Depuis 2015 Goodeed collecte des fonds pour les ONG en utilisant les revenus publicitaires générés sur Internet et mobile. Une solution révolutionnaire pour engager les marques et entreprises dans leur transition vers des investissements publicitaires responsables, et la preuve que la pub éthique, c’est possible. Dans un contexte de début d’année tendu où les débats sur la transformation de la pub et l’urgence solidaire se multiplient, la start-up fait le point via un panorama chiffré des attentes consommateurs à ce sujet. Pour en parler, on rencontre Vincent Touboul Flachaire, CEO et fondateur de Goodeed.
The Good : En tant que première formule de publicité solidaire, Goodeed offre une nouvelle forme d’expression d’engagement pour les marques qui n’avait jusque-là jamais existé. Pouvez-vous nous en dire plus sur les obstacles que vous avez rencontrés dans l’élaboration d’une telle solution ?
Vincent Touboul Flachaire : A nos débuts en 2014, la publicité solidaire était encore méconnue. Il y a 6 ans, les annonceurs faisaient le choix de faire de la publicité en ayant des objectifs business où la performance et le ROI étaient les maîtres du jeu. Depuis, le monde a bien changé et celui de la publicité aussi.
Les attentes des consommateurs ont évolué et la tendance démontre un retour vers des consommations plus responsables. Le rôle des marques s’adapte à ces changements et celles-ci se rendent compte de la nécessité absolue de devenir plus responsables, à travers toutes leurs actions, notamment la communication.
The Good : Quels objectifs formulez-vous pour 2021 et les années à venir ?
V. T-F. : Cette année, nous avons collecté plus d’un 1,3 million d’euros pour les associations, ce sont bientôt 3 millions d’euros qui ont été collectés grâce à Goodeed et la publicité solidaire. En 2021, notre ambition reste la même : être une source de collecte de dons significative pour que les associations puissent se concentrer sur leurs missions. Et pour aller plus loin, nous avons la forte conviction de renforcer nos actions pour être acteur du changement en mobilisant les acteurs publicitaires et en sensibilisant les citoyens pour faire évoluer le secteur publicitaire vers plus de solidarité et de responsabilité.
Plus de 170 marques se sont engagées aux côtés de Goodeed à travers leurs budgets médias pour soutenir les projets de nos associations partenaires. Nous avons lancer de nouvelles offres avec six régies cette année (Dailymotion, TF1 PUB, Sublime, Adways, ExterionMedia, In-Store Media) pour étendre notre modèle de publicité solidaire, et nous sommes ravis d’avancer ensemble avec un objectif commun : faire de la publicité un levier d’engagement solidaire.
The Good : En 2020, l’arrivée de la Covid-19 a fait prendre beaucoup d’ampleur au mot solidarité, avec des initiatives sur tous les fronts. Pourtant, le don moyen des Français en 2020 par rapport à l’an passé a baissé. Quid du côté B2B ? Avez-vous pu constater chez Goodeed une évolution de l’engagement des marques et entreprises côté pub solidaire ?
V. T-F. : C’est là que notre mission prend tout son sens. Le marché publicitaire a été fortement impacté cette année mais la crise du Covid-19 montre que la solidarité et la générosité sont indispensables dans notre société. Il y a eu de véritables prises de conscience de la part des entreprises qui ont dû s’adapter dans ce contexte particulier en revoyant leurs communications. Avec notre formule de publicité solidaire, nous avons permis aux marques d’agir en soutenant des projets porteurs de sens. C’est indéniable, l’engagement des marques s’est fortement renforcé cette année. Les sujets d’engagement ne sont désormais plus uniquement portés par les départements RSE mais s’étendent aujourd’hui à la communication et au marketing. Maintenant, il est important d’être tous moteurs pour que ces changements ne soient pas conjoncturels mais révèlent une tendance de fond à long-terme.
The Good : Quels sont les enseignements clés que vous tirez de ce Panorama de la publicité ?
V. T-F. : Avec ce Panorama de la publicité, nous avons souhaité faire un état des lieux de la publicité aujourd’hui afin d’avoir une vision globale en faisant apparaître les attentes des consommateurs, les tendances de consommation, le rôle des marques et leur questionnement. Nous tirons plusieurs enseignements avec premièrement des consommateurs qui attendent considérablement plus d’engagement des entreprises. Puis nous observons que les marques cherchent à répondre à ces nouvelles attentes en entamant de véritables réflexions autour de leurs communications futures tout en redéfinissant leurs raisons d’être. Les enjeux environnementaux et la pandémie mondiale nous rappellent qu’il est urgent d’agir ensemble. Quand on sait que la publicité façonne les consommations et influence les comportements il nous paraît essentiel que la publicité soit aujourd’hui et demain plus responsable et solidaire.
The Good : Votre avis sur la loi Evin Climat ?
V. T-F. : Tous les secteurs entament une lente transition écologique et sociale. Le rôle de la publicité dans la course à la consommation et la production ne fait aucun doute. Dans un monde où nous nous rendons compte des limites de notre système face à nos contraintes écologiques et sociales, il est du devoir des politiques de se pencher sur la régulation de la publicité.
En tant qu’acteur du changement, nous sommes donc contents de voir des mouvements qui vont dans le bon sens pour notre planète. La réflexion est néanmoins complexe, tenant compte de la période et des contraintes économiques des entreprises du secteur. Il faut que les acteurs privés soient moteurs de ces changements et tirent leur épingle du jeu dans ces nouvelles configurations, plus responsables.