Le deuxième volet du sixième rapport du GIEC intitulé “Changement climatique 2022 : impacts, adaptation et vulnérabilité” a été publié lundi 28 février. Ce dernier se concentre sur les impacts du changement climatique sur les populations, leur vulnérabilité face à la situation et les moyens de s’y adapter. Il vient confirmer les prédictions du premier volet publié en août 2021 sur l’évolution du climat. Mauvaise nouvelle : la situation change plus vite qu’on ne le craignait.
Malgré les nombreux appels de la communauté scientifique pour changer rapidement de cap, le changement climatique est pour beaucoup considéré comme un problème du futur. Dans ce nouveau volet élaboré par 270 scientifiques de 67 pays, le GIEC alerte sur le fait que « s’adapter au changement climatique est possible si le réchauffement est limité à 1,5°C ou 2°C ». Près de 4000 pages validées mot par mot par 195 Etats, détaillent les conséquences de la situation sur nos écosystèmes, nos sociétés, notre économie ou bien notre santé.
Une planète déjà bien fragilisée
Ce nouveau rapport constitue un rappel que la crise nous menace tous. Entre 3,3 et 3,6 milliards de personnes dans le monde sont considérées comme très vulnérables au changement climatique. Les populations d’Afrique, Asie et Amérique centrale et du sud sont les plus touchées. La situation réduit leur accès à l’eau et à une alimentation saine et en quantités quotidiennes nécessaires. Cela est dû en partie à l’affaiblissement noté des activités agricoles, de pêche et de chasse. En effet, 8% des terres cultivables ne le seront plus d’ici la fin du siècle. Nous ne devons pas seulement faire face aux problèmes de malnutrition d’après le rapport mais aussi à l’augmentation des maladies respiratoires et à une baisse de la santé mentale à cause de la situation. D’où l’avènement du terme d’écoanxiété. Du côté des animaux, la moitié des espèces suivies migrent vers les pôles ou grimpent en altitude, quand une autre partie meurt à cause des vagues de chaleur répétées. Par exemple, une baisse du nombre de sardines a déjà été constatée à Marseille. 3 à 14% des espèces terrestres pourraient disparaître complètement et si la Terre se réchauffe de 4°C, une espèce sur deux actuellement connue des scientifiques sera menacée. Les habitats sont considérablement modifiés avec la montée des eaux, la fonte des glaces, les sécheresses, les incendies, les cyclones entraînant entre autres la perte d’une grande partie des forêts, des récifs coralliens et des zones humides côtières de faible altitude. Un milliard de personnes sont concernées par la hausse du niveau des mers. Dans ce nouvel opus, le groupe de travail du GIEC a également identifié par continent les risques face auxquels les sociétés doivent s’adapter. En Europe par exemple, ils sont au nombre de quatre : augmentation de la mortalité en raison de la chaleur, baisse des rendements agricoles, insuffisance des ressources en eau, augmentation des inondations, à la fois côtières et fluviales.
Un changement de mentalité plus que nécessaire
Le rapport distingue deux périodes : le court terme jusqu’en 2040 et le moyen-long terme jusqu’à la fin du siècle. Pour la première, il est déjà presque trop tard pour que l’on se rattrape. Pour la seconde, cela dépendra du niveau de réchauffement. D’après les scientifiques l’objectif de limiter le réchauffement climatique à 1,5 ou 2 degrés n’est pas si utopiste. En effet, en cas de dépassement probable des +1,5°C, objectif le plus ambitieux de l’accord de Paris, revenir sous ce seuil d’ici à la fin du siècle serait encore possible. Au-delà des impacts irréversibles sur nos écosystèmes sont à prévoir. En faisant des efforts à tous les niveaux, la hausse peut être limitée. Cependant un fossé est constaté entre le niveau d’adaptation actuel et les niveaux nécessaires pour réduire les risques climatiques. La plupart des mesures sont fragmentées et ont un impact à petite échelle. Il faudrait un investissement de 127 milliards par an au niveau mondial pour avoir une chance de contenir le réchauffement climatique d’ici 2030. Autre que les politiques, les entreprises ont également un rôle à jouer en mettant en place par exemple des actions vertueuses. La diminution des émissions de gaz à effet de serre résultant de nos modes de vie est plus qu’indispensable. Planter plus d’arbres dans les villes, construire des digues, redécouvrir des variétés anciennes de cultures agricoles plus résistantes : plein de solutions sont encore possibles. Tout retard dans le changement des mentalités aura des conséquences désastreuses.