10/09/2020

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Veolia, leader mondial français de la transformation écologique : à quel prix ?

A l’ère de la transition écologique et solidaire, les entreprises sont confrontées à un véritable casse-tête : trouver un chemin de crête entre la préservation des intérêts écologiques et les contraintes économiques exacerbées par la montée de la concurrence mondiale. La course à la taille apparaît comme une solution à cette équation difficile. C’est dans ce contexte que le PDG de Veolia, Antoine Frérot, a annoncé le projet de Veolia de racheter son concurrent historique, Suez, pour créer le leader mondial français de la transformation écologique.

A l’ère de la transition écologique et solidaire, les entreprises sont confrontées à un véritable casse-tête : trouver un chemin de crête entre la préservation des intérêts écologiques et les contraintes économiques exacerbées par la montée de la concurrence mondiale. La course à la taille apparaît comme une solution à cette équation difficile. C’est dans ce contexte que le PDG de Veolia, Antoine Frérot, a annoncé le projet de Veolia de racheter son concurrent historique, Suez, pour créer le leader mondial français de la transformation écologique.

Dimanche 30 août 2020, Veolia a remis à Engie, l’actionnaire principal de Suez, une offre ferme de rachat de 29,9% de ses actions de Suez, soit la quasi-totalité de sa participation (32%), pour un montant de 2,9 milliards d’euros. Le pourcentage de titres ainsi sollicité permet de se soustraire aux contraintes liées au seuil fatidique de 30% obligeant de lancer une offre publique d’achat (OPA) obligatoire (article 243-1 du Règlement Général de l’AMF). Cette offre au prix de 15,50 euros par action de Suez, représentant une prime de 50 % sur le cours de clôture de Suez du 30 juillet 2020 (mais pas très éloignée du cours actuel) est valable jusqu’au 30 septembre 2020. Cette première prise de participation permettra dans un second temps à Veolia de lancer une OPA volontaire sur le restant du capital de Suez pour un montant de près de 7 milliards d’euros.

Cette annonce fait écho aux déclarations d’Engie, au courant de l’été, concernant sa volonté de recentrer son activité et accélérer sa croissance dans les renouvelables et les infrastructures en étudiant « l’opportunité de cessions d’actifs non stratégiques et de participations minoritaires pour dégager des marges de manœuvre financières supplémentaires ».

Du côté de Suez, cette nouvelle a été accueillie avec un enthousiasme plus que mitigé, comme en témoigne le rejet à l’unanimité de l’offre par le conseil d’administration de Suez (les représentants d’Engie étant absents) au motif qu’elle « génère des préoccupations sur l’avenir des activités de traitement et de distribution de l’eau en France et sur l’emploi au regard du montant des synergies espérées. La stratégie proposée engendrerait des disynergies et des pertes d’opportunité en France et à l’international ». Selon Les Echos, Bertrand Camus, le directeur général de Suez, a fait savoir à ses salariés que l’offre de rachat de Veolia est « particulièrement hostile » et que « l’opération imaginée présente des risques majeurs et des incertitudes fortes en particulier sur nos équipes, nos emplois, l’avenir de nos activités Eau en France, et pour l’urgence écologique si la saine concurrence, source d’innovation, et l’émulation créative devaient disparaître ».

Engie, pour sa part, reste, à ce stade, relativement discret et a seulement « confirmé avoir reçu le 30 août, à l’initiative de Veolia, une proposition d’achat d’une partie de sa participation dans Suez. Engie va étudier cette proposition dans les prochaines semaines ». Pour Engie, le sujet se place plus sur le terrain de la valorisation.

Veolia réfléchit à ce rapprochement depuis un certain temps et a étudié en amont les problématiques externes pouvant être un frein à la réalisation de cette opération telle que, principalement, la problématique concurrentielle. Pour passer sous les fourches caudines des autorités de la concurrence, Veolia a indiqué avoir d’ores et déjà trouvé un acquéreur de l’ensemble des activités Eau France de Suez, ainsi que les équipes d’ingénierie et de R&D liées à ce pôle : l’entreprise française de gestion d’infrastructures Meridiam

Sur les conséquences de ce rapprochement, Veolia a assuré que l’opération serait réalisée sans effet négatif sur l’emploi en France. L’opération donnerait naissance à un groupe de plus de 260.000 salariés répartis sur les cinq continents. « L’Etat sera vigilant aux engagements que prendra Veolia en termes de maintien de l’emploi en France, et de conservation des actifs stratégiques pour la France », a fait par ailleurs savoir le ministre de l’Economie et des Finances, Bruno Le Maire. 

Entre l’aspect monopolistique de cette annonce et la possibilité pour certains emplois de se voir mis en péril, Véolia doit aussi être irréprochable sur les aspects sociaux et sociétaux pour ne pas décrédibiliser un projet environnemental d’envergure comme celui-ci.

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