À l’heure de l’accélération de la distribution omnicanale et de la mondialisation, où en est la Supply Chain ? A l’initiative de Michelin et France Supply Chain, la communauté SupplyChain4Good et ses 450 membres agissent, dans le cadre de l’écosystème de Movin’On, en faveur d’une mobilité plus durable des marchandises. En amont du Movin’on Summit 2021 qui aura lieu début juin à Paris, Singapour et Montréal, Ivan Baturone et Aimé-Frédéric Rosenzweig, tous deux membres de France Supply Chain et respectivement Responsable Innovation Supply Chain Groupe Michelin et Groupe Renault.
The Good : De l’ambition à l’action, Movin’On apporte des solutions responsables aux besoins de mobilité de chacun via l’innovation : comment l’Association opère-t-elle concrètement sur ce sujet ?
Ivan Baturone : Movin’On est la marque mondiale de toutes les mobilités durables (des personnes et des marchandises) et tous nos adhérents sont des professionnels de la Supply Chain, donc concernés par la mobilité durable des marchandises. Nous avons donc trouvé assez naturellement un terrain de collaboration avec France Supply Chain dès la deuxième édition du Movin’On Summit en 2018. Cette collaboration s’est renforcée en 2019 quand France Supply Chain a organisé les rencontres internationales de la Supply Chain avec les préoccupations RSE au cœur de leur débat.
Au cœur de la crise de la Covid-19, SupplyChain4Good est devenu un outil pour adresser les problèmes les plus urgents entre l’offre et la demande de services de Supply Chain pour le matériel médical et les biens de première nécessité. Ensuite, cette communauté initiée par Michelin est devenue en 2020 le Lab RSE de France Supply Chain qui lance en septembre 2020, non seulement son nouveau nom, mais surtout sa nouvelle stratégie avec le développement durable au cœur du métier, comme l’indique son « cri de guerre » : la Supply Chain pour changer le monde !
Depuis septembre 2020, les ateliers de travail de la communauté SupplyChain4Good organisés par France Supply Chain ont permis de déterminer 7 sujets prioritaires de collaboration sur lesquels une vingtaine d’entreprises se sont mobilisées. Parmi eux : la pénibilité au travail dans la Supply Chain, la décarbonation du transport maritime et du transport terrestre, ou encore la problématique des emballages et du e-commerce.
Ces ateliers sont définitivement tournés vers l’action et l’expérimentation collaborative, dans un horizon de 12 à 18 mois, en vue d’augmenter l’impact positif sur nos « 3 P’s » : la Planète, les Personnes et les Performances de nos entreprises.
The Good : Que pouvez-vous nous dire sur votre participation au Movin’on Summit 2021 ? Votre ambition, vos interventions phares ?
I.B. : Notre ambition est simplement d’accélérer la transition vers des supply chains qui soient meilleures pour la Planète, pour les Personnes et pour les Performances de nos entreprises. C’est la mission que se donne la communauté « SupplyChain4Good », qui est aussi le Lab RSE de France Supply Chain. Pour clarifier tout ce que cela implique, nous avons écrit un « Manifeste SupplyChain4Good » qui sera diffusé sous le format d’une vidéo pendant le Movin’On Summit 2021.
Nous encourageons tous nos adhérents à participer à Movin’On Summit 2021, par une campagne d’information dans nos médias habituels (newsletter France Supply Chain, site internet, LinkedIn…) mais aussi en offrant un accès à tarif préférentiel (grâce à notre partenariat avec Movin’On Summit). Nous aidons nos adhérents à bien préparer leur participation au sommet en les aiguillant vers les conférences et ateliers qui présentent le plus d’intérêt pour eux en fonction de leur métiers respectifs au sein de la grande famille de la Supply Chain.
Avec les plus motivés d’entre eux, nous organisons des séances spécifiques de travail autour de thèmes d’intérêt commun : par exemple, nous organisons des ateliers sur la décarbonation du transport maritime avec Clean Cargo, Michelin et d’autres entreprises industrielles et commerciales qui présenteront des propositions concrètes pour mise en action immédiate. Aussi, nous organisons un projet d’achat groupé de camions à pile à combustible à hydrogène avec la collaboration d’Hydrogène France et de la Coalition pour l’Energie. Enfin, des représentants de France Supply Chain participeront aux ateliers de travail organisés par Movin’On, SLOCAT et IDDRI pour préparer la COP26 qui se tiendra en novembre prochain à Glasgow.
The Good : Racontez-nous le Lab SupplyChain4Good : qui en fait partie, comment opère-t-il et pour quels résultats jusqu’à présent ?
