27/02/2023

Temps de lecture : 3 min

#Sécheresse «L’eau potable dans nos WC n’est pas un luxe, c’est une sottise ! » Willy Fortunato (UV Germi) 

(contenu abonné) La France est confrontée à un état d'alerte sécheresse en plein hiver. Après un été de pénuries d'eau dans de nombreuses régions, le pays devra à nouveau faire face à un scénario durant la saison chaude.

(contenu abonné) La France est confrontée à un état d’alerte sécheresse en plein hiver. Après un été de pénuries d’eau dans de nombreuses régions, le pays devra à nouveau faire face à un scénario durant la saison chaude. Willy Fortunato, directeur général d’UV Germi et spécialiste des problématiques de l’eau, plaide pour un investissement massif dans la réutilisation des eaux usées et pour que l’eau traitée non potable soit davantage utilisée dans tous les secteurs qui ne nécessitent pas une eau potable : agriculture, industrie, arrosage, nettoyage urbain, etc. Il décrypte pour The Good la crise de l’eau que nous traversons.

The Good : Quelle a été votre réaction lorsque vous avez entendu que l’hexagone entrait dans une période de sécheresse hivernale ?

Willy Fortunato : C’est un signe de plus du dérèglement climatique que trop de personnes ignorent encore. Il est temps de réaliser que le réchauffement climatique n’est pas une question de météo ! Les données scientifiques sont formelles, nous ne retournerons plus à une vie « normale ». La vie comme l’économie tournent autour du climat, impossible désormais à anticiper. Il faut donc que l’on change nos modes de vie pour faire face notamment à ces nouvelles pluviométries. A nous de nous adapter à quelque chose que nous ne maîtrisons pas. L’eau est une ressource extrêmement rare. Contrairement à l’énergie, il n’y a pas d’alternative. Et il est bien trop coûteux et trop polluant de transformer l’eau de mer en eau potable.

The Good : Les mesures mises en place par le gouvernement français ces dernières années sont-elles à la hauteur de la crise climatique ?

Willy Fortunato : Nous avons déjà eu un épisode de sécheresse grave en 2003. Qu’est-ce qui a été mis en place depuis ? Rien. De 2003 à 2023 : nous sommes face aux mêmes problématiques. Nos voisins italiens, espagnols et surtout israëliens (qui réutilisent 90% de leur eau) ont su réagir. Nous sommes clairement à la traîne et nos politiques sont dépassés. Le système administratif est trop lourd et trop lent, il faut cinq à dix ans pour espérer voir un changement s’opérer. Or nous sommes dans une urgence écologique majeure. La France connaît un retard sur tout. On connaît les plus grands linéaires de réseaux d’eau or nous perdons chaque année 25% d’eau à cause d’un manque d’entretien ou de renouvellement de ces réseaux.  Il faudrait définir des agences de bassins qui soit en mesure de piloter des projets et non des financiers, mais aussi transcender le maillage napoléonien pour décentraliser nos décisions et nos actions publiques. Notre maison brûle et nous regardons ailleurs !

The Good : Quelles sont les solutions que vous préconisez pour prévenir et remédier à ces épisodes de plus en plus réguliers de sécheresse ?

Willy Fortunato : Nous avons actuellement moins de 1% de l’eau exploitable en eau potable sur la planète. Les pays développés tels que la France l’utilisent à 25% pour leur consommation, 25% pour l’industrie, 50% pour l’agriculture. Dans les pays développés, le pourcentage d’eau utilisée pour l’agriculture est plus élevé. Les changements au niveau des collectivités sont trop lents, mais ils doivent s’accélérer au niveau particulier (en mettant par exemple un bidon d’un mètre cube sous sa gouttière pour récupérer de l’eau de pluie). Il est urgent de réduire nos consommations de volumes d’eau potable. En France, nous consommons en moyenne 187 litres d’eau potable par jour et par foyer. Nous vivons une aberration : l’utilisation d’eau potable pour remplir les piscines, arroser les jardins ou encore dans nos WC ! Ce n’est pas un luxe, c’est une sottise ! Mon espoir s’en remet exclusivement aux industriels, plus agiles pour trouver des solutions rapides.

The Good : Quelles sont les solutions que propose UV Germi ?

Willy Fortunato : UV Germi est une société française fondée en 2009 par André Bordas au cœur de la Corrèze (19) qui a développé des solutions pour purifier l’air, l’eau et les surfaces grâce à l’utilisation d’ultraviolets. Cette technologie est totalement écologique. La société est cotée en bourse depuis 2017, réalise sept millions d’euros de chiffre d’affaires et compte 48 collaborateurs. Notre pôle recherche et développement travaille activement sur des solutions de destruction de polluants, que ce soit pour l’eau et l’air. Quand on sait qu’un décès sur cinq est lié à une mauvaise qualité de l’air, on se demande pourquoi une fois de plus rien n’est fait côté politique pour y remédier. De notre côté, pendant le confinement, notre solution de purificateur d’air a par exemple permis de réduire à zéro le nombre de mort dû à la Covid-19 dans le département d’un Ehpad contre 50% dans d’autres départements de cet établissement qui ne l’avait pas mise en place. Et puisque tout est lié, qui dit sécheresse dit aussi risques majeurs d’inondations : or qu’avons-nous fait pour les prévenir ? Un conseil à tous : appropriez-vous votre avenir !

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