(contenu abonné) « Sans supply chain circulaire pas d’économie circulaire », c’est ainsi qu’Anaïs Leblanc, directrice associée de Citwell et l’ex député François-Michel Lambert, fondateur de l’Institut National de l’Économie Circulaire (INEC), président de Soroa, interpellent le monde politique dans leur plaidoyer intitulé « La supply chain circulaire, pivot de la réindustrialisation verte ». Il s’agit de la première étude européenne sur les enjeux cruciaux de la supply chain circulaire, compatible avec les limites planétaires. Ce rapport présente six facteurs clés à inscrire dans les politiques de planification écologique pour permettre son plein déploiement et accélérer la réindustrialisation verte engagée par le gouvernement.
L’étude énonce six facteurs clés de succès à inscrire dans les politiques de planification écologique afin d’accélérer le déploiement d’industries plus vertueuses :
1-Assurer l’interopérabilité des données pour la traçabilité et la performance de la supply chain
Pour piloter efficacement le circulaire, il est impératif de définir les types de données à suivre avec la définition de normes et standards ainsi que les modalités de suivi. Cela permettra d’éviter la multiplication des formats et des types de suivi, inévitables étant donné que les consommateurs exigent une traçabilité accrue. « Il revient donc aux décideurs politiques de choisir une approche qui garantisse l’interopérabilité des données, ainsi que des systèmes d’information compatibles. C’est un enjeu de taille qui ne peut être négligé, ni laissé au développement tous azimuts par le marché. » souligne Anaïs Leblanc.
2- Définir l’échelle territoriale liée aux ressources et aux activités
Le concept d’économie circulaire repose sur la disponibilité physique des ressources locales, impliquant une prise en compte spatiale et temporelle des arbitrages économiques. Il est nécessaire de sécuriser les ressources clés et d’établir des représentations maillées des espaces territoriaux pour éviter l’accaparement des ressources par des organisations à forts moyens.
3-Déployer des infrastructures adaptées aux nouvelles boucles d’économie circulaire
Le déploiement de la supply chain circulaire nécessite une réflexion sur l’efficacité de l’utilisation des ressources et une garantie élevée de réutilisation de la matière à chaque étape. Cela exige une évolution des infrastructures (nouvelles industrie, point de collectes mutualisés, …) et de systèmes d’information, qui pourra coûter cher et nécessitera le soutien des pouvoirs publics.
4- Systématiser les pratiques de circularité « hautes » où on réutilise au maximum les produits pour le même usage (orientation de la demande)
Une politique publique d’aides économiques, fiscales et/ou réglementaires est nécessaire pour renforcer l’économie de la fonctionnalité, inciter à l’utilisation plus intensive, la réparation et la longue durée de vie du produit. Les achats jouent également un rôle clé dans la transformation des modèles économiques et la réglementation doit être affinée pour favoriser les produits issus du circulaire et inciter aux boucles courtes.
5. Créer les conditions pour avoir les moyens physiques, industriels et humains capables de traiter les flux circulaires
Cela requiert une évolution du foncier logistique actuel, avec une orientation vers des plateformes territoriales comme points d’appuis locaux aux flux physiques circulaires. Des investissements spécifiques sont également nécessaires pour les filières clé, avec le développement de compétences adaptées. « Les politiques doivent mettre en place une stratégie holistique, et non des actions isolées sans coordination, pour faire face à tous ces bouleversements sinon nous ne changerons jamais d’échelle » souligne François-Michel Lambert.
6. Ecoconcevoir les flux et services pour garantir un fort niveau de circularité́
C’est favoriser la normalisation de l’écoconception des produits et services mais aussi des flux et cela repose sur la recherche scientifique, l’innovation technologique, et l’intégration de la supply chain circulaire dans les cursus de formation. Cela nécessite également des évolutions réglementaires et des soutiens financiers.
Le monde politique doit s’emparer de la réalité opérationnelle de la supply chain circulaire pour mettre en place un cadre législatif et assurer une transition efficace vers une économie circulaire et résiliente, une réindustrialisation verte. Il est indispensable de donner aux acteurs économiques les moyens pour pivoter leur supply chain vers une chaîne d’approvisionnement circulaire. Sera publiée dans les prochains mois une deuxième partie à ce premier volet, à destination des industriels afin de les accompagner au mieux dans ce virage nécessaire. Ce rapport est téléchargeable ici.
« Notre objectif est double: aider les industriels avec la définition d’une méthodologie de transformation vers une supply chain circulaire tout en accompagnant les puissances publiques pour rendre possible ce qui est nécessaire », explique Anaïs Leblanc.