I.B. : La communauté SupplyChain4Good a été créée à l’initiative de Michelin et de France Supply Chain dans le cadre de l’écosystème de Movin’On, en faveur d’une mobilité plus durable des marchandises. SupplyChain4Good se donne pour ambition de fédérer les acteurs qui œuvrent pour des Supply Chain qui sont simultanément bonnes pour la Planète, les Personnes et la Performance des entreprises.
Aimé-Frédéric Rosenzweig : Tous les membres de France Supply Chain peuvent s’engager dans le Lab. Nous regroupons actuellement une trentaine d’entreprises. Nous avons décidé de démultiplier notre force de frappe en travaillant par projet. Les participants varient donc en fonction des sujets. L’objectif est de promouvoir un mode agile où chaque groupe s’organise de façon autonome. Lors de nos réunions mensuelles, nous partageons l’avancement de chaque groupe et regardons comment nous pouvons mieux progresser. Après 9 mois de fonctionnement, des premiers résultats s’annoncent : un panorama des textes et sites clés de la Supply Chain Durable, un radar de la GreenTech (développé en collaboration avec Wavestone), un Manifeste synthétisant les propositions de France Supply Chain vis-à-vis des challenges de la Supply Chain Durable…D’autres résultats arriveront sur le second semestre 2021 !
The Good : Quelle mobilisation des acteurs de la Supply Chain observez-vous face aux bouleversements actuels de l’économie ?
A-F.R. : Nous constatons une forte accélération de la mobilisation. Nous sommes d’ailleurs certains que cela va continuer à l’avenir. Nous percevons une implication plus large de tous les acteurs : États et administrations, ONG et citoyens, entreprises et filières professionnelles,…Ce changement est nécessaire compte tenu de l’ampleur des défis qui nous attendent. C’est grâce à l’intelligence collective que nous pourrons gagner collectivement et dépasser les contraintes actuelles pour réinventer la logistique de la ville, repenser les transports, généraliser les énergies alternatives, faire des plateformes logistiques des sources d’énergies pour les territoires,…
The Good : Quel rôle et impact de France Supply Chain dans la démocratisation d’une Good Supply Chain ? Des exemples de bonnes pratiques à mettre en place sans plus attendre ?
I.B. : L’idée selon laquelle les Supply Chains peuvent aider à transformer le monde dans lequel nous vivons est au cœur des valeurs que partagent les membres de la communauté SupplyChain4Good. Pour se faire, nous croyons qu’il est essentiel : de collaborer, d’innover, d’expérimenter (la supply chain se construit par les faits et les actions plutôt que par les opinions et les déclarations), d’apprendre, continuellement (car les sujets sur lesquels nous travaillons sont en constante évolution), de partager les résultats de nos expérimentations et de nos apprentissages (pour faire boule de neige et accélérer l’impact).
L’effort de démocratisation est essentiel pour attirer les meilleurs talents de chaque génération vers les métiers d’une supply chain plus durable. Cet effort dépasse les frontières de la France grâce aux bureaux de France Supply Chain International (déjà 7 ouverts sur une cible de 40 à court et moyen terme). Cet effort passe par des exercices comme notre Manifeste, la vidéo qui sera diffusée pendant le Movin’On Summit 2021, les webinars que tous les Labs de France Supply Chain organisent, dont le Lab SupplyChain4Good, la publication de « radars » dédiés à un thème clé comme le prochain GreenTech SupplyChain co-édité par le cabinet Wavestone et France Supply Chain, etc…
Parmi les bonnes pratiques mises en avant dans notre Manifeste, vous trouverez les quelques exemples ci-dessous :
- Promouvoir les « city-hubs » et toutes les formes de mutualisation des flux dits du dernier kilomètre
- Sensibiliser les consommateurs du e-commerce sur leurs choix et conséquences des livraisons qu’ils demandent comme la rapidité de livraison et/ou le groupage
- Viser un minimum de 95% de taux de remplissage des containers et/ou camions de marchandises dans les transports de longue distance
- Participer à l’expérimentation puis le développement rapide des nouvelles formes de transport et d’énergie (carburants bas-carbone, électrique, hydrogène, véhicules autonomes, platooning de camions, bateaux hybrides qui utilisent la force du vent, etc…)
- La mutualisation des données pour exploiter toutes les formes d’optimisation
- Transformer tous les entrepôts et plateformes logistiques en producteurs d’énergie verte locale (recyclage, récupération de chaleur, panneaux solaires, etc…)
- Concevoir dès le début des produits et services dont la supply chain soit plus vertueuse (rapprocher les centres de production des centres de consommation à chaque fois que cela est économiquement possible, développer l’économie circulaire en concevant des produits à partir de matières issue du recyclage, supprimer les suremballages, etc…). Sans oublier de développer tout cet apprentissage dans les filières de formation des métiers.