontaire sur Montauban. Une collecte est aussi instaurée sur toute l’agglomération pour les établissements scolaires, crèches, centres aérés ou encore la cuisine centrale de Montauban. Une partie de la collecte est effectuée en mobilité douce afin de respecter au maximum la démarche éco-responsable et environnementale du Grand Montauban

The Good : Et que faites-vous pour tout ce qui n’est pas organique ; pour les autres déchets du quotidien ?

Marie-Claude Berly : L’objectif est d’éviter d’enfouir et de brûler nos déchets ; de les valoriser.

Nous avons une ressourcerie qui permet de trier à la source ce qui est vendable, ce qui est recyclable. Beaucoup de livres, de meubles et d’articles ménagers sont ainsi recyclés. Réparés puis revendu à bas prix. C’est complètement vertueux.

Nous ne voulons plus de vêtements dans les containers, donc, nous essayons d’apprendre aux gens à trier pour mettre dans les points relais ou en recyclerie. Il est possible d’en faire des vêtements, des chiffons ou un isolant qui s’appelle le metisse, qui est homologué

Et, pour lutter contre les déchets sauvages, nous avons ouvert les déchetteries le dimanche. Entre avril 2024 et aujourd’hui, nous avons diminué de 23 tonnes les déchets abandonnés un peu n’importe où.

The Good : Vous avez pourtant besoin de ces déchets pour faire tourner votre usine d’incinération, n’est-ce pas ?

Marie-Claude Berly : C’est exact. Mo’UVE (Montauban unité de valorisation énergétique), mise en service en 2023, est une usine d’incinération à haute performance énergétique et environnementale qui traite et incinère 100% des ordures ménagères du Syndicat mixte de traitement des ordures ménagères et autres déchets (Sirtomad) du Grand Montauban et de Terres des Confluences, soit 38,5 tonnes de déchets par an. Elle fournit le réseau urbain de chaleur de Montauban (13 km jusqu’à l’est de la ville).

Aujourd’hui, nous ne faisons plus d’enfouissement de déchets, sauf une semaine par an quand l’usine d’incinération est en maintenance

Ce réseau de chaleur alimente une bonne cinquantaine de structures, surtout de gros bâtiments : l’hôpital, les maisons de retraites, les trois cliniques, la piscine est également raccordée, le lycée, le collège, la salle de spectacle et un certain nombre d’écoles. Le réseau dessert une cinquantaine de clients. Il y a également deux immeubles du bailleurs Tarn et Garonne Habitat qui ont été reliés car sur le passage du réseau.

The Good : Ce sont là de très gros investissements. La collectivité en a-t-elle porté seule le poids ?

Marie-Claude Berly : Ces investissements ont été développés dans le cadre de la politique globale d’amélioration de traitement des déchets. L’usine d’incinération représente un investissement de 53 millions, le réseau de chaleur, 16 millions. Mais ce sont des investissements qui, à terme, permettent de gagner de l’argent. Tous ceux qui sont connectés au réseau de chaleur bénéficieront toujours d’une énergie dont le prix sera au moins inférieur à 5% du prix du gaz.

Ce sont des investissements lourds, mais la ville de Montauban fait beaucoup de délégations de service public qui permettent à des entreprises privées de porter pour nous l’investissement et nous leur donnons, ensuite, des loyers annuels. Ceci nous permet de ne pas avoir des centaines de millions d’euros à dépenser sur un même exercice.

The Good : Est-ce que vous vous appuyez sur des éco-organismes, sur des acteurs de l’ESS ?

Marie-Claude Berly : Nous avons beaucoup d’accords avec des éco-organismes de recyclage ; des organismes agréés par l’Etat, pour traiter l’aluminium, les métaux, les capsules de café, etc. Et dans les trappes de récupération des eaux pluviales, nous avons des passoires qui récupèrent les mégots afin d’éviter qu’ils ne polluent le réseau d’eau pluvial. Nous avons aussi des cendriers en centre-ville qui sont récupéré par l’éco-organisme Alcome qui agit en faveur de la réduction des mégots.

En outre, nous faisons beaucoup appel à l’insertion professionnelle. Notre recyclerie est, par exemple, tenue par un acteur de l’économie solidaire.

The Good : Qu’en est-il du verre ?

Marie-Claude Berly : Le verre nous embête beaucoup actuellement. Nous avons pucé les bacs, – quasiment tous – et nous incitons les gens à ne plus mettre le verre dans les autres bacs. A chaque fois un bac est vidé et que le prestataire entend du verre, nous écrivons à ces administrés pour leur expliquer que le verre est recyclé à l’infini et que doit être apporté dans les points de collecte dédiés. C’est un travail de fond

Sur Montauban et le Grand Montauban, nous avons implanté des « récup’verre » qui sont, en général, à moins de 100 / 150 mètres des habitations. Parce que nous n’ignorons pas que,  lorsqu’ils sont loin, les gens choisissent la facilité… c’est à dire mettre le verre dans la poubelle !

The Good : Comment faites-vous pour emporter l’adhésion de la population sur tous ces sujets ?

Marie-Claude Berly : Nous faisons de la communication en avant-première sur toutes les nouveautés. Mon adjointe, Nadia Cheklit, qui est déléguée à la propreté, est au jour le jour sur le terrain, pour aller à la rencontre des habitants et discuter avec ceux qui ont des difficultés afin de les aider à les résoudre. Nadia Cheklit est très présente sur le terrain

Nous sommes également très présents dans les écoles. Notre conseil municipal des jeunes a demandé à la commune de signer la charte zéro plastique dans les cours d’eau. Le samedi, nous allons sur le marché avec les enfants pour ramasser les mégots. Les enfants disent aux gens qui fument de ne pas jeter leurs mégots au sol. Ils sont sensibilisés par des animateurs qui vont dans les écoles. Et souvent les enfants vont nettoyer les bords du Canal latéral du midi ainsi que nos deux grands fleuves, le Tarn et l’Aveyron.

The Good : Peut-on dire du Grand Montauban qu’il est exemplaire en matière de gestion de déchets ?

Marie-Claude Berly : Nous sommes les mieux disant en Occitanie ; et souvent montrés en modèle et on travaille beaucoup avec l’ADEME. Un de nos marqueurs est de toujours se dire : il faut oser. C’est ainsi que nous sommes souvent en avance de phase dans tout ce qui se passe en termes de gestion de déchets.

